Le développement d’Internet a créé un nouveau marché dans l’univers de l’occasion. Ce dernier était composé de réseaux distincts que le numérique a fédérés, brouillant ainsi les codes et usages en vigueur.
Le marché de l’occasion sur Internet est à l’image de la consommation des Français. Il évolue. S’il y a quelques années, les chineurs en tout genre arpentaient pendant des heures les vide-greniers et autres dépôts-ventes, ils profitent désormais des bonnes affaires sur le Web. Ainsi, 44 % des Français ont déjà acheté des biens de seconde main sur la Toile en 2016, contre 27 % en 2007, d’après le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc).
Que les adeptes de l’occasion achètent ou vendent physiquement ou virtuellement, leurs motivations premières restent les mêmes : faire des économies, chasser les bons plans, gagner un peu d’argent ou briguer des pièces rares. Par ailleurs, le numérique a contribué à brouiller la frontière entre le statut de vendeur et celui d’acheteur comme le relève le Crédoc : « En développant le rapport “customer to customer” (C to C), directement entre particuliers, le secteur de l’occasion sur Internet a introduit une horizontalité des transactions. Elle succède à la logique traditionnelle du B to C (“business to customer”). Les particuliers sont à la fois acheteurs et vendeurs. Le site Internet n’étant qu’un intermédiaire rendant possible cet échange. »
De même, les antiquités, les objets de seconde main ou les articles de collections constituaient encore, il y a quelques années, des marchés bien distincts. Là aussi, l’avènement du numérique a bousculé les habitudes, fédérant tous ces secteurs en un seul.
Un phénomène bien compris et exploité par les entreprises gérantes des plateformes entièrement dédiées au C to C en ligne. Elles parient sur la mise en relation directe et gratuite des particuliers entre eux. Avec 28 millions de visiteurs uniques par mois et un chiffre d’affaires 2018 avoisinant les 307 millions d’euros, Leboncoin est incontestablement le leader du marché d’occasion virtuel. Matthieu Simon, chargé d’études économiques au sein de l’institut Xerfi, explique : « Le succès de ce site a largement soutenu la croissance du marché de l’occasion depuis sa création en 2006. Les objets de seconde main constituent 80 % de son offre. »
Plus spécialisées dans certains segments, des plateformes émergent et contribuent à la dynamisation du secteur de l’occasion, comme Back Market dans le reconditionnement de téléphones, Selency dans l’ameublement ou Vinted dans la mode.
Ces sociétés n’œuvrant que sur Internet grignotent peu à peu les parts de marché au détriment des enseignes physiques. « Aujourd’hui, elles représentent presque la moitié du marché en valeur », estime Matthieu Simon. Une concurrence pour certains, un levier de croissance pour d’autres. Emmaüs par exemple, a lancé fin 2016 Label Emmaüs, la première ”place de marché solidaire” en France pour étendre son audience.
Sans compter l’arrivée récente du géant Facebook dans l’univers de la seconde main. Avec son nouveau site de petites annonces baptisé Marketplace et ses 35 millions d’utilisateurs en France, il pourrait bien venir détrôner le leader Leboncoin et faire encore bouger les lignes.
D’ici 2022, le marché sera particulièrement soutenu par la mode et les téléphones mobiles d’occasion, tandis que ce sont les plateformes d’annonces généralistes qui tireront leur épingle du jeu », prévoit Matthieu Simon.
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