Tous les parents se demandent comment aborder des sujets graves avec leurs enfants. S’il faut tout leur dire. Et quelles sont les erreurs à ne pas commettre. Les réponses de Violaine Riefolo, psychopraticienne spécialisée dans la relation parent-enfant.
JT : Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ?
Violaine Riefolo : Oui. Il n’y a aucun sujet à éviter, à partir du moment où c’est l’enfant qui l’aborde. Qu’il s’agisse de sexualité, de mort, de maladie, de harcèlement ou de fin du monde… il ne faut pas forcément devancer ses questions, mais toujours y répondre quand il les pose. Sans se dérober avec des pirouettes comme « ce n’est pas de ton âge », « ce n’est rien » ou « de quoi tu te mêles ». Ce sont des expressions qui permettent aux parents de se protéger. Mais elles risquent de plonger l’enfant dans l’incompréhension. Curieux par nature, il s’interrogera d’autant plus qu’on ne lui dira rien. Et son imaginaire est souvent bien plus effrayant que la réalité…
Quelle est la marche à suivre ?
Certains sujets compliqués méritent d’être bien préparés. Il est judicieux d’aller chercher des informations à l’avance. Il existe pour cela de nombreux ouvrages destinés aux parents. Puis, il s’agira d’explorer ce que l’enfant a en lui, de savoir où il situe, dans sa carte du monde personnelle, le sujet en question. Et de lui demander ce qu’il sait dessus, ce qu’il en a entendu à l’école ou lu dans des livres, quelle idée il s’en fait… Ensuite alors, on pourra combler les trous, éclairer les zones d’ombre. Une telle démarche est nécessaire lorsque l’enfant est confronté malgré lui à des informations choquantes. Prenez l’épidémie de Covid-19, qui concerne l’ensemble de la société et dont les médias diffusent sans cesse des décomptes anxiogènes… et bien, cela vaut le coup de questionner son enfant “pour savoir ce qu’il y a dans sa valise”.
Quels sont les mots à employer ?
Il faut bien les choisir en fonction de la sensibilité du thème et bien sûr de l’âge de l’enfant. L’important est d’y aller graduellement, en fonction de sa demande, en se laissant guider par lui. Et si ses réactions font penser que l’on est allé trop vite, alors, mieux vaut ajuster son discours et attendre un peu avant de donner davantage d’informations. Il est préférable de ne pas abuser de métaphores. Par exemple, si l’on dit d’une personne décédée qu’elle est partie pour un long voyage ou qu’elle s’est endormie, l’enfant pourrait penser que s’il s’endort il ne se réveillera pas. La pédiatre et psychanalyste Françoise Dolto conseillait plutôt de dire « elle est morte parce qu’elle a cessé de vivre ». D’exprimer des idées simples avec des mots concrets. Enfin, s’il faut toujours réconforter un enfant qui a peur, il ne faut pas non plus vouloir le rassurer à tout prix. Car il a besoin de se muscler pour faire face à ses émotions, d’être suffisamment outillé pour traverser la vie.
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