La création et l’imagination sont les principales qualités des artistes. Et cela tombe à point nommé dans une nouvelle ère où l’enjeu principal du milieu culturel est sa réinvention. Afin de pallier la fermeture administrative de nombreux lieux de diffusion, une multitude d’idées émergent… pour que la culture reste accessible. Des plus lumineuses au plus insolites. Jugez plutôt…
À défaut de pouvoir se réunir pour assurer leurs concerts, ou même pour répéter, les musiciens se sont largement tournés vers le numérique pour diffuser leur art et soutenir le milieu culturel. C’est le cas de l’orchestre du Théâtre national serbe, sous la baguette du chef italien Andrea Solinas. Chaque instrumentiste s’est filmé, chez lui, en train de jouer sa partition de “Bella Ciao”, et l’a ensuite envoyé au chef d’orchestre. Ce dernier a monté toutes les prestations, les a parfaitement synchronisées, et mis en ligne. La vidéo est devenue virale en quelques heures, à travers le monde. Car même virtuelle, la performance est émouvante.
Comment permettre à des teuffeurs en mal de rave parties de renouer avec leur musique favorite et à des Dj’s en manque de pratique de tâter de la platine ? À Berlin, le collectif Fhainest a trouvé la solution. Aménager un “party bus” dans lequel des artistes techno mixent, suivi de cyclistes venus écouter le set. Ce nouveau concept de “Rave and ride” a fait des émules puisque la pratique s’est développée en Angleterre et même en France, à Strasbourg plus précisément. Des déambulations pas toujours autorisées par les autorités… Histoire de garder l’esprit des rave parties sauvages.
Se rendre à un concert en respectant les gestes barrière reste difficile, mais certains ont trouvé la parade. Ils ont organisé des événements auxquels les spectateurs peuvent assister depuis leur voiture. Inspirés des cinémas drive-in, à la mode dans les années 1950, les concerts drive-in commencent à se multiplier partout en Europe. Le chanteur de pop danois Mads Langer s’est notamment produit, à guichet fermé, au beau milieu d’un champ à Aarhus, au Nord du Danemark, devant un parterre de 500 véhicules. Et l’idée est adaptable à d’autres formes de représentations culturelles, comme en témoignent les expériences théâtrales du Bateau Feu à Dunkerque.
Désormais totalement démocratisées, les visites virtuelles ont été largement utilisées par les musées du monde entier pour permettre aux œuvres exposées d’être vues. Mais saviez-vous que, pour exploiter au mieux cette nouvelle opportunité de diffusion qui s’offre au monde muséal, certains ont poussé le concept à son paroxysme. Le conservateur Lee Cavaliere, et l’artiste Stuart Semple, tous deux britanniques, ont créé, en septembre 2020, le premier musée d’art virtuel en ligne au monde. Baptisé le Voma, ce lieu d’un autre genre a été imaginé sur une modélisation 3D interactive qui redessine un bâtiment entier et ses jardins. À l’intérieur, des expositions totalement virtuelles présentant des œuvres issues des musées du monde entier. Celles du musée d’Orsay, du Whitney Museum of American Art, du Museum of Modern Art de New York et de l’Art Institute de Chicago sont les premières à faire leur entrée dans cette nouvelle enceinte digitale.
Privés de scènes, de nombreux artistes en ont profité pour offrir à leurs voisins des concerts gratuits, depuis leur balcon. C’est le cas de la violoncelliste uruguayenne Karina Nuñez. Installée au Panama durant le confinement, elle a décidé de sortir sur son balcon, tous les jours à 17h, pour donner un mini-concert, retransmis sur les réseaux sociaux. En Israël, c’est la saxophoniste Yarden Klayman, qui a investi le toit d’un immeuble pour un concert en plein air, que les voisins ont découvert avec ravissement.
Même si les street artistes ont l’habitude de travailler seuls et à couvert, les différents confinements les ont également contraints à stopper leur production à l’air libre. Cependant, certains ont continué à produire et ont trouvé le moyen de diffuser leurs réalisations. À l’image de Rafamon, une artiste brésilienne qui a projeté son travail sur un mur de la ville de Rio, situé en face de chez elle. Ainsi, comme si elle avait été faite sur place, son œuvre est visible de la rue par les passants.
Voir cette publication sur Instagram
Les plus petits aussi ont droit d’accéder à la culture. Et pour eux, cela se traduit souvent par des histoires. Aux États-Unis, les stars d’Hollywood se sont d’ailleurs mobilisées pendant le confinement pour leur apporter cet intermède culturel en enregistrant des vidéos sur lesquelles ils lisent leurs livres pour enfants favoris. Lancée par les actrices Jennifer Garner et Amy Adams, la page Instagram @SaveWithStories regroupe de nombreuses publications où leurs comparses Liv Tyler, Drew Barrymore ou Kate Winslet, entre autres, narrent les plus grands contes classiques comme “Le Petit chaperon rouge” et “Boucle d’or et les trois ours”, mais aussi des histoires plus confidentielles issues de leur collection.
On connaissait les visites virtuelles diffusées par la plupart des musées, mais celle de la galerie Hastings Contemporary, située à Hastings, au Sud de l’Angleterre, est un peu plus originale. En effet, elle offre la possibilité aux internautes de déambuler parmi les œuvres présentées, à l’aide d’un robot de télé-présence à roulettes télécommandé. Piloté par le conservateur et capable de réunir plusieurs personnes en visioconférence, il permet de faire la visite de la galerie, spécialisée dans l’art contemporain, en temps réel. C’est grâce à un partenariat avec le Bristol Robotics Lab que cet outil de visite à distance a pu être conçu. Il était d’abord destiné aux personnes handicapées ou âgées ne pouvant pas se rendre sur place, mais le confinement, durant lequel il a été éprouvé, a précipité sa mise en place.
Commentaires