Engagés dans une démarche zéro déchet, Delphine Russeil et Ludovic Olivo chassent petit à petit le superflu de leur quotidien. Une révolution verte qui amène ce couple de Toulousains à fabriquer ses propres produits d’entretien et cosmétiques.
®Franck AlixIls ont dit adieu à M. Propre, Ajax, Ariel et à tout ce qui promet de laver plus blanc que blanc ou d’éliminer toutes les traces, même les plus tenaces. Pour autant, Delphine Russeil et Ludovic Olivo n’ont pas renoncé à l’hygiène. Comme de plus en plus de ménages, ce couple de Toulousains s’est lancé dans la fabrication maison d’un maximum de produits d’entretien et de cosmétiques. Une conversion naturelle pour ces adeptes du Do It Yourself. « Déjà, étudiante, mes copines se fichaient de moi parce que je faisais mes confitures. Et depuis que nous sommes ensemble, nous avons toujours eu un penchant pour la récup’, la restauration de meubles et le recyclage », confie la jeune femme. Dans leur maison située dans le quartier Fontaine-Lestang, les palettes transformées en étagères aux murs du salon ou en carré potager dans le jardin, comme l’atelier improvisé de réparation de vélos dans le garage, témoignent de ce goût pour la seconde vie.
« Ce sont toujours les mêmes ingrédients principaux et l’on peut tout faire avec »
C’est à la naissance de leur fils, il y a trois ans et demi, que la démarche s’est accentuée. « Quand un enfant arrive, on pollue forcément plus et l’on se pose plein de questions. Nous n’avons pas passé le cap des couches lavables, mais depuis environ un an, nous avons décidé d’aller vers le zéro déchet. Nous en sommes encore loin, mais cela a drastiquement augmenté le besoin de tout faire nous-mêmes », raconte Delphine Russeil. La première étape consiste donc à éliminer les bidons industriels et autres pistolets nettoyants monotâches. Dans la cuisine familiale, les placards dédiés aux produits de ménage ne renferment désormais plus que quatre ou cinq fondamentaux, achetés dans des magasins de vrac ou en gros contenants en parapharmacie : bicarbonate de soude, acide citrique, savon noir, vinaigre blanc… « Finalement, c’est la partie la plus facile. Ce sont toujours les mêmes ingrédients principaux qui reviennent et l’on peut tout faire avec. » Que ce soit pour laver le sol, les fenêtres, les habits ou la vaisselle, le couple déniche des recettes sur Internet, dans des livres ou via le bouche-à-oreille.
Dans la salle de bain aussi, la chasse à la consommation superflue et aux molécules potentiellement toxiques est ouverte. Savon, démaquillant, déodorant, dentifrice en poudre ou encore sérum nourrissant pour les cheveux sont faits maison. Le shampoing solide suivra bientôt, histoire de se débarrasser de l’emballage de celui qui est acheté jusqu’à présent. Toutes ces potions sont désormais installées pour de bon dans le quotidien de la famille. « Il peut toujours y avoir des erreurs et des tâtonnements. Nous ne nous mettons aucune pression si cela ne marche pas. Par exemple, il se trouve que j’ai les dents un peu trop sensibles pour le dentifrice en poudre. Mais de manière générale, c’est surprenant de constater à quel point on obtient des résultats efficaces en se passant de toutes ces substances que l’on pensait indispensables », souligne Delphine Russeil.
« C’est un mode de vie »
En la matière, les habitudes sont en effet tenaces. Les témoignages de familles ayant coupé court à l’expérience du fait maison en raison de l’absence de l’odeur familière du linge propre ne sont pas rares. Pour certaines, qui hésitent à se lancer, c’est plus le manque de temps qui freine les ardeurs. Une question d’organisation, assure celle qui se décrit volontiers comme hyperactive : « Pour les produits d’entretien, nous n’y passons qu’une demi-heure le week-end et nous en avons pour plusieurs mois. En fait, toutes les recettes sont très rapides, mais quand on les cumule, c’est vrai qu’il faut faire des choix, c’est un mode de vie. » Au sein du foyer, même les films plastiques étirables ont ainsi été remplacés par un procédé à base de cire d’abeille.
Et contrairement à l’adage, dans ce cas précis, le temps, c’est des économies. Le calcul a été fait pour les pastilles de lave-vaisselle : les élaborer coûte cinq fois moins cher que de les acheter. Mais si les deux trentenaires poussent la logique aussi loin, c’est surtout qu’ils en retirent du plaisir. Chercher toujours de nouvelles mixtures, utiliser ses mains pour fabriquer des choses concrètes… Autant de pratiques gratifiantes. Comme un contrepoids à leurs « boulots nomades et connectés ». Lui est webmaster, elle travaille dans une maison d’édition. Cette quête de sens, ils veulent évidemment la transmettre à leur fils. Ce dernier est régulièrement mis à contribution pour prendre part aux petits ateliers de chimie sur la grande table en bois du salon. « Cela participe à son éducation. Moins consommer, réapprendre à faire… Ces questions seront encore plus centrales pour sa génération. »
Commentaires