Des fleurs connectées pour étudier le comportement des abeilles. Ce dispositif muni d’une pompe à nectar et d’une micro caméra permet aux scientifiques d’observer leurs habitudes de butinage, mais aussi la répartition et l’évolution de leur population.
© Mathieu LihoreauDes fleurs artificielles connectées. L’idée semble tout droit sortie d’un inquiétant récit de science-fiction dans lequel la technologie aurait pris le pas sur la nature. Et pourtant, ces petits distributeurs automatiques de pollen et de nectar pour abeilles butineuses pourraient, au contraire, favoriser la préservation de la biodiversité. Non pas en remplaçant les indispensables trèfles, lavandes et coquelicots, mais en apportant de précieuses informations sur le fonctionnement et la répartition des populations d’abeilles.
« Leurs capacités à résoudre des tâches complexes pour s’orienter, communiquer ou élaborer des circuits rationalisés de butinage en font un sujet d’observation particulièrement intéressant. Ces quatre premières fleurs connectées nous permettent de poursuivre dans leur milieu naturel, les recherches que nous menons en laboratoire », explique Mathieu Lihoreau, éthologue au Centre de recherche sur la cognition animale du Centre national de recherches scientifiques, à l’origine du projet.
Comment ces insectes pollinisateurs identifient-ils les fleurs ? Quelle quantité de pollen et de nectar collectent-ils et à quelle fréquence ? Autant de questions auxquelles les données enregistrées par ce dispositif, développé en partenariat avec des lycéens de Granville en Normandie et cofinancé par la start-up toulousaine Beeguard, permettront de répondre. « L’appareil se compose d’une plateforme sur laquelle les abeilles viennent se poser et de petites pompes qui distribuent du pollen et du nectar de synthèse. Une camera connectée en wifi rend possible l’identification des individus que nous suivons », détaille le spécialiste du comportement animal.
En plus de recueillir des informations sur les capacités d’apprentissage ou de mémorisation de ces insectes, ces fleurs connectées pourraient également fournir, en les multipliant sur le territoire, des données sur la répartition et l’évolution des populations. Un déploiement qui permettrait d’évaluer et de mieux maîtriser l’impact des facteurs de stress qui conduisent au déclin des colonies : pollution, manque de diversité des cultures environnantes ou présence de nouveaux prédateurs.
Nicolas Belaubre
Nicolas Belaubre a fait ses premiers pas de journaliste comme critique de spectacle vivant avant d’écrire, pendant huit ans, dans la rubrique culture du magazine institutionnel ‘’à Toulouse’’. En 2016, il fait le choix de quitter la communication pour se tourner vers la presse. Après avoir été pigiste pour divers titres, il intègre l’équipe du Journal Toulousain, alors hebdomadaire de solution.
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