Association qui œuvre pour la mise en place effective de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, le Laboratoire de l’Égalité propose des solutions concrètes à destination des familles monoparentales. Olga Trostiansky, sa présidente-fondatrice, les détaille.
©Jean-Charles TilletEn quoi la monoparentalité est-elle une question d’égalité ?
Derrière ce vocable technique se cache une réalité sexuée très concrète : les familles concernées sont à 85 % des femmes qui élèvent seules presque 3 millions d’enfants. Donc il s’agit d’une situation qui aggrave les inégalités rencontrées d’ordinaire par l’ensemble des femmes en matière de formation, de recrutement, de contrat de travail, d’emploi du temps, de salaires, de modes de garde ou de retraite… Le Laboratoire de l’Égalité s’est penché sur le sujet afin que les familles monoparentales, et en particulier les mères seules, soient placées au cœur des politiques publiques, et que celles-ci soient consacrées, en priorité, à la fin de leur isolement, à leur accès à un emploi stable et à la garantie de conditions de vie décentes, pour elles et leurs enfants.
Y a-t-il des disparités parmi ces mères seules ?
La monoparentalité concerne toutes les catégories sociales et tous les territoires, qu’ils soient urbains ou ruraux. Effectivement, certaines femmes cheffes de familles isolées appartiennent à des classes aisées ou moyennes, avec des problématiques forcément moins prononcées, mais le point commun entre tous les cas de figure, est le sentiment de solitude.
Quelles solutions préconise le Laboratoire de l’Égalité ?
Depuis 10 ans, il existe une véritable prise de conscience sur le sujet. Pourtant, dans l’accompagnement dont bénéficient les femmes, il manque encore un volet psychologique. Celui-ci doit se généraliser afin qu’elles puissent prendre en charge leur destinée professionnelle. Des méthodes de développement personnel pourraient notamment être mises à disposition pour déconstruire l’intériorisation des discriminations. De même, la formation des agents qui travaillent avec ces mères éloignées de l’emploi à leur spécificité doit permettre de les sensibiliser à la nécessité de les orienter vers des métiers valorisants et pérennes.
Y a-t-il des pistes pour s’attaquer au lien inévitable entre monoparentalité et précarité ?
La réduction de la précarité des emplois occupés par ces femmes peut par exemple passer par la majoration des rémunérations d’horaires matinaux ou tardifs, et la mise en place d’aides pour trouver un travail complémentaire dans le même secteur géographique, en accompagnant les femmes dans la mobilité. Nous préconisons également l’amélioration de l’accès aux prestations sociales, par des versements immédiats et non rétroactifs en fonction des déclarations fiscales, et l’attribution d’une allocation de soutien familial différentielle pour compenser les pensions alimentaires fixées en dessous de l’allocation en question.
Des avancées vont-elles voir le jour prochainement ?
Une réflexion est menée dans le cadre de la réforme des retraites en cours pour réduire l’écart entre les hommes et les femmes en termes de pensions, aujourd’hui estimé à 42 %. Le projet de loi prévoit de modifier le système de majoration accordée à partir du troisième enfant, et qui désavantageait donc les familles monoparentales. À l’avenir, une mère seule pourra en bénéficier dès le premier enfant. De même, nous observons à l’occasion des élections municipales beaucoup de propositions spécifiques à destination des parents isolés comme l’instauration de chèques baby-sitter ou à-propos des affectations de places en crèche. Les choses évoluent dans le bon sens.
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