Remettre en question la société consumériste dans laquelle nous évoluons et consommer autrement, le café culturel Itinéraire Bis invite ses clients sur les chemins subversifs de l’éducation populaire.
« Nous sommes le contrepoids à un modèle capitaliste qui développe, depuis les années 1970, une production culturelle de consommation. » C’est en ces termes que Romain Jammes, cofondateur du café Itinéraire Bis, présente son projet. Ce dernier se positionne dans la droite ligne de la démarche d’éducation populaire en permettant à ses clients de se réapproprier des savoirs et des savoir-faire, notamment dans le domaine culturel. « Aujourd’hui, la réussite des oeuvres cinématographiques, littéraires, musicales ne se mesure qu’en termes économiques », déplore le gérant des lieux. Lui envisage la culture autrement qu’en simple produit de consommation.
Ainsi, des activités sont programmées durant lesquelles les participants deviennent acteurs et créateurs de culture, comme des ateliers d’écriture, des soirées slam ou des karaokés acoustiques… Il s’agit-là d’une éducation active à la musique. De même, le premier étage du café a été transformé en bibliothèque. Sur les étagères, les lecteurs retrouvent des ouvrages engagés, politiques, qui invitent à une réflexion sur les enjeux sociétaux actuels. Ce qui, finalement, semble logique pour Romain Jammes : « Depuis longtemps, en Europe occidentale, les cafés sont les témoins involontaires de la construction d’opinions subversives. » Itinéraire Bis les provoque même.
En effet, outre le fait de proposer des menus complets à base de produits locaux, ou des consommations à prendre au bar, l’établissement développe de nombreuses activités invitant les participants à s’interroger sur notre système sociétal : « Même si l’éducation populaire n’est pas forcément partisane, elle est souvent politique. Nous organisons donc des débats pour tenter de comprendre les enjeux du moment. » Les gérants ont notamment offert une tribune aux représentants du secteur hospitalier, aux enseignants, aux cheminots, aux travailleurs sociaux… pour expliquer les raisons des mobilisations du 5 décembre dernier.
Alors, qu’ils soient habitués, du quartier ou de passage, les clients de l’Itinéraire Bis ne reviennent jamais par hasard. Si ce n’est pour trouver des réponses, ils viennent pour interroger le monde dans lequel ils évoluent.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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