Né au tout début du premier confinement, le mouvement #Pour eux rassemble des milliers de bénévoles qui se mobilisent pour distribuer des repas et rendre visibles les sans-abris. Une vague de solidarité citoyenne qui compte bien se pérenniser.
Comment continuer à venir en aide aux sans-abris alors que tout le monde était sommé de rester chez soi et que les rues des villes se retrouvaient soudainement désertées ? Cette question, Allan Ballester, entrepreneur atypique et fondateur de la plateforme de couchsurfing Tepee, se l’est posée dès l’annonce officielle du premier confinement, le 20 mars. Trois jours plus tard, le mouvement #Poureux était lancé.
D’abord à Lyon, avant d’essaimer de manière fulgurante dans de nombreuses villes. La recette de ce succès viral ? « Un fonctionnement totalement horizontal, avec des groupes autonomes dans chaque ville, et fondé sur des outils numériques à la portée de tous qui rendent le système très facile à répliquer », résume Mélodie Cazenave, bénévole toulousaine impliquée dans l’organisation du mouvement au niveau national.
Le principe est en effet enfantin. D’un côté, une équipe de « cuistots » prépare des repas qu’elle propose via un formulaire. De l’autre, les « riders », des cyclistes eux aussi bénévoles, viennent récupérer ces petits plats pour ensuite les distribuer aux sans-abris qu’ils se chargent de repérer. « Chacun s’implique comme il le peut, quand il le veut et aussi longtemps qu’il le souhaite », explique Mélodie Cazenave.
Une flexibilité qui séduit des milliers de citoyens confinés disposant d’un temps libre inhabituel et sentant le besoin de se rendre utile. « Proposer un repas chaud, fait maison, ce n’est pas grand chose mais c’est un peu d’amour qui se transmet. Souvent, les cuistots glissent aussi des bouquins ou des habits dans les paniers », poursuit celle qui, au quotidien, travaille dans le marketing et la gestion de projet.
Car au delà de l’aide matérielle en situation d’urgence, l’initiative vise aussi à créer du lien social et à « rendre visible les invisibles ». Elle est donc vouée à s’inscrire dans la durée, sans toutefois se substituer au travail des associations qui œuvrent tout au long de l’année. Malgré une baisse de régime à la fin du premier confinement, chaque groupe a repris de plus belle les distributions de repas pendant ce deuxième épisode. De nouvelles villes en France se sont également mobilisées.
Au total, le nombre de plats ainsi livrés avoisinerait les 100 000 depuis les premiers coups de pédale du mouvement. Et c’est loin d’être fini. « Chaque communauté pérennise son action d’une manière ou d’une autre. Certaines ont par exemple mis en place des cantines solidaires. À Lyon, la plateforme « Pour régaler » a même été lancée afin de recenser les besoins des sans-abris : tentes, chaussures, vêtements, chiens… », révèle la bénévole toulousaine. Collaboratif et dépourvu de gouvernance, le mouvement prendra donc la forme que ses membres continueront à lui donner.
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