L’été, les heures s’étirent et c’est le temps de toutes les expériences, du bricolage, de la création… Pourquoi ne pas en profiter pour se livrer à une tendance qui séduit de plus en plus de ménages : la fabrication maison de produits d’entretien et de cosmétiques. Ils sont assurément plus sains et écologiques, et généralement plus économiques. L’activité peut aussi s’avérer ludique, voire gratifiante. Le JT a enfilé sa blouse et consulté les grimoires en quête des formules basiques de la propreté.
Conservateurs irritants, perturbateurs endocriniens, actifs toxiques… Les études inquiétantes se multiplient sur la composition des produits d’entretien et des cosmétiques industriels. Dans ce dernier domaine, l’association de consommateurs UFC Que choisir recense sur son site ceux renfermant un ou plusieurs ingrédients indésirables. La page qui leur est dédiée compte à ce jour plus de 180 000 références, dont les risques pour la santé sont signalés par des codes couleur. « Cette liste est amenée à évoluer, car les fabricants sont susceptibles de reformuler leurs produits ou de les retirer des rayons pour en mettre d’autres sur le marché », prévient l’association. Ammonium Lauryl Sulfate, Methylchloroisothiazolinone ou potassium propylparaben… l’UFC publie également une carte-repère donnant les noms des molécules les plus à risque.
« On ne connaît pas la valeur de toxicité de plus de la moitié des substances étudiées »
Du côté des nettoyants ménagers, ce sont les composés organiques volatils (COV) qui posent problème, de fines poussières possiblement cancérigènes, comme l’acétaldéhyde, ou le formaldéhyde. Une enquête de l’Agence nationale de l’environnement (Ademe) parue en avril, déplore un manque d’informations sur la composition des produits : « Les indications sont parcellaires, regroupées sous des termes génériques, insuffisantes pour déterminer quelles seront, à l’usage, les émissions volatiles », constate Isabelle Augeven-Bour, ingénieure au service qualité de l’air de l’Ademe qui ajoute qu’« on ne connaît pas la valeur de toxicité de plus de la moitié des substances présentes ».
L’étude montre au contraire que les produits faits maison dégagent jusqu’à cinq fois moins de COV, notamment parce qu’ils contiennent peu d’ingrédients, eux-mêmes peu risqués : bicarbonate de sodium, cristaux de soude, vinaigre blanc, terre de Sommière ou savon noir. L’agence préconise toutefois de limiter la quantité d’huiles essentielles. « Certaines recettes en ligne en prescrivent 40 gouttes par litre, ce qui représente beaucoup de composés volatils », prévient Isabelle Augeven-Bour.
« Le DIY est un fait social qui touche tout le monde »
C’est bien sur Internet et les réseaux sociaux que blogs, tutorats et forums livrent la plupart des informations nécessaires. Certains sites commercialisent des ateliers, des formations ou des ingrédients naturels de base, comme, par exemple, la plateforme Aroma-Zone et ses 1 700 références. « C’est devenu un business comme un autre. Au final, il n’y a souvent plus que l’illusion du faire soi-même », déplore Ronan Chastellier, sociologue et maître de conférences à l’institut d’études politiques de Paris. Il assiste à une explosion du Do It Yourself (DIY), depuis une demi-douzaine d’années, « un fait social, qui touche tout le monde, avec des différences selon les tranches d’âge. À l’adolescence, on recherche l’aspect ludique, en grandissant, il faut que la création soit aussi utile, et quand on vieillit, on veut retrouver des choses d’antan, on fabrique de la nostalgie » détaille le sociologue, qui précise que lorsqu’il est à l’œuvre, l’autodidacte perçoit des sensations de gratification intellectuelle, morale et physique. Même lorsqu’il fait du dentifrice. © Le Journal Toulousain
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