Le 31 octobre 2014, à Copenhague, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) adoptait la synthèse de son cinquième rapport d’évaluation. Augmentation des températures, hausse du niveau des mers, impact sur la biodiversité… Quels sont les différents scénarios qu’ont envisagés les scientifiques ?
Réchauffement climatique, montée du niveau des mers, adaptation des espèces animales et végétales, accroissement des risques de phénomènes météorologiques extrêmes… Le 31 octobre 2014, à Copenhague, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) adoptait le texte de synthèse qui achevait la publication de son cinquième rapport d’évaluation. Un document qui allait servir de base aux négociations climatiques pour l’Accord de Paris. Ce rapport, qui se fonde sur quatre scénarios, confirme l’impact de l’activité humaine sur son environnement et alerte sur ses conséquences. « L’influence de l’homme sur le système climatique est clairement établie et, aujourd’hui, les émissions anthropiques de gaz à effet de serre sont les plus élevées jamais observées. Les changements climatiques récents ont eu de larges répercussions sur les systèmes humains et naturels », peut-on notamment lire dès les premières lignes du ”résumé à l’intention des décideurs”. Dans les parties suivantes, les experts s’interrogent sur les risques et les conséquences probables du changement climatique. Mais quels sont les différents scénarios envisagés par cet aréopage de 2 500 scientifiques du monde entier ? Le JT a décrypté cette synthèse longue de 160 pages.
Pour mener leur étude, les experts du Giec ont défini quatre scénarios de référence, représentatifs de l’évolution potentielle des émissions et des concentrations de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, à l’horizon 2100 et au-delà. Chacune des trajectoires envisagées correspond à des niveaux de réductions des émissions de ces gaz nocifs pour l’environnement plus ou moins important.
Légende : Abscisses – Concentration croissante des émissions de GES (dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et oxyde nitreux (N2O)) exprimée en ppm eq Co2 (partie par million)
Ordonnées – années
C’est le scénario le plus optimiste. Scénario à très faibles émissions avec un point culminant avant 2050 (Pic à ~490 ppm eq-CO2), puis déclin à partir de la moitié du XXIe siècle. Pour atteindre cet objectif, il faut réduire de 40 à 70 % les émissions de GES à l’échelle mondiale avant 2050, et atteindre des émissions presque nulles, voire négatives, en 2100. L’objectif : Maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C. Ce qui n’empêcherait pas l’apparition, à l’échelle planétaire, de phénomènes météorologiques pouvant être localement graves et de grande ampleur. De nombreux écosystèmes et cultures sont fortement menacés. Ces changements peuvent impliquer des impacts sur la santé et mettre en danger la vie des personnes les plus fragiles (ouvriers travaillant en extérieur, enfants, SDF, personnes âgées, etc.). © Le Journal Toulousain
Scénario avec stabilisation à un niveau faible de concentration de GES avant 2050 (~660 eq-CO2 ), qui reste toutefois 30 % supérieure par rapport à 2012. Pour atteindre cet objectif, il faudrait réduire nos émissions de GES d’au moins 10 % d’ici 2050 et d’au moins 50 % d’ici 2100. L’objectif : Maintenir le réchauffement climatique en dessous de 3°C. Les risques de phénomènes climatiques graves et de grande ampleur deviennent élevés. Certains pouvant même atteindre une échelle planétaire. La menace qui pèse sur les écosystèmes devient élevée, grave et de grande ampleur. Certains bouleversements peuvent être irréversibles et survenir brusquement à l’échelle régionale comme en Sibérie ou en Amazonie. Beaucoup d’espèces sont incapables de trouver des conditions propices à leur survie et la plupart des arbres et des herbes sensibles au réchauffement ne peuvent plus se développer. © Le Journal Toulousain
Scénario avec stabilisation à un niveau moyen de concentration de GES avant la fin du siècle (~850 eq-CO2), mais qui reste deux fois plus importante par rapport à 2012. Le risque : les températures augmentent de 3 et 4°C. Les risques de bouleversement brutaux et irréversibles des écosystèmes, à l’échelle régionale, deviennent élevés. Beaucoup d’espèces sont incapables de trouver des conditions propices à leur survie. En plaine, les primates, certains insectes et mammifères carnivores ne peuvent pas migrer à une vitesse suffisante pour s’adapter à des changements climatiques locaux. Les phénomènes climatiques planétaires deviennent potentiellement graves et de grande ampleur. L’accès à l’eau se restreint pour les populations pauvres, qu’elles vivent en milieu rural et urbain, en raison de la raréfaction des ressources. © Le Journal Toulousain
C’est le scénario le plus pessimiste, mais également celui du statu quo. Il se base sur une trajectoire croissante au rythme actuel des émissions de GES. En 2100, la concentration de ces derniers dans l’atmosphère serait pratiquement multipliée par trois (>1370 ppm eq-CO2). Le risque : l’augmentation des températures dépasse les 4°C. Cela traduit un changement climatique global avec des probabilités d’événements météorologiques extrêmes très élevées aux conséquences graves ainsi que des risques accrus de bouleversements brutaux et irréversibles. De nombreuses espèces animales et végétales disparaissent. La plupart des mammifères carnivores et une bonne partie des mammifères à sabots fendus (cochons, moutons, chèvres, etc.) sont incapables de s’adapter au niveau local ou de se déplacer suffisamment vite pour trouver des climats propices à leur survie. Les océans sont deux fois plus acides et les mesures de protection des côtes comme l’adaptation des écosystèmes atteignent leurs limites. Les températures et d’humidité peuvent entraver les activités humaines telles que les cultures vivrières ou le travail en extérieur, ce qui met en jeu la sécurité alimentaire au niveau mondial. Enfin, dès la moitié du siècle, l’appauvrissement des ressources en eau, dans la plupart des régions subtropicales arides, met en danger la santé des personnes.
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