Qu’elles soient sauvages ou domestiques, les abeilles ont besoin de soins attentifs pour ne pas voir leurs colonies décliner. Un rucher-école, des formations régulières et des centaines d’hôtels à insectes, l’association Tourn’abeille promeut une apiculture basée sur la sauvegarde de ces infatigables butineuses.
© Tourn’abeilleLe temps est idéal. Un ciel dégagé, pas de vent et une température agréable. « Des conditions optimales pour ouvrir une ruche », selon Alain François-Brazier, le président de l’association Tourn’abeille qui propose, à Tournefeuille, des stages d’initiation à l’apiculture. Ce samedi, une douzaine de passionnés se sont donnés rendez-vous au rucher-école de la structure, à la lisière des jardins familiaux de la commune, pour un atelier sur le thème des maladies. Autour d’un café, les apiculteurs amateurs s’équipent. « On ne va jamais aux ruches sans tenue », martèle le président de l’association, en distribuant aux nouveaux venus la caractéristique combinaison blanche, reconnaissable à son voile et son large chapeau.
Une douzaine de fois par an, l’association Tourn’abeille propose des formations de deux heures pour découvrir les rudiments de l’élevage d’abeilles mellifères. « Notre mission principale est d’œuvrer à la connaissance de ces petits insectes butineurs pour en favoriser la sauvegarde. Nous accompagnons les gens qui souhaitent installer une ruche chez eux. Nous leur apprenons à les soigner et nous les informons sur la réglementation », détaille Alain François-Brazier, qui se félicite que l’association ait acquis « une vraie compétence sur les abeilles solitaires ».
« L’apiculture est un métier de calme et de patience »
Des espèces moins connues que leurs cousines productrices de miel, mais également indispensables à la pollinisation. « Il y a, en Europe, quatre espèces sociales pour 1 000 solitaires », souligne-t-il. En plus des huit ruches pédagogiques, l’association multiplie les ”hôtels à insectes” et a ouvert un rucher collectif aux amateurs ne disposant pas de jardin. Tout en embrasant un enfumoir, cet ingénieur retraité de l’aéronautique prodigue les premiers conseils : « L’apiculture est un métier de calme et de patience. »
Une fois convenablement protégés, les participants prennent le chemin du rucher-école. « Aujourd’hui, nous allons voir comment identifier et traiter les principales maladies », annonce Géraldine Dupuis, cofondatrice de l’association. Devant les ruches, cette animatrice environnementale rappelle une règle fondamentale. Toujours passer son lève-cadre à la flamme, avant et après chaque inspection, pour l’aseptiser et éviter la transmission des pathologies ou des parasites. Joignant le geste à la parole, elle invite son auditoire à mettre ses sens à l’affût. « Toutes les maladies peuvent se repérer au nez et à l’oreille », professe-t-elle avant d’enfumer une première colonie. Une procédure qui permet de brouiller la communication olfactive des abeilles et de les plonger dans un état de bruissement où elles ne cherchent ni à fuir ni à piquer.
Sous l’œil attentif d’un secrétaire de séance qui note toutes les observations et les opérations réalisées sur un carnet d’élevage, Géraldine Dupuis retire le toit de la première ruche. Déserte, celle-ci ne contient qu’un cocon de fausse teigne. Un papillon vorace et invasif. « Dès que c’est suspect, il faut brûler », tranche l’experte. Malgré une activité plus intense, la ruche suivante est également vouée à la disparition. La plupart des individus qui s’y affairent sont des mâles, ou faux-bourdons. « Nous appelons cela une bourdonneuse. Elle va mourir petit à petit », déplore le président. Heureusement, certaines ruches sont en meilleure santé et dévoilent des cadres tapissés d’ouvrières au travail. L’occasion pour les apiculteurs néophytes d’observer la danse d’une butineuse ou la ponte effrénée d’une jeune reine. Une souveraine qui déposera près de 2 000 œufs dans la journée et dont Michel, passionné de macrophotographie, s’évertue à tirer le portrait.
Pour sa première séance, Jérémy Rodriguez boit les paroles de la formatrice. « Je viens d’installer une ruchette, le mois dernier, chez ma tante. Je ne le fais pas avec l’objectif de collecter du miel, mais bien dans une démarche de préservation », précise le jeune homme, qui a choisi d’attendre qu’un essaim investisse les lieux de son plein gré plutôt que d’en d’acheter un. « Même si c’est plus long, je préfère faire naturel et ne pas alimenter le business. C’est plus gratifiant », argumente-t-il.
« Je préfère faire naturel et ne pas alimenter le business »
Après une visite de routine de deux heures, la petite troupe abandonne le rucher-école. Sous une tonnelle, à la faveur de l’ombre, Géraldine Dupuis développe quelques points théoriques. Elle revient d’abord sur les règles d’hygiène élémentaires avant d’aborder l’épineuse question des loques, un microbe qui s’attaque aux larves. Acariose, maladies du couvain… Chacun peut alors approfondir les sujets qui l’intéressent.
Commentaires