La Mairie de Toulouse a-t-elle décidé de supprimer des bureaux de vote ? Dès le 9 juin prochain, soit pour les élections européennes, le nombre de sites de vote passera de 68 à 54. Une modification dénoncée par certains députés et élus municipaux d’opposition.
« Alerte magouille : Jean-Luc la charcute supprime le bureau de vote d’une personne sur dix à Toulouse ! » s’exclame Hadrien Clouet, député La France insoumise (LFI) de la première circonscription de Haute-Garonne, dans une publication sur X (anciennement Twitter). La Mairie de la Ville rose a décidé que le nombre de lieux de vote allait passer de 68 à 54, en privilégiant les gymnases et les salles polyvalentes, plutôt que les écoles. Une modification inscrite dans un arrêté de la préfecture de Haute-Garonne daté du 30 août dernier. Depuis, c’est une véritable levée de boucliers contre cette décision.
« C’est la saison de la grande braderie des bureaux de vote à Toulouse puisque la Mairie a décidé de liquider, ou de redécouper dans le langage de la municipalité, l’ensemble des points où l’on peut voter », indique Hadrien Clouet. Et justement, afin d’éviter tout abus de langage, l’adjoint au maire Pierre Esplugas-Labatut insiste sur le fait qu’il s’agit « d’une diminution du nombre de sites, mais pas du nombre de bureaux de vote ». Un site de vote peut ainsi rassembler plusieurs bureaux.
Mais au-delà de ces précisions de langage, François Piquemal, député LFI de la quatrième circonscription de Haute-Garonne, estime que le « droit de vote est attaqué » par cette décision de la Mairie de Toulouse qui prendra effet à partir du 9 juin prochain pour les élections européennes. « Le maire, Jean-Luc Moudenc, est en train d’effectuer des magouilles électorales sur votre dos. Il a décidé de supprimer pas moins de 14 lieux de vote. Cela veut dire que le trajet entre votre lieu de vie et le lieu de vote va se rallonger, parfois jusqu’à 50 minutes aller-retour », relève François Piquemal.
Chronomètre en main, Hadrien Clouet a calculé qu’il fallait 19 minutes pour se rendre dans le nouveau lieu de vote du bureau n°6 en partant de la rue Bellegarde au lieu de 4,30 minutes pour rejoindre l’ancien. Il voit là un moyen « d’empêcher le vote des personnes les moins mobiles, dans les secteurs qui déplaisent à la Mairie ». François Piquemal développe : « Les 14 lieux de vote visés ont montré un plébiscite de la part des habitants pour Jean-Luc Mélenchon et la Nupes lors des dernières élections. » Des propos qui révoltent l’adjoint au maire Pierre Esplugas-Labatut dénonçant « une dérive complotiste absurde ».
Du côté de l’opposition municipale, on s’interroge également face à cette réduction du nombre de sites de vote. « Des bureaux de vote certainement jugés stratégiques ont été remaniés : pour quelle raison ? » se demande ainsi Aymeric Deheurles, membre du groupe Alternative municipaliste citoyenne (AMC). Pierre Esplugas-Labatut a tout d’abord tenu à préciser, lors du dernier conseil municipal ce vendredi 1er décembre, que « le travail sur ce point a été mené, pas de manière isolée, mais en lien avec la préfecture de Haute-Garonne », avant d’apporter des éléments de réponse à la question de l’élu d’opposition.
« Cela répond avant tout à un souci logistique. Comme Toulouse est la plus grande circonscription de France, du fait que Paris, Lyon et Marseille sont découpées en arrondissements, certains sites connaissaient une faible affluence et il convenait donc de rationaliser leur développement », détaille l’élu qui avance également « une difficulté à trouver des assesseurs », en pointant notamment du doigt LFI. Sacha Briand, adjoint au maire en charge des élections et du recensement, avait ainsi déclaré sur X que l’opposition est « peu présente dans les bureaux pour aider à les organiser et les tenir ».
« Notre brillant collègue Sacha s’est ouvertement épanché sur les réseaux sociaux en arguant qu’il avait du mal à trouver des scrutateurs, et que les opposants n’en fournissaient pas. Cette accusation diffamatoire et calomnieuse n’a pas été démentie, et c’est fort regrettable, parce que tout en jouant chacune et chacun notre rôle dans ce conseil municipal, nous tâchons quand même de ne pas transformer la réalité. Je ne pense pas que quiconque d’entre nous, dans la minorité, se soit défilé de son devoir lors de la tenue des bureaux de vote. Il est donc fort regrettable que des fanfaronnades pareilles aient lieu », déplore Aymeric Deheurles.
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