Alors que l’heure est au confinement, les travailleurs sociaux toulousains alertent sur la situation des personnes sans abris et demandent l’ouverture de lieux pour les protéger. © Lionel Allorge
Alors que les mesures sont de plus en plus draconiennes pour lutter contre la propagation de l’épidémie de coronavirus, le Groupement pour la défense du travail social (GPS) estime que rien n’a été envisagé pour les personnes sans domicile fixe.
L’association toulousaine a ainsi rédigé un texte dans lequel elle indique qu’une grande partie des travailleurs sociaux sont réquisitionnés pour continuer à accompagner les publics en difficulté : ” Les personnes SDF font partie d’une population déjà fragilisée par un mode de vie précaire, certaines cumulant déjà diverses pathologies. Des maraudes continuent à aller à leur rencontre pour garder un lien et les informer sur les gestes barrières à appliquer dans la mesure du possible ainsi que les points d’eau disponibles sur la ville pour aller se laver les mains. Nous pouvons nous interroger sur la faisabilité de ces recommandations”, racontent les travailleurs sociaux.
Selon le GPS, les mesures de précautions prises par le gouvernement ont de nombreuses répercussions sur le population SDF : arrêt des maraudes alimentaires et de certaines associations caritatives, manche devenue de plus en plus compliquée, tuteurs et curateurs impossibles à joindre pour certains, points d’eau difficilement accessibles pour se laver les mains régulièrement et savon non fourni…
Ainsi, selon les travailleurs sociaux, “rien n’a été pensé pour protéger ces personnes d’une contamination massive alors que nous pouvons prédire que le risque de mort est élevé pour elles”.
D’autant que la plupart des lieux susceptibles de les accueillir, sont petit à petit, en train de fermer leur porte comme les accueils de jour, “qui se voient dans l’incapacité de garantir la sécurité sanitaire aux personnes reçues et aux salariés et bénévoles”, ou la halte de nuit, qui pourrait fermer à son tour dans les jours à venir.
Et si les personnes déjà hébergées à l’hôtel ou sur des hébergements d’urgence ne seront pas remises à la rue, “qu’en est-t-il des autres ?”, demande le collectif. “Les hôteliers risquent d’avoir un manque de personnel, les forçant à fermer. La ville de Toulouse manque déjà cruellement de places d’hébergement et à ce jour, le 115 n’a obtenu aucun moyen supplémentaire, aucune place d’urgence n’a été créée”, dénoncent les travailleurs sociaux qui jugent également dérisoire le nombre de lits (18) que s’apprête à ouvrir la préfecture pour les personnes SDF atteintes du coronavirus, ne nécessitant pas une hospitalisation.
“Dans un contexte de crise sanitaire considérée par le gouvernement comme un problème de santé publique, nous rappelons que la vie à la rue est un facteur aggravant d’une contamination par le Covid 19. Non seulement l’inertie des pouvoirs publics met en danger de mort une population ayant déjà un taux de morbidité important mais met également en danger la population générale”, écrivent-il.
Le GPS demande donc l’ouverture en urgence de lieux de mise à l’abri pouvant protéger les personnes n’ayant aucun lieu de confinement possible (avec la possibilité pour certains d’être pris en charge avec leur animal). Il réclame également la réquisition par la préfecture de la clinique Saint-Jean du Languedoc, vidée depuis des mois, ainsi que d’hôtels supplémentaires.
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