“André Masson, une mythologie de la nature et de l’être” : les expositions sur ce peintre sont trop rares pour ne pas se précipiter jusqu’au 27 octobre au musée d’art moderne de Céret. Une excellente occasion de se remettre les idées en place… Non, l’œuvre de Masson ne se réduit pas au surréalisme.
André Masson et Céret, ce fut une histoire aussi courte que belle. Traumatisé par la Première Guerre mondiale où il reçut une grave blessure, l’artiste n’y habite qu’une année entre 1919 et 1920 mais elle aura une grande importance car il y rencontrera Odette Cabalé, sa première épouse, et peindra plusieurs tableaux de paysages. « Des tableaux tout à fait splendides », commente Nathalie Gallissot, conservatrice en chef du patrimoine et directrice du musée de Céret. « Extrêmement bien composés, ils sont l’œuvre d’un homme très jeune qui, visiblement, admire beaucoup Cézanne. » De Soutine à Pierre Brune en passant par Manolo, Frank Burty Haviland, Auguste Herbin et son ami Maurice Loutreuil, du beau monde fréquente le bourg catalan. Pour André Masson, le séjour sera très riche d’enseignements. « Je me plais à penser que Céret lui a offert un moment de reconstruction », ajoute Nathalie Gallissot. « Il peint des paysages d’un équilibre, d’une clarté et d’une beauté absolument incroyables. »
Un point de départ idéal pour une exposition tenant de la rétrospective avec ses 132 œuvres. Jusqu’au 27 octobre, les visiteurs du musée pourront appréhender toute la carrière d’un peintre trop souvent réduit à ses créations surréalistes. « André Masson a toujours conservé un état d’esprit de curiosité et de rejet des règles mais, si l’on regarde l’entièreté de son œuvre, on se rend compte que le surréalisme n’a représenté pour lui qu’une période », analyse Nathalie Gallissot. « En regardant quotidiennement ses paysages au musée, j’ai réalisé à quel point cet homme était sensible à la nature. » C’est ainsi que naquit l’idée d’une exposition proposant un nouvel éclairage sur la personnalité de l’artiste.
« Des paysages d’un équilibre, d’une clarté et d’une beauté incroyables »
Elle s’organise autour de cinq périodes et thèmes principaux, où l’on découvrira la prééminence du lien de Masson avec son environnement naturel, qu’il s’agisse de Tossa de Mar, de la Martinique, du Connecticut ou encore du Tholonet, près d’Aix-en-Provence. Dans ce dernier lieu hanté par l’esprit de son maître Cézanne, André Masson se passionnera pour la peinture chinoise, à contre-courant d’une époque dominée par l’abstraction. « Il suffirait de dessiner par exemple, un corps de femme… Pour qu’il soit aussi le ciel, la terre… Il aurait la fraîcheur de l’eau, la chaleur secrète du fruit mûr. Il commencerait torrent, deviendrait flamme et s’achèverait dans le vent » : les mots de l’artiste résument superbement sa quête d’un absolu où communieraient jusqu’à la fusion l’être et la nature.
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