La navigation de plaisance est sur le point de connaître une incroyable révolution, grâce aux foils. Placées sous une coque, ces petites ailes profilées vont permettre aux bateaux de planer au-dessus de l’eau. Sans faire de bruit ni de vague et sans consommer de carburant.
Ils font déjà voler les Formules 1 des mers de la Coupe de l’America comme les kitesurfs ou les planches à voile d’Argelès-sur-Mer. Dans le milieu, on ne parle que de foils :
« Tout le monde cherche à voler ! », se réjouit Franck Citeau, entraîneur de l’équipe de France de catamarans.
Il porte le projet D’Archimède à Icare, une structure spécialisée dans les bateaux volants, à la fois laboratoire de recherche et centre d’entraînement, installée à la Grande-Motte : « C’est The place to be ! Et ici on ne parle plus uniquement que de voile… » Franck Citeau vient ainsi d’être nommé pilote d’essai de SEAir, une société française qui annonce la production, dès cette année, d’un bateau à moteur sur foils.
Ce ne sera pas le premier à naviguer de la sorte. L’armée américaine testait déjà les foils il y a plus d’un demi-siècle, ils sont utilisés sous certains bateaux de commerce pour le transport des passagers et on peut en voir sous les Sea bubble, les taxis flottants d’Alain Thébaut, inventeur de l’hydroptère. Leur principe reprend celui de l’aviation, qui veut qu’un profil asymétrique (comme une aile), plongé dans un fluide (de l’air ou de l’eau), produise une poussée vers le haut.
Mais jusqu’ici, les matériaux de fabrication des bateaux, trop lourds, contraignait leur décollage. L’utilisation de composites comme la fibre de carbone change tout : « Son prix ne cesse de baisser, grâce à l’aéronautique qui en consomme de plus en plus. Cela rejaillit sur toute l’industrie nautique », constate Vincent Dufour, chercheur à l’université de Montpellier et entrepreneur.
« Au début, ils seront chers, mais sexy et tendance… Ils séduiront ceux qu’on appelle les early adopters, friands de nouveautés, qui entraîneront tout le monde à leur suite »
L’homme travaille sur le bateau à moteur grand public de demain : « Il volera, et comme il n’aura plus d’eau à pousser, un simple moteur électrique suffira à le faire avancer. » En plus d’être non-polluant, il sera silencieux, fera peu de vague et ne “tapera” plus sur l’eau.
Non seulement il ne donnera plus le mal de mer, mais il n’y aura plus besoin d’avoir le permis pour le piloter, compte tenu de sa faible puissance. Surtout, le bateau de plaisance du futur sera robotisé et naviguera en régulation autonome. Les premiers modèles mis sur le marché devraient être des dayboat, pouvant transporter une famille en mer pour la journée.
« Au début, ils seront chers, mais sexy et tendance… Ils séduiront ceux qu’on appelle les early adopters, friands de nouveautés, qui entraîneront tout le monde à leur suite. » Pour Vincent Dufour, la révolution nautique commencera dès 2020.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
Voir les publications de l'auteur
Commentaires