Les vitirandos se multiplient dans le Frontonnais : des balades sensorielles, artistiques ou gourmandes, avec passages dans les vignobles et les chais. À découvrir, d’autant que le millésime 2018 s’annonce exceptionnel.
Il y a rando et rando. Dans le Frontonnais, on joue sur les mots et propose des balades — avec un seul — musicales. C’est ainsi qu’au détour d’un chemin, les marcheurs tombent nez à nez avec un quatuor de saxophones ou des chanteurs a cappella, quand ils n’entament par leur circuit accompagnés d’un duo violoncelle-piano. Il existe neuf autres boucles balisées, soit une dans chaque village de la communauté de communes du Frontonnais, où, une fois les vendanges terminées, s’ouvre le mois de la rando. Cette année encore, du 28 septembre au 19 octobre , le programme réserve de belles surprises, comme une balade patinée de yoga et de sophrologie (avec dégustation de vin in fine) ou une sortie gourmande grâce à des vignerons, restaurateurs et autres chocolatiers. Sans oublier toutes les randos transitant par les chais.
L’an dernier, les organisateurs ont été un brin submergés. Les participants étaient parfois plus de 100, voire 200 pour l’inauguration de la vitirando sensorielle : longue de douze kilomètres, elle débute à Vacquiers, avec départ depuis Château Plaisance, domaine à la démarche bio reconnue (lire ci-contre). La spécificité de ce circuit tient en treize boîtes en métal disséminées çà et là dans la campagne et percées de petits trous… Pour mieux les renifler. Chacune renferme l’un des arômes qui se retrouvent dans les vins de Fronton au travers de son cépage roi, la négrette : réglisse, cerise, cassis… Et pour ceux qui ne trouvent pas, la réponse est inscrite sous la boîte. Les balises jaunes mènent jusqu’à la plaine du Tarn. Parfois, le brouillard se lève du lit de la rivière et enveloppe les vignes d’un manteau blanc. Avant de prendre fin, la boucle passe par un autre domaine, celui des Pradelles.
Chacun fête ses 40 ans comme il l’entend. Quand Fronton a célébré ses quatre décennies d’appellation d’origine contrôlée, ses vignerons ont réalisé une série de portraits drôles et décalés, se mettant en scène dans le lieu de leur choix à Toulouse : rue des Couteliers pour le Château La Coutelière ; juchée sur une sculpture de l’Hôtel-Dieu, un violon entre les mains, pour Martine Rougevin-Baville, passionnée de musique (qui accueille d’ailleurs des concerts dans le superbe chai du Château Caze). Ces photos ornent désormais une rando artistique de quinze kilomètres autour de Fronton, qui permet au passage de découvrir les domaines Joliet et Clamens. Prochain rendez-vous sur ce territoire labellisé Vignobles et découvertes, le festival Saveur et Senteur du 23 au 25 août. Avec des ateliers culinaires et œnologiques, des concerts et des restos éphémères.
Passionnés, passionnants. Si les producteurs du Frontonnais ouvrent volontiers les portes de leur exploitation aux vitirandonneurs, c’est avant tout par plaisir. Celui de partager l’amour qu’ils portent à leurs vignes. Parmi eux, les châteaux Boujac, Plaisance et La Colombière.
Cela faisait un bon moment que Michelle Selle pensait au bio. « À 40 ans, nous nous sommes posés la question de ce que nous voulions laisser », dit-elle. « La conversion était une évidence. » En 2008, Philippe et Michelle Selle se lancent donc dans l’aventure et obtiennent la certification en 2011 sur leur domaine de trente-et-un hectares. « Je dois dire que le métier est abordé de façon différente, beaucoup plus sereine. Nous voyons les vignes évoluer, s’ancrer dans le sol. » Tandis que les vins prennent de la hauteur, en témoigne la cuvée Secret des étoiles. Le site Internet du Château Boujac stipule : « La maîtrise des rendements, l’enherbement des parcelles, le travail au sol, sont les garants du respect de notre terroir et de nos vins. » D’où ces heures de labeur à la charrue. Ceux qui voudraient découvrir Château Boujac de façon pour le moins originale pourront prendre part à l’escape game organisé cet été dans le chai, et goûter le pique-nique maison.
Dès 2006, les vingt-six hectares de Château Plaisance amorçaient leur passage en bio. Ils sont certifiés depuis le millésime 2011. Il existe même une cuvée zéro soufre baptisée Serr Da Beg (du breton, “Tais toi”). « La demande sociétale a changé, vous êtes des consommateurs de plus en plus avertis sur ce que vous mangez et buvez », assurait Marc Penavayre, le maître des lieux, en recevant les participants de la vitirando inaugurale de Vacquiers. L’homme aurait une maxime : « Plus on bosse dans les champs, plus on peut être paresseux au chai », énonce l’une de ses collaboratrices. Ajoutant : « Pour laisser parler le terroir, il faut être dans le respect de la terre, pour qu’elle donne le plus possible ». Sur le domaine, quelques parcelles sont même cultivées avec un cheval de trait. Marc Penavayre participe aussi à un projet de whisky 100% bio élevé en fûts de Fronton et riche des arômes de la négrette. À suivre…
Une boucle de onze kilomètres autour de Villaudric, baptisée “Entre la rose et l’orchidée”, longe les vignes de La Colombière. Depuis treize ans, Diane et Philippe Cauvin cultivent leurs quinze hectares en biodynamie. Une démarche qu’ils ont à cœur de raconter et d’expliquer à leurs visiteurs. En détaillant la diversité de ses sols, Diane Cauvin dit : « Un domaine est considéré comme un organisme vivant. » Et d’évoquer cet équilibre naturel « entre terre, plante et environnement. » Sans engrais donc, dans le respect de la taille, en apportant des traitements à base de plantes. Avec toutefois un additif très important à La Colombière : l’humour, en témoigne l’étiquette “Les Frontons flingueurs”, un rouge 100 % négrette. Les propriétaires ont également créé une table d’hôtes, des paniers pique-nique à composer soi-même pour les déguster devant les vignes, un gîte et un espace de réception.
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