Les grands alcools français n’ont plus rien à envier à leurs voisins. Surtout en Occitanie où des distillateurs de talent poussent les eaux-de-vie vers une qualité paroxystique…
Whisky Vilanova Berbie, Distillerie Castan, Villeneuvesur- Vère (81)
À la différence des eaux-de-vie de fruit pour lesquelles le terroir joue pleinement son rôle, les eaux-devie de céréale peuvent être produites absolument partout. Au XXe siècle, l’essor progressif des whiskys japonais en a apporté la preuve, décomplexant nombre de distillateurs qui n’osaient pas se frotter à cette boisson légendaire. Dans le Gaillacois, Céline et Sébastien Castan, agriculteurs et vignerons, ont ainsi offert en 2010 une nouvelle vie au vieil alambic de cuivre rouge de cette famille d’anciens bouilleurs de cru ambulants.
Les Single Cask (whiskies issus d’un fût unique), faits à base de l’orge produite sur le domaine, se distinguent par une double maturation dans de vieux fûts de vins puis dans des fûts de chêne neuf. Cela donne une souplesse et une rondeur dont la cuvée Berbie est un fort bel exemple.
Les idées reçues sont souvent fausses, mais elles sont tenaces. Des trois appellations de production d’armagnacs, un snobisme assez répandu considère avec mépris la zone dite de la Ténarèze, bande de terre partie du Lot-et-Garonne et traversant le Gers entre son centre et son extrémité occidentale. Près de Montréaldu- Gers, la cinquième génération de la famille Ladevèze y confectionne parmi les armagnacs les plus racés qui se puissent boire, à l’instar de ce Plant de Graisse 2001 non réduit (pas d’adjonction d’eau pour faire baisser le degré d’alcool).
Des eaux-de-vie intenses, envoûtantes, dotées d’une profonde luminosité intérieure. Pas étonnant. Chez les Ladevèze, les cépages autochtones, greffés après la crise du phylloxéra, ont été conservés par sélection massale et surtout cultivés en symbiose avec les différents types de terroirs du domaine. À cela, s’ajoutent des rendements faibles et une utilisation du bois neuf très parcimonieuse pour éviter de diluer l’identité des eaux-de-vie. Du grand art.
Temple des muscats doux, paysage lunaire écrasé par le soleil, le petit village de Saint-Jean de Minervois est aussi le théâtre de l’une des aventures les plus singulières de la distillerie française. C’est ici que Patricia et Laurent Gaspard ont fondé, il y a une poignée d’années, celle du Petit Grain. Cette micro-distillerie produit une gamme d’eaux-de-vie d’abricots, de poires, ou encore de marc de muscats littéralement triés sur le volet, fruit par fruit. Le couple tend vers l’expression d’une quintessence et cela se retrouve dans les incroyables gins à base de raisin qu’il élabore.
Patricia et Laurent Gaspard y font macérer des plantes de très haut niveau (mains de Buddha, cédrats de Collioure…) ou les agrumes de Christophe Comes, installé à Perpignan. Des gins frais, vibrants, purs et délicats.
Nicolas Coulaud
La rédaction
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