25 avril 2019. Julie Charlet est élevée au rang de danseuse étoile. Reconnaissance de toute une carrière, ce grade ultime promet encore bien des rôles à l’ancienne première soliste du Ballet du Capitole.
Applaudissements en rafales, sourires jusqu’aux oreilles. Une vague de bonne humeur secoue la salle d’ordinaire calme et concentrée du Ballet du Capitole. Un coup de chaud énorme qui a salué, jeudi 25 avril, la nomination de Julie Charlet au rang de danseuse étoile. C’est à la fin de la première de “La Bête et la Belle”, représentation signée Kader Belarbi, que la jeune femme s’est solennellement élevée à l’ultime grade de la compagnie, aux côtés des trois autres premiers solistes : Ramiro Gómez Samón, Natalia de Froberville et Davit Galstyan.
Cette distinction, la plus haute de la hiérarchie, Julie Charlet l’a d’abord savourée aux côtés de ses partenaires. Une explosion de joie, symbole de toute une carrière jonchée de moments magiques comme de profondes remises en questions, qui a grisé l’étoile toulousaine : « C’est avant tout une reconnaissance de tout le travail fourni pendant plusieurs années. Mais c’est aussi un titre symbolique, très beau. Quand on le mentionne auprès de quelqu’un qui n’y connaît rien au monde de la danse, cela évoque beaucoup plus que premier soliste. »
Le parcours de Julie Charlet suit un tracé droit et précis, truffé de grands rôles et autres belles opportunités. Premiers cours à la demande de ses parents, et l’apprentie danseuse embrasse immédiatement le ballet avec une facilité à en faire rougir les plus grands. Quelques années plus tard, en 1995, elle intègre le Conservatoire de Rouen, puis l’École nationale supérieure de danse de Marseille. Elle a 15 ans et enchaîne déjà les répétitions. De plus en plus performante, elle s’imagine danseuse au cœur des ballets les plus prestigieux. Mais souvent, on lui rappelle : « C’est un monde difficile et austère, où il est compliqué de trouver sa place. » Une affirmation sévèrement sifflée par ses professeurs, qui lui permet cependant de réussir avec brio son cursus scolaire. Le baccalauréat en poche, Julie Charlet décroche un contrat au Northen Ballet de Londres. Une opportunité rare et prestigieuse, résultat de sacrifices copieusement accumulés. « Dès l’âge de 13 ans, j’étais en internat », se remémore-t-elle. « J’ai sûrement raté quelques trucs, comme certaines amitiés, les soirées lycéennes. Je n’ai pas non plus vu ma sœur et mon frère grandir. C’est ce qui m’a manqué. » Mais aucun regret n’assombrit la joie et la bonne humeur de cette jeune femme, qui assure avoir eu le temps de tout rattraper depuis.
Aujourd’hui, Julie Charlet retient surtout la « chance inouïe » qui a été la sienne. « Une amie m’a dit un jour : “Il y a peut-être une petite fille dans le public qui vient pour la première fois, et puis peut-être une personne âgée qui vient pour la dernière”. C’est une grande chance que nous avons. Nous vendons du rêve. » Âgée de 34 ans, la jeune femme compte désormais le temps qui la sépare de sa dernière révérence. « Nous sommes des sportifs de haut niveau, nous ne pouvons pas pratiquer indéfiniment », rappelle-t-elle. À quelques années de la reconversion, la danseuse fourmille de projets divers et variés et espère avoir l’opportunité d’endosser, pour clôturer avec brio une carrière entièrement dédiée au classique, le rôle de Juliette.
Salomé Dubart
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