Passionnés par un savoir-faire oublié, ils ont tout plaqué pour faire revivre la tradition du soulier et ils prennent leur pied.
Commerçant du coin de la rue, il est le gardien discret d’une compétence ancienne. Ressemeler, réparer talons et coutures ou concevoir une paire sur-mesure : l’artisan de la chaussure a subi de plein fouet l’industrialisation de son métier après la Seconde Guerre mondiale. Alors que la plupart des cordonniers développent le multi-services pour survivre et que le dernier bottier toulousain est décédé en 2012, des trentenaires d’Occitanie changent de vie pour ouvrir des ateliers comme autrefois.
« Il y a encore cinquante ans, tous les cordonniers étaient bottiers », raconte Jean-Emmanuel Pialoux, qui a ouvert Le Bottier Toulousain en octobre 2018. Cet ex-consultant en management assume sa lassitude des écrans et son besoin de liens plus authentiques, les mains dans la matière. Formé durant plus de trois ans, il a suivi des maîtres bottiers, dont Joël Albert, grand nom de la botte d’équitation à Saumur. « Le pied, ça rend simple. Nous ne sommes pas en train de parler d’art », savoure l’unique bottier de la ville, qui aime l’écoute humble du cuir et celles des anciens. « Un cordonnier à la retraite m’a offert deux de ses machines qui fonctionnent encore très bien. À mon tour, j’ouvre l’atelier tous les samedis après-midi pour enseigner la confection basique d’une chaussure. »
« Une chaussure durable est par nature écologique »
Pour Thomas Delille aussi, tout démarre avec un changement de vie. L’ex-barman et vendeur en friperie passe son CAP auprès de professeurs qui interviennent pour les plus grandes marques, comme Weston à Limoges. Il vient d’ouvrir la cordonnerie Poulain rue Peyrolières. Dans le quartier, la dernière a fermé il y a cinq ans.
À base de cuir du Puy en Velay pour la tige et du Pays Basque pour la semelle, les chaussures de Jean-Emmanuel Pialoux sont souvent sur-mesure. Du rendez-vous pour la prise de mesures au façonnage en passant par le chausson d’essai jusqu’à la paire définitive, soixantedix à cent heures de travail sont nécessaires. Fabriqués pour durer au moins vingt-cinq ans, Richelieu, mocassins, derbis et escarpins s’emportent à partir de 2000 euros. « Une chaussure durable est par nature écologique alors que le cuir vegan peut contenir du plastique », constate le jeune bottier.
« Le pied, ça rend simple. Nous ne sommes pas en train de parler d’art »
Chez Thomas Delille, le même amour des challenges propres à la cordonnerie traditionnelle, à des prix plus abordables : « Je travaille aussi la maroquinerie et les clés parce que ce service est entré dans l’esprit des gens et qu’un commerçant de proximité, c’est d’abord du service. » Longue vie à ces deux passionnés.
Commentaires
Alonso Marion le 22/02/2025 à 15:31
Bonjour je suis à la recherche d’un jeune cordonnier qui a fait le triathlon du Levezou hier ! Est-ce vous ?