Mettre la nature dans un flacon : telle est la promesse de Nicholas Jennings. Avec ce parfumeur installé à Saint- Guilhem-le-Désert, l’on crée son propre parfum, dans son atelier ou à distance. Et l’on découvre les secrets de la parfumerie à l’ancienne lors de stages. Son credo : le luxe vient des choses les plus simples.
Il est un peu notre Jean-Baptiste Grenouille, le héros du roman “Le Parfum” de Patrick Süskind, sans le côté serial-killer. Si Nicholas Jennings est un parfumeur exceptionnel, cela ne tient pas à son accent so british, à ses longs cheveux relevés en queue de cheval ou aux Kickers enfantins qui bougent à ses pieds. Non. Si cet Anglais, installé à Saint-Guilhem-le-Désert depuis quinze ans pour « être au coeur de la richesse olfactive de la nature aux alentours », est si particulier, c’est qu’il est un des rares nez sur cette planète à fabriquer des parfums 100 % naturels. « Tous les parfums vendus aujourd’hui, même ceux réalisés par de grands nez, sont réalisés de façon industrielle, à partir de molécules chimiques. Ceux dont le marketing prétend qu’ils sont naturels sont aussi issus de molécules, non pas de pétrochimie, mais de sucre par exemple”, assure-t-il. Cet artisan appartient au club mondial très fermé des vingt-six membres de l’association Natural Perfumers Guild qui créent des parfums botaniques. Lavande, ciste, rose, genet, romarin, thym, hélichryse… C’est lui qui cueille dans la nature, plante même parfois, et distille dans son alambic les plantes et fleurs locales qui sont à la base de ses créations. À partir de centaines d’huiles essentielles bio, il fabrique des fragrances vivantes, délicates et légères bien que puissantes. Pas du tout entêtantes, tape-à-l’oeil ou cachemisère. « Un parfum n’est pas destiné à envahir une pièce, il doit être fait pour vous. On porte un parfum, on ne disparaît derrière. »
Dès que l’on franchit le seuil de son Atelier des sens, au numéro 8 de la rue Font du Portal, l’évidence s’impose : cela sent bon ! La boutique regorge de flacons aux odeurs étonnantes, toutes plus subtiles les unes que les autres. Dernière née : le patchouli.
« Je suis le seul à avoir créé cela », se félicite Nicholas Jennings. Au fond, trône un orgue à parfums recrée dans l’état d’esprit de ceux du XIXe siècle. « C’est à partir de ce moment là que la chimie a tout changé. Je défends l’art de la parfumerie traditionnelle à la française. » C’est dans son antre que le parfumeur propose une aventure on ne peut plus unique : celle de créer sa propre signature olfactive avec lui. « C’est une expérience sensuelle, intime, qui permet de mieux se connaître. Un voyage émotionnel. Pour moi, c’est une forme du luxe qui a bien plus de valeur que celle d’acheter un parfum même s’il coûte plus de 2000 euros. » Le client repart avec un flacon de son parfum et un flacon de voyage. Et lorsqu’il souhaite se réapprovisionner, le coût est moindre. « Je conserve précieusement toutes les formules des parfums créés avec mes clients. Elles sont uniques, garanties, je ne les fabrique pas pour d’autres’, insiste Nicholas Jennings. Il est également possible de les fabriquer à distance. L’artisan crée alors un parfum à partir d’un questionnaire sur les goûts des clients, leur parcours et leurs habitudes. « Je fais six ou sept allers-retours avec des échantillons d’essais. Et je m’arrête lorsque la personne valide celui qui sera son parfum. » Nicholas Jennings partage aussi sa passion en proposant deux jours de découverte des secrets de la parfumerie. Le stage d’avril 2021 affiche déjà complet, celui d’octobre est ouvert à dix personnes. À vos flacons !
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