Sis juste en face du Théâtre du Capitole, le bâtiment qui abrite le Grand hôtel de l’Opéra fut lui-même un théâtre après la Révolution, construit sur les vestiges du collège Saint-Martial.
Ses fenêtres donnent sur la plus majestueuse des places toulousaines, le Capitole. Si son nom s’étale en lettres d’or sur la façade rouge, l’entrée du Grand hôtel de l’Opéra est plutôt discrète. Il faut passer sous le porche et continuer jusqu’au fond de la cour pour pousser la porte roulante qui débouche dans un monde au tissu mural fleuri, avec moquette feutrée et fauteuils de velours bleu. En haut de l’escalier, une longue robe rouge paraît attendre son entrée en scène. Le temps et l’agitation semblent restés à l’extérieur du complexe quatre étoiles. Après le bar de l’hôtel (où tout le monde a accès), le salon verrière donne le ton : rouge, comme l’opéra voisin. Une tonalité reprise dans les étages, alternant avec jaune soleil et toile de Jouy.
Les cinquante chambres et sept suites tiennent en trois bâtiments, acquis successivement. « Il y a des coins et des recoins ! », prévient Sandra Lampée-Baumgartner, la directrice générale, en menant dans ce dédale de couloirs, jusqu’au spa en sous-sol. Dans le bâtiment principal, des terrasses donnent sur La Brasserie de l’Opéra et la table étoilée de Stéphane Tournié, Les Jardins de l’Opéra. Fut un temps, la cour accueillait une piscine. Luxe suprême, quelques fenêtres s’ouvrent sur le Capitole. Elles ont vu défiler l’histoire d’une ville.
« Malgré l’incendie, nous sommes restés ouverts, nous avons travaillé avec treize chambres »
Ici fut fondé, en 1359, le collège Saint-Martial. « Devenus propriété nationale à la Révolution, les bâtiments (…) abritent le théâtre de la Liberté et de l’Égalité de 1792 à 1818 », renseignent les archives municipales. La façade, elle, date du début du XIXe siècle. Elle faisait partie d’un programme d’harmonisation de la place, dont le côté sud fut construit à partir de 1811 par l’architecte Virebent.
Quant à l’histoire contemporaine, ce sont les employés qui en parlent le mieux. Danièle Mothe, réceptionniste embauchée il y a trente ans, se souvient de ce matin de 1997, alors qu’elle allait prendre son service : « On ne pouvait pas passer à partir du donjon. Il y avait de la fumée… J’ai expliqué que je travaillais là et un pompier m’a répondu : “Mais il n’y a plus d’hôtel de l’Opéra ! ” ». Le feu avait pris sous les combles et ravagé le troisième étage. « Mais nous commes restés ouverts. Nous avons travaillé avec treize chambres. Il y avait une grande bâche en haut de l’escalier », dit Maheswaran Arumugan, voiturier, bagagiste et barman.
Les travaux gigantesques, qui permettent au passage d’agrandir des chambres, prennent fin pour la Coupe du monde de 1998, année du rachat par la famille Rouleau-Guichard. Ses plus beaux souvenirs, Maheswaran Arumugan les a collés sur quatre livres d’or. Il y pose, tout sourire, à côté de Jean Dujardin, James Brown, Phil Collins… Un trésor.
Commentaires
philippe labarrère le 22/02/2025 à 10:00
Etudiant en prépa Sup de Co j'ai séjourné quelques mois dans cet hôtel en 1964 .... C'était un hôtel modeste tenu par un pied noir qui avait la particularité d' avoir des pouces bifides . C'était une pension au mois , bon marché (il y avait une douche au RdC) , et charmante et je pouvais garer ma 2CV dans la cour qui donnait sur la place du Capitole ...!