En Lozère, Tuffery, le plus ancien maître tailleur de jeans français, lance ses premiers modèles en chanvre. Et, ce faisant, participe au renouveau de la filière en Occitanie.
Marthe a la taille haute et l’allure vintage. Désiré, lui, est un modèle « reproduisant l’authentique surpantalon de travail du XXe siècle, qui se portait large », indique Tuffery. Particularité de ces deux jeans : ils sont en chanvre. Il y a autre chose encore, Marthe et Désiré sont les prénoms des arrière-grands-parents de Julien Tuffery, actuel cogérant de l’atelier familial créé en 1892. Il en va ainsi pour chaque modèle : « C’est notre arbre généalogique », révèle le quatrième du nom.
Avec son épouse Myriam, il a fait entrer l’entreprise dans l’ère du numérique. 80 % des ventes se font en ligne, mais le showroom de Florac, au cœur des Cévennes, est toujours ouvert. Une baie vitrée le sépare de l’unité de production, qui se visite deux fois pas jour, avec explications à l’appui sur la taille, le patronage, la coupe…
« Tout notre challenge est de conserver notre ADN, notre savoir faire, le geste sûr du maître tailleur. Les valeurs des circuits courts, nous les défendons depuis 125 ans. Et actuellement, la conjoncture y est favorable », constate Julien Tuffery. Ils ne sont plus des marginaux cévenols, mais bel et bien dans l’air du temps.
Pas étonnant qu’ils aient été intéressés lorsque la coopérative Virgo Coop les a contactés en vue de rétablir la filière chanvre dans le Lot et en Occitanie. « Toute notre zone était chanvrière, c’est du bon sens historique », estime Julien Tuffery. « La culture du chanvre est pertinente, elle consomme beaucoup moins d’eau, demande moins d’entrants et réduit le bilan carbone. C’est une plante efficace qui permet aussi des rotations agricoles. »
Il aura fallu deux ans de recherche pour lancer la fabrication des jeans en chanvre. Virgo Coop travaillant sur le fil et ses couleurs, Tuffery amenant sa compétence en termes de tissage : poids, patron, largeur du rouleau, etc.
« Ce sont des fibres hyper résistantes », assure Julien Tuffery, qui a eu la surprise de voir, lors d’un test dans un laboratoire textile, que «le chanvre l’est deux fois plus que le meilleur coton, qui est déjà assez fort ». S’y ajoutent une thermorégulation et un aspect chiné naturels. « Un jean acheté représente 70 m2 de chanvre cultivé dans le Lot », indique Tuffery. La filière occitane est en marche : « Nous sommes en train de planter trois hectares à côté de Figeac », annonce fièrement Julien Tuffery.
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