La place Jean Jaurès à Montpellier, lieu de prédilection des étudiants pour boire un verre, cache un étonnant secret. Sous ses dalles se trouve effectivement un trésor historique, mais lequel ?
Pour les étudiants de Montpellier, la place Jean Jaurès est synonyme de verres en terrasse. Il faut dire que le site, avec ses nombreux bars et restaurants, est idéal pour ceux qui souhaitent se retrouver entre amis. Mais les jeunes qui en ont fait leur lieu privilégié de sorties sont bien loin de se douter que sous leurs pieds se trouvent un trésor historique. Ils font d’ailleurs preuve d’une grande imagination lorsqu’on leur demande ce que pourrait bien cacher la place Jean Jaurès. « Peut-être une cave à vin antique, cela expliquerait pourquoi on y trouve autant de bars », propose Victor, étudiant en licence d’Histoire. Laure penche plutôt pour un laboratoire où Nostradamus, apothicaire et auteur français connu pour ses prédictions, concoctait ses remèdes. Si la réponse peut paraître saugrenue, elle est pourtant argumentée : « Il a tenté de passer son doctorat de médecine à Montpellier », indique l’étudiante en faculté de pharmacie. Mais ces jeunes montpelliérains sont très éloignés de la vérité.
En effet, sous les dalles de la place se trouve une crypte qui existait déjà à l’époque romane. Cette dernière est le vestige de deux églises. En effet, des églises se dressaient sur la place il y a plusieurs siècles de cela. De nos jours, il est difficile d’y imaginer de tels monuments. Mais la place Jean Jaurès, avant d’être un lieu de flânerie et de détente, accueillaient les fonctions religieuses, politiques et commerciales de la ville jusqu’à la Révolution. Nommée Sainte-Marie, la première église, datant probablement du XIe siècle, a été remplacée au XIIe par celle de Notre-Dame-des-Tables, à ne pas confondre avec la basilique éponyme située rue de l’Aiguillerie. Celle-ci, avec ses deux arcs boutants et sa haute tour, était alors la plus importante église de Montpellier et son cœur battant.
À l’époque, les agents de change et marchands installaient en effet autour de celle-ci leurs tables pour commercer avec les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle qui faisaient étape dans la ville. C’est de là que l’église tire d’ailleurs son nom de Notre-Dame-des-Tables. Mais alors, comment se fait-il que ce monument central de Montpellier ait pu disparaître ? La faute à la Révolution. Après plusieurs destructions et reconstructions aux XVIe et XVIIe siècles, il a en effet été totalement détruit en 1794 sur ordre des responsables révolutionnaires. À la place, une halle, qui a servi de marché aux Montpelliérains, a été construite. Cette dernière va à son tour disparaître au début du XIXe siècle et permettre la découverte des vestiges des deux églises.
De ce passé, il ne reste désormais plus grand-chose, à part la crypte où se trouvent des ossuaires, espaces destinés à l’accueil d’ossements humains, et des caveaux funéraires. Quelques années en arrière, il était possible d’y descendre. La crypte accueillait effectivement le musée du vieux Montpellier, qui y présentait des collections d’objets liés à l’histoire de la commune, du Moyen Âge au XXe siècle. Mais plusieurs inondations ont conduit au déménagement de ce dernier dans l’Hôtel de Varennes et à la fermeture de l’accès au caveau. Cela fait dix ans que la crypte est inaccessible et il n’est, pour le moment, pas en projet de la rouvrir au public, selon l’office de tourisme de Montpellier. Toutefois, que les curieux se rassurent, il est possible de la visiter virtuellement.
En effet, vous pouvez, sur votre téléphone, ouvrir l’application “Place Jean Jaurès”. Lancée par la Ville de Montpellier l’année dernière, celle-ci vous permet de voyager à travers les époques. Vous pourrez ainsi vous transporter en 1100 pour découvrir la première église, en 1500 pour admirer l’extérieur et l’intérieur de l’église Notre-Dame-des-Tables, et en 1830 pour observer la halle. Et pour parfaire le tout, une visite virtuelle de la crypte est proposée. Vous ne pourrez plus siroter un verre en terrasse sur la place Jean Jaurès, sans penser à ce qui se trouve sous vos pieds…
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