Le tribunal administratif de Toulouse a annulé les arrêtés autorisant les travaux de l’autoroute A69 entre Castres et Verfeil, près de Toulouse, stoppant un chantier déjà bien avancé. Une décision qui divise : certains élus locaux dénoncent un coup d’arrêt absurde, d’autre crient victoire.
Le tribunal administratif de Toulouse a annulé, ce jeudi 27 février, les arrêtés préfectoraux autorisant les travaux de l’autoroute A69 entre Castres et Verfeil, près de Toulouse. Un coup d’arrêt à un chantier déjà bien avancé qui suscite une avalanche de réactions politiques et économiques.
Le ministre chargé des Transports, Philippe Tabarot, dénonce une situation « ubuesque » : « C’est un chantier avancé aux deux tiers qui est arrêté du jour au lendemain. C’est une liaison autoroutière, portée par les élus locaux et soutenue par une très grande majorité des habitants de la région, qui ne peut pas voir le jour. »
Affirmant que l’État fera appel, il appelle à repenser les procédures des grands projets d’infrastructure : « Cette situation interroge la capacité de la France à mener à bien des grands projets d’infrastructures, au service de ses territoires. Elle appelle à repenser les procédures relatives à ces chantiers. »
Christophe Ramond, président du conseil départemental du Tarn, fustige une « gabegie financière » alors que « plus de 300 millions d’euros ont été investis » et que « 70% des ouvrages d’art sont réalisés ». « Cela fait 40 ans que le Sud du Tarn réclame son désenclavement », rappelle-t-il, avant d’affirmer que le département viendra en appui de l’État pour un recours en appel.
Pascal Bugis, maire de Castres, se dit quant à lui « pas véritablement surpris » et pointe du doigt une lacune législative : « La loi ne définit pas la raison impérative d’intérêt public majeur (RIIMP). Quand le législateur n’écrit pas la loi, ce sont les juges qui la font. Ce faisant, la porte est ouverte aux interprétations. » Il réclame une clarification du cadre juridique.
Jean Terlier, député Renaissance du Tarn, juge la décision « incompréhensible » et réclame la poursuite des travaux. Même indignation du côté de Jean-Louis Chauzy, président du CESER Occitanie : « Le pouvoir des juges contre le pouvoir politique ! L’autoroute s’achèvera et vite. »
À l’inverse, les élus écologistes se réjouissent. Christine Arrighi, députée de Haute-Garonne, et le groupe “Toulouse écologiste et solidaire” parlent d’un « jugement rappelant que l’intérêt général et les engagements climatiques doivent primer sur des intérêts privés ». Ils dénoncent « l’artificialisation de 400 hectares » pour un « gain de temps dérisoire de 20 minutes » et appellent à privilégier « l’aménagement sécurisé de la RN126 et l’amélioration du réseau ferroviaire ».
Le député LFI François Piquemal plaide pour « repens[er] les mobilités collectivement et écologiquement ». Sa collègue Anne Stambach-Terrenoir voit dans ce jugement « le triomphe du droit environnemental et de l’intérêt général face aux intérêts privés ».
Les militants écologistes de Midi-Pyrénées, eux, célèbrent « un immense espoir pour toutes les luttes contre les projets écocides » et félicient les « associations, collectifs, militants et zadistes » qui ont mené le combat contre l’A69.
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