La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, propose un projet de loi sur la fin de vie, axé sur l’amélioration des soins palliatifs. Cette initiative soulève un débat délicat entre accompagnement et euthanasie, suscitant des réactions passionnées et des interrogations sur la cohérence morale.
La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, marche sur des œufs. Elle a présenté un projet de loi sur la fin de vie ce mercredi 10 avril en conseil des ministres. Celui-ci consiste notamment à mieux soulager et accompagner les malades en fin de vie. Un débat particulièrement sensible sera ensuite lancé à la fin du mois de mai au Parlement.
« On a besoin d’aller plus loin dans la prise en charge de la douleur dans sa globalité et pour tous les publics, y compris les enfants », a déclaré la ministre dans un entretien au journal Le Monde samedi 6 avril. « Avant l’aide à mourir, le modèle français de la fin de vie, c’est d’abord une politique ambitieuse de renforcement des soins palliatifs et d’accompagnement. »
Entre les soins palliatifs et l’euthanasie, il peut n’y avoir qu’un pas, et cela fait débat.
« L’interdit de tuer était devenu un marqueur moral de nos sociétés modernes, illustrant le cheminement de notre humanité sur la voie tortueuse du “progrès”. Ainsi, nous abolissions la peine de mort en France. Que signifie, alors, la légalisation de l’euthanasie, aujourd’hui, si ce n’est un retour en arrière par la réintroduction de la peine de mort sous une autre forme ? », écrit Jean-Luc Moudenc (DVD), maire de Toulouse, dans une publication sur son blog. « Ce qui nous guette est une incohérence profonde entre ce que nous avons refusé et ce que, demain, nous permettrions. »
« Les annonces récentes de la ministre Catherine Vautrin sont très positives pour le développement des soins palliatifs, mais les moyens annoncés, étalés sur 10 ans, seront-ils à la hauteur des besoins réels ? », s’interroge le premier magistrat de la Ville rose. Il rappelle également que Robert Badinter, fervent militant de l’abolition de la peine de mort, décédé le 9 février dernier, était contre l’euthanasie.
Carole Delga (PS), présidente de la région Occitanie, ne s’est pas exprimée concernant le projet de loi présenté par la ministre de la Santé. Cependant, elle avait signé un manifeste de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité appelant à faire évoluer la loi, le 16 mars 2023.
« Chaque année, des Françaises et des Français, atteints de maladies graves et incurables, sont confrontés à des souffrances physiques et morales que les traitements ne parviennent plus à soulager. Ils demandent à leur médecin de les aider à mourir et se heurtent à un refus, condamnés à subir une fin de vie longue et douloureuse, en contradiction avec leur volonté libre et réfléchie », raconte le manifeste. « Nous estimons que la loi française, qui interdit l’aide active à mourir, est injuste. »
Aussi, au cours d’un débat organisé par la même association, en avril 2023 à Martres-Tolosane, la socialiste avait insisté pour « que des moyens supplémentaires soient donnés pour les soins palliatifs », comme le rapporte La gazette du Comminges.
Commentaires
Sertillange François le 23/02/2025 à 11:22
Entièrement favorable à une loi qui offre la possibilité de choisir sa fin de vie, que ce soit "aller jusqu'au bout du bout" (que choisiront la plupart des gens) ou en finir par un suicide assisté ou euthanasie pour ceux qui n'en peuvent plus.