Le patrimoine de l’Occitanie regorge de trésors méconnus, des cépages tombés dans l’oubli qui ont jadis orné les vignobles de la région. Depuis plusieurs années, les vignerons décident de ressusciter certaines variétés afin de mieux répondre aux conditions climatiques tout en produisant des vins qui restent bons et qui gardent une teneur en alcool raisonnable.
Il existe, en Occitanie, de nombreux cépages tombés dans l’oubli avec le temps. Des variétés de vignes anciennes ou méconnues qui refont aujourd’hui surface. Olivier Yobregat, ampélographe et expert en la matière à l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), dédie ses journées à la préservation de ces ressources génétiques précieuses, souvent reléguées aux confins de l’histoire viticole.
Plus de cent cépages sont recensés dans l’ancienne région Midi-Pyrénées, certains n’ayant même pas de nom officiel. Les conditions climatiques actuelles, marquées par la chaleur et la sécheresse, favorisent l’intérêt pour ces variétés anciennes, qui mûrissent lentement et permettent de produire des vins de qualité malgré les températures élevées. Parmi ces cépages ressuscités, cinq se distinguent par leur histoire et leur caractère unique selon l’ampélographe.
Parmi les cépages d’Occitanie tombés dans l’oubli, Olivier Yobregat évoque d’abord le Prunelard. Cette variété de raisin de cuve est originaire de la région de Gaillac, dans le Tarn. Son existence remonte au XVIe siècle, mais il s’efface progressivement au XXe siècle. Retrouvé dans de vieilles vignes, le cépage refait surface grâce à un groupe de viticulteurs qui le remet en culture dans les années 1990. En 2008, sa production s’étendait sur une petite dizaine d’hectares. Dix ans plus tard, cette surface atteint 70 hectares.
Selon le catalogue PlantGrape, le Prunelard se distingue par sa faible productivité et sa vigueur modérée. Cependant, il est important de noter sa sensibilité à l’acariose au printemps, une maladie fongique qui peut affecter la santé des feuilles et compromettre le rendement de la vigne. En revanche, il présente une résistance relativement bonne à la pourriture grise, une autre maladie courante dans les vignobles.
En ce qui concerne les caractéristiques des raisins, le Prunelard produit des grappes de taille modeste et des baies de taille moyenne. Ces raisins sont réputés pour leur capacité à élaborer des vins qui se gardent longtemps, riches en couleur, avec une structure robuste et un équilibre remarquable. Les vins issus du Prunelard présentent souvent des arômes intenses de fruits mûrs et d’épices, ce qui en fait des vins appréciés par les amateurs de rouges complexes.
Direction la Haute-Garonne maintenant avec le Bouysselet, une variété de raisin de cuve, qui trouve ses origines dans le vignoble de Fronton. Pendant plusieurs décennies, le cépage avait quasiment disparu, jusqu’à ce qu’il soit redécouvert par des passionnés tels que Diane et Philippe Cauvin du château de la Colombière. Aujourd’hui, le Bouysselet renaît de ses cendres, suscitant un intérêt croissant parmi les vignerons de Fronton. En effet, ces derniers envisagent même la création d’une AOC Fronton blanc à base de ce cépage.
Cette variété, issue d’un croisement entre le Savagnin et le Plant de Cauzette, présente effectivement des caractéristiques intéressantes pour les vignerons. Sur le plan agronomique, le Bouysselet se distingue par sa résistance, étant peu sensible aux maladies telles que le mildiou et la pourriture grise. Les grappes sont caractérisées par leur petite taille, tandis que les baies sont de taille moyenne, dotées d’une pellicule épaisse et pruinée.
Du point de vue œnologique, les vins issus du Bouysselet sont réputés pour leur vivacité, leur minéralité et leur équilibre entre teneur en alcool et acidité. Ils offrent une palette aromatique complexe, évoquant selon le terroir des notes de poire, de pomme, de mirabelle, de tilleul, ainsi que des saveurs de fruits secs et de pierre à fusil. En bouche, ces vins se révèlent droits, puissants, amples et riches, avec une structure tannique marquée, et une finale fraîche, tonique et longue, selon PlantGrape.
Dans l’Aveyron, un cépage d’Occitanie a bien failli disparaître. Le Felen, raisin de cuve originaire de la vallée du Lot en Aveyron, revient à la mode. Malgré ses qualités, le Felen reste encore discret. Les amateurs de vins pourront le retrouver dans certaines cuvées du vignoble de Marcillac, dans l’Aveyron.
Sur le plan agronomique, ce troisième cépage est apprécié pour sa vigueur et sa production régulière. En termes de sensibilité aux maladies, il se révèle moyennement affecté par le mildiou et l’oïdium, mais il affiche une faible sensibilité à la pourriture grise, ce qui en fait un choix intéressant pour les viticulteurs qui souhaitent minimiser les traitements phytosanitaires.
Ses feuilles jeunes présentent une couleur verte avec des « plages bronzées », tandis que les feuilles adultes sont « cunéiformes ou pentagonales, avec des lobes peu profonds ». Les baies sont elliptiques et les grappes sont de taille moyenne à grosse. En ce qui concerne ses potentialités technologiques, le Felen produit des grappes moyennes à grosses et des baies petites à moyennes. Les vins élaborés à partir de ce cépage sont plutôt neutres, présentant à la fois une acidité marquée et un caractère alcoolique, idéal pour un vieillissement prolongé sur lies et en barriques.
Direction le Languedoc pour les deux derniers cépages d’Occitanie tombés dans l’oubli. Le Rivairenc, un raisin de cuve également connu sous le nom “Aspiran noir”, est une variété emblématique originaire de la région depuis des siècles. Cultivé depuis très longtemps dans le Languedoc, il a vu sa production réduire à partir des années 60 avant de réapparaître ces dernières années. Le Rivairenc serait d’ailleurs le parent de nombreux cépages locaux, tels que l’Oeillade, le Terret et le Cinsault.
Ses feuilles orbiculaires à cinq lobes, ses baies elliptiques courtes et son port de vigne assez érigé en font une variété reconnaissable au sein des vignobles. Le Rivairenc prospère dans les zones chaudes et les terroirs secs, affichant une vigueur modérée. Ses grappes, assez grosses, nécessitent une taille courte, et sa sensibilité aux gelées hivernales exige une attention particulière de la part des viticulteurs. Néanmoins, sa résistance à la pourriture grise en fait un choix idéal pour les vignerons, bien qu’il puisse être plus vulnérable face à certains champignons comme l’oïdium et le mildiou. Il est principalement destiné à la production de vins légers et peu colorés, avec un potentiel en sucre relativement faible.
Toujours dans le Languedoc, le Terret noir est une variété de raisin de cuve, utilisée principalement dans la production de vin. Très discret, le cépage se retrouve désormais dans certains vins élaborés dans l’Hérault, département d’origine du Terret. Il présente une sensibilité notable au mildiou, à l’oïdium ainsi qu’aux maladies du bois, nécessitant une attention particulière lors de sa culture. Caractérisé par des grappes généralement grosses et des baies de taille moyenne, le Terret noir donne naissance à des vins légers, peu alcoolisés et peu colorés. Cette particularité en fait un choix intéressant pour certaines productions vinicoles, notamment pour des vins à la structure légère et au profil aromatique délicat.
Il connaît ses heures de gloire dans les années 70 avant un déclin considérable. Cependant, la variété qui a fait l’objet d’études et de sélection spécifiques, présente des caractéristiques agronomiques distinctes, telles qu’un niveau de production inférieur à moyen, ainsi que des grappes et des baies de dimensions plus modestes par rapport à d’autres plants. Tous ces cépages ne sont qu’une infime sélection de ceux qui sont tombés dans l’oubli et qui refont progressivement surface en Occitanie.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé.
Commentaires
Christian Michel le 01/03/2025 à 20:23
Sujet très intéressant les cépages anciens peuvent aider les vignerons pour la diversité du vin !