Au lendemain des élections des Chambres d’agriculture, les Écologistes prennent acte de la montée des listes radicales en Occitanie ; ils questionnent le mode de scrutin et proposent l’ouverture des instances à la société civile et aux consommateurs.
Les urnes ont parlé. Ce jeudi 6 février, les résultats des élections des Chambres d’agriculture sont tombés : en Occitanie, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) restent majoritaires, mais ils perdent du terrain. Sur 13 départements que compte la Région, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles parvient à en garder huit. La Coordination rurale remporte la Lozère, le Tarn et le Gers. En Haute-Garonne, la liste “Unis pour notre avenir”, soutenue par les Ultras de l’A64 et son porte-parole Jérôme Bayle, s’impose. Quand l’Ariège reste aux mains de Philippe Lacube, président sortant, et sa liste “Libre de cultiver notre avenir”.
Les Écologistes, observateurs intéressés de ce scrutin, prennent acte : « Nous ne sommes qu’à moitié étonnés », avoue Isabelle Meiffren, porte-parole Europe Écologie-Les Verts Midi-Pyrénées. Selon les Verts, la position hégémonique de la FNSEA depuis des années muselait les autres voix, qui ont décidé aujourd’hui de se faire entendre. « De nombreux agriculteurs ne se reconnaissent pas, ou plus, dans les modèles intensifs et productivistes défendus par le syndicat majoritaire, et c’est légitime », analyse-t-elle. Le problème étant que ceux-là se sont tournés vers des mouvements radicaux, « dont le Rassemblement national courtise les éléments les plus véhéments ». Tout en précisant qu’il n’y a pas de bons ou de méchants, les Écologistes s’inquiètent des futures négociations avec le ministère de l’Agriculture, car « on n’obtient rien de bon par les intimidations et la violence ».
Isabelle Meiffren, qui se positionne pour le pluralisme syndical, estime que ces élections seraient beaucoup plus représentatives si le mode de scrutin était modifié. Elle fait ici référence à la prime majoritaire. En effet, dans les chambres d’agriculture, la liste arrivée en tête, quel que soit le score obtenu, s’arroge 50% des sièges du collège des chefs d’exploitation. L’autre moitié étant répartie à la proportionnelle. « Avec ce fonctionnement, les systèmes alternatifs, innovants n’ont pas droit au chapitre. Une vraie proportionnelle permettrait aux syndicats qui prônent d’autres modes d’agriculture de s’exprimer, comme la Confédération paysanne par exemple », précise la porte-parole locale des Verts.
De même, les Écologistes Midi-Pyrénées plaident pour l’ouverture des chambres d’agriculture à la société civile et aux consommateurs. « Les associations de protection de l’environnement, de défense des consommateurs, et même, pourquoi pas, des chercheurs en agroéconomie devraient pouvoir y siéger », explique Isabelle Meiffren. L’idée serait ainsi que tous les acteurs, du producteur au citoyen qui consomme, soient représentés lors de l’élaboration des politiques publiques en matière d’agriculture. Pour les Verts, il est ainsi primordial d’intégrer la préoccupation environnementale et la santé publique à toutes discussions. « Il est urgent de travailler à un nouveau contrat social, sous peine d’un système régressif », affirme la militante EELV. Et sa formation de conclure : « Sur fond de crise climatique majeure, l’agriculture et l’alimentation, autrement dit la santé des écosystèmes et celle des Françaises et des Français, est un sujet trop grave et sérieux pour le laisser en vase clos entre les mains de syndicats majoritairement peu soucieux des générations futures. »
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