En Occitanie, 96% des seniors vivent à domicile, mais 8% d’entre eux sont en perte d’autonomie et demandent une aide pour les gestes de la vie courante ; une situation plus fréquente dans la région que sur le reste du territoire français.
L’Occitanie est vieillissante. C’est même la cinquième région de France où le nombre de personnes âgées est le plus important. En effet, 29% de la population avait plus de 60 ans en 2020, selon les derniers chiffres de l’Institut national de statistiques (Insee). Et si les courbes démographiques suivent les prévisions, les seniors représenteront un tiers des habitants d’Occitanie en 2030. Une proportion conséquente qu’il convient d’évaluer pour mettre en place des politiques publiques liées au vieillissement. En effet, pour faciliter le maintien à domicile, il est indispensable de connaître les conditions de vie des personnes concernées.
Ainsi, dans le cadre de son enquête “Vie quotidienne et santé“, l’Insee estime que « 96% des seniors, soit 1,7 million de personnes, vivent à domicile ». Un pourcentage qui diminue au fur et à mesure que l’âge augmente, puisque la dépendance s’accentue proportionnellement au cumul des années et entraîne des difficultés croissantes à vivre chez soi. D’autant qu’à partir de 85 ans, les personnes âgées se retrouvent majoritairement seules.
Selon l’étude menée par l’Insee, « 141 000 seniors vivant à domicile en Occitanie sont en perte d’autonomie en 2021, soit 8,3% des plus de 60 ans ». Un chiffre supérieur de 1,1 point à la moyenne nationale. On parle ici de personnes âgées rencontrant des difficultés dans les gestes du quotidien : « problèmes moteurs (difficultés pour marcher, monter un escalier, se servir de ses mains…), de limitations sensorielles empêchant de voir ou d’entendre correctement même en étant appareillé, ou encore de troubles cognitifs (difficultés pour se concentrer, prendre des décisions, comprendre les autres…) », décrit l’Institut. Une situation touchant majoritairement les femmes, dont l’espérance de vie reste supérieure à celle des hommes.
Pour expliquer la perte d’autonomie chez les seniors occitans vivant chez eux, plus importante que celle des autres Français, l’Insee avance d’abord le taux de pauvreté. En effet, celui-ci étant plus élevé en Occitanie qu’en France métropolitaine (16,8% contre 14,4% en 2020), le phénomène est mécanique. En revanche, lorsque les statisticiens mettent ce facteur de côté, le nombre de personnes âgées maintenues à domicile dont les fonctions régressent reste supérieur au niveau national. Pour eux, les paramètres de l’âge et du sexe ne justifient pas non plus cette particularité régionale puisqu’ils restent, eux, dans la moyenne. Alors, « l’accès à des places en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) plus limité qu’en moyenne en France métropolitaine et l’offre de soins infirmiers à domicile plus développée » expliquerait davantage que plus de seniors restent dans leur domicile, même en situation de perte d’autonomie.
En effet, « la quasi-totalité des seniors vivant à domicile, et même tous ceux de plus de 85 ans, reçoivent une aide dans leur vie quotidienne », constate l’Insee. Qu’il s’agisse d’une assistance de leurs proches (conjoint, parent, enfant, ami…), de prestations professionnelles (infirmier, aide-ménagère, aide à vivre…), d’appui technique (canne, déambulateur, fauteuil roulant, lit médicalisé…) ou d’aménagements spécifiques de leur logement (barre d’appui, douche adaptée, porte élargie…). Évidemment, en vieillissant, ils ont davantage recours à ces aides, voire les cumulent.
Le maintien chez soi peut également nécessiter des aides financières. À ce titre, les seniors peuvent prétendre à l’allocation personnalisée d’autonomie (APA à domicile). Naturellement, celle-ci est d’autant plus demandée que l’âge des bénéficiaires augmente. En Occitanie, en 2021, « 5,6% des personnes âgées de 60 ans ou plus bénéficient de l’APA à domicile en Occitanie, quand cette part passe à 15% des plus de 75 ans », observe l’Insee.
Commentaires
Dr Jacques Manya le 23/02/2025 à 09:29
A travers GC2S, "Géria Conseil Stratégie en Santé" je travaille avec les collectivités territoriales ( communautés de communes) pour la prise en compte de la transition gérontologiques dans les politiques publiques.
Avec la Communauté de Communes Sud Roussillon, nous mettons en place une méthodologie de "repérage des fragilités" chez les personnes âgées de manière à anticiper au plus près, au plus juste et au plus équitable, la nécessité d'une institutionnalisation ou d'un plan d'aide renforcé à domicile.
Dr Jacques Manya, gériatre GC2S