En Occitanie, les femmes sont souvent plus exposées à la précarité après une séparation, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Entre baisse de revenus, difficultés d’accès au logement et charge des responsabilités familiales, leur situation est souvent plus instable que celle des hommes.
Une nouvelle étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) s’intéresse aux conditions de vie des femmes en Occitanie après une séparation. Selon ses observations, entre 2014 et 2020, près de 3% des couples se séparent chaque année dans la région. Ce phénomène touche plus particulièrement les unions libres (12% de ruptures annuelles) que les couples pacsés (3%) ou mariés (1%). Ces séparations, si elles affectent émotionnellement les deux individus concernés, ont des conséquences plus marquées pour les femmes, notamment en termes de niveau de vie et de précarité.
Le premier constat fait par l’Insee est le suivant : « Les séparations conduisent souvent à une diminution forte des niveaux de vie du fait de l’arrêt de la mise en commun des revenus au sein du couple et de la fin de la cohabitation. » En effet, durant la relation, certaines dépenses sont souvent mutualisées, mais lorsque le couple se sépare, elles pèsent plus lourd. « En particulier, le logement et les dépenses qui y sont associées (assurance, charges d’électricité, de chauffage, abonnement internet, etc.) sont supportés par chacune des deux personnes séparées », comme le précise l’Insee. Ainsi, l’année de la rupture, le niveau de vie médian des personnes concernées diminue en moyenne de 13%, soit une perte de 220 euros par mois. Cet impact est cependant plus prononcé pour les femmes : leur niveau de vie recule de 17% (-300 euros), contre 7% (-120 euros) pour les hommes.
Cette inégalité s’explique notamment par des revenus d’activité plus faibles des femmes avant la rupture, celles-ci contribuant en moyenne à 36% des revenus du couple. De plus, elles ont plus souvent la garde des enfants, ce qui alourdit également leurs charges financières. Ainsi, les mères qui obtiennent cette garde voient leur niveau de vie médian chuter de 21% (-350 euros par mois), malgré les aides sociales et les pensions alimentaires.
Cette baisse du niveau de vie des femmes accentue également le risque de pauvreté. En effet, l’Insee poursuit en expliquant que l’année de la séparation, 26% des femmes sont considérées comme pauvres, contre 18% des hommes. Parmi elles, 17% basculent sous le seuil de pauvreté lors de la rupture. Le retour à l’emploi constitue une issue pour certaines, mais il reste limité par la nécessité de concilier vie professionnelle et garde des enfants. Les femmes les plus modestes, souvent contraintes à des emplois précaires et à temps partiel, peinent ainsi à améliorer durablement leur situation.
« Après une rupture, une partie des femmes reprend une activité professionnelle ou augmente son temps de travail. Pour les femmes les plus modestes, le revenu d’activité augmente de 610 à 710 € mensuels en moyenne après la séparation. Ces revenus restent très faibles, le retour à l’emploi s’opérant plus fréquemment sur des postes à temps partiel et à durée limitée », précise l’étude.
Une situation qui a tendance à s’éterniser car, deux ans après la séparation, le niveau de vie des femmes reste inférieur de 9% à celui d’avant la rupture, alors que les hommes retrouvent quasiment leur situation initiale. Malgré les pensions alimentaires que le père des enfants peut verser, l’Insee note une différence flagrante entre les femmes issues de ménages modestes et celles issues des plus aisés. « La baisse de niveau de vie est moins prononcée pour les femmes issues des ménages les plus modestes (-3%) que pour les femmes les plus aisées (-27%). Toutefois, leur niveau de vie médian avant séparation (1 040 € mensuels) était déjà inférieur au seuil de pauvreté (1 097 €). Après séparation, il s’établit à 1 010 € mensuels », détaille l’institut de statistiques.
Par ailleurs, « les femmes se remettent moins souvent en couple (26%) que les hommes (29%), en particulier lorsqu’elles ont des enfants à charge », comme l’indique l’Insee. En effet, deux ans après la rupture, 19% des mères vivent à nouveau en couple, contre 32% pour celles qui n’ont pas d’enfant.
Enfin, outre l’impact économique, la séparation se traduit souvent par un changement de logement. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à déménager (54% contre 48%), et la part des propriétaires chute significativement pour elles (-16 points contre -8 points pour les hommes). Deux ans après, elles restent moins souvent propriétaires de leur logement que les hommes (41% contre 49%).
Commentaires