Le projet européen SpongeWorks a sélectionné trois sites dont la Vallée de la Lèze, à cheval entre la Haute-Garonne et l’Ariège, afin d’expérimenter des solutions pour améliorer la gestion de l’eau et restaurer les écosystèmes aquatiques face à la sécheresse. De nombreuses mesures y sont proposées notamment en partenariat avec les agriculteurs pour analyser comment les territoires peuvent s’adapter aux différents phénomènes climatiques.
Dans un contexte de sécheresses plus fréquentes et d’événements climatiques extrêmes, la Vallée de la Lèze, située à cheval entre la Haute-Garonne et l’Ariège fait face à des défis majeurs en matière de gestion de l’eau. L’artificialisation des sols, l’érosion et la disparition des zones humides ont accentué les tensions sur cette ressource essentielle. Afin de trouver une solution plus pérenne quant à la gestion de l’eau, 28 acteurs européens, dont le CNRS, se sont regroupés au sein du projet SpongeWorks. Leur objectif : rétablir la capacité naturelle du territoire à stocker et réguler l’eau.
« L’Europe se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète. L’impact futur des phénomènes météorologiques extrêmes dépend de la capacité naturelle des paysages européens à retenir puis à libérer progressivement l’eau, comme une “éponge” », voici l’hypothèse sur laquelle travaille le projet Spongeworks.
Les 28 partenaires européens ont ainsi sélectionné trois sites pour tester des mesures « éponges ». Ceux-ci sont situés dans des régions européennes aux caractéristiques différentes, leur permettant de mieux diversifier les expérimentations : les bassins versants de La Lèze en France, Vecht entre l’Allemagne et les Pays-Bas, et Pinios en Grèce.
« L’objectif est de restaurer les processus naturels qui permettent aux sols et aux milieux aquatiques de mieux retenir l’eau, pour limiter les sécheresses en été et les inondations en hiver », expliquent José Miguel Sànchez-Pérez, directeur de recherche du CNRS de Toulouse impliqué dans le projet, et Sabine Sauvage, ingénieure de recherche CNRS.
Pour atteindre cet objectif, plusieurs actions ont déjà été mises en place sur le terrain. L’une d’elles consiste à restaurer les zones humides en réintroduisant des végétations adaptées capables de jouer un rôle d’éponge naturelle. Le long des cours d’eau, les ripisylves, ces forêts riveraines, sont renforcées afin de stabiliser les berges et filtrer les polluants.
Dans les parcelles agricoles, des haies bocagères et des bandes enherbées sont replantées pour limiter le ruissellement et favoriser l’infiltration de l’eau dans les sols. Par ailleurs, des mares et des fossés ont été recréés à des endroits stratégiques afin de ralentir les écoulements et alimenter la nappe phréatique. Les ingénieurs du CNRS ajoutent : « À d’autres endroits, nous avons aussi planté des arbres au milieu des terres agricoles, pour qu’ils puissent retenir un peu plus l’eau. » Ils poursuivent : « Ce sont des aménagements simples mais efficaces, qui permettent de recréer un équilibre entre l’eau et les sols, tout en offrant des habitats pour la biodiversité. »
La mise en place de ces mesures se fait progressivement dans la vallée de la Lèze. Les ingénieurs du CNRS suivent déjà de près leur efficacité à travers des relevés hydrologiques et biologiques. L’évolution du niveau des nappes, le débit des ruisseaux et la qualité de l’eau font l’objet d’un suivi précis.
« Il s’agit d’une approche basée sur le terrain et sur des données mesurables, ce qui est essentiel pour adapter les stratégies et convaincre d’autres territoires d’adopter des solutions similaires », souligne Sabine Sauvage. Avec le projet SpongeWorks, la vallée de la Lèze et les deux autres sites sélectionnés deviennent un laboratoire à ciel ouvert pour la gestion durable de l’eau. Les résultats et observations réalisées pourraient inspirer d’autres régions confrontées aux mêmes défis, à l’heure où l’adaptation aux dérèglements climatiques devient une nécessité.
Commentaires