Donald Trump menace d’augmenter les taxes douanières de l’Union européenne, une décision qui aurait un impact certain pour l’Occitanie. C’est, en tout cas, ce que redoute Claire Fita, députée européenne de la région.
La socialiste Claire Fita, députée européenne d’Occitanie et membre de la Commission des affaires économiques et monétaires, se dit « très inquiète ». L’objet de son inquiétude ? La menace du nouveau président des Etats-Unis, Donald Trump, d’imposer des taxes douanières supplémentaires à l’Union européenne. Et ce, sur l’ensemble de ses produits. Une décision qui ne serait pas sans impact. « La mise en œuvre d’une hausse des tarifs douaniers serait un réel choc économique », estime la députée européenne qui évoque « une guerre commerciale ». Mais à quoi peut-on s’attendre, concrètement ? « Si on prend l’hypothèse d’une augmentation de 10% des tarifs de douane, cela représenterait une baisse de 1% du PIB de la zone euro. Pour la France, les estimations sont à 0,73% de baisse », détaille la socialiste. Il faut dire que « les États-Unis sont le premier partenaire commercial de l’Europe », indique Claire Fita. « Ils représentent 20% des exportations européennes », ajoute-t-elle. Quant à la France, les États-Unis sont son 4e client, selon le Trésor public. Il en est de même pour l’Occitanie. « L’Allemagne arrive en premier, puis l’Inde, l’Espagne et ensuite, les Etats-Unis. Le montant global des exportations de la région vers ce dernier s’élevait à 3,3 milliards d’euros en 2024 », précise la députée.
Ainsi, « l’Occitanie est exposée » à cette menace d’augmentation des taxes douanières de Donald Trump. « Nous avons dans notre région des filières qui sont fortes, très présentes et qui pourraient être particulièrement touchées », alerte l’élue. La socialiste cite ainsi « l’aéronautique, le spatial, l’agriculture et la viticulture qui sont des piliers économiques au niveau régional ». Et c’est la dernière qui est « objectivement la plus menacée », selon Claire Fita. La députée rappelle : « En 2019, Donald Trump avait augmenté les tarifs douaniers de 25% sur nos vins et spiritueux. Ce qui avait causé une perte de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires et de 40% des ventes pour la filière viticole française. Joe Biden avait ensuite suspendu ces tarifs douaniers ». Cette nouvelle menace de Donald Trump viendrait donc de nouveau mettre à mal la filière au niveau national, mais aussi local. « Notre région est la première exportatrice en volume de France. Et les Etats-Unis se placent au 4e rang des destinations en termes d’exportations en volume et le deuxième en valeur », révèle la députée avant de poursuivre : « Comme ils ne sont donc pas la principale destination, on pourrait se dire que ce n’est pas si catastrophique. Mais ces augmentations de taxes viendraient s’ajouter à un contexte de difficultés ». « La viticulture de notre région est extrêmement fragile », déplore Claire Fita en faisant référence aux aléas climatiques et au manque d’eau.
Parmi les autres produits qui pourraient être impactés, la députée désigne notamment l’Armagnac « qui s’exporte à hauteur de 50% » ou le Roquefort qui représente « 2 000 emplois dans la région ». Et si l’aéronautique est « moins menacé », d’après l’élue, « certains défis que le secteur doit relever, comme l’avion décarboné, pourraient être handicapés et hypothéqués » par les décisions de Donald Trump qui a, par ailleurs, dit qu’il abandonnait le “Green New Deal” qui englobe des projets d’investissement pour répondre aux enjeux environnementaux et climatiques. De même, Claire Fita craint un impact sur l’IA et le numérique, qui comptent « un peu moins de 20 000 entreprises en Occitanie », face à « la logique d’abandon de projets éthiques dans ces secteurs par le président des Etats-Unis ».
Mais la députée ne laissera pas faire. « Ma responsabilité est de me battre pour ma région, nos filières et défendre à Bruxelles nos enjeux », considère-t-elle. L’élue a ainsi contacté « la présidente de la Région Occitanie, mais aussi le président du Ceser (Conseil économique, social et environnemental régional, NDLR) et les présidents des chambres régionales et consulaires pour leur proposer une collaboration afin d’anticiper les enjeux qui nous attendent et d’être réactifs pour influencer l’Etat français, la Commission européenne et l’ensemble des parlementaires ». Elle compte sur ce travail collectif pour que « l’Europe ne devienne pas le 51e Etat américain ». « Je veux porter une Europe souveraine. En clair, une Europe qui se défend, qui protège ses intérêts et qui assume le rapport de force, mais également une Europe qui produit », souligne-t-elle. Pour la socialiste, l’Union Européenne doit « se faire respecter » et donc apporter « une réponse forte » face à la menace de Donald Trump.
Et, pour cela, « elle dispose des outils nécessaires », affirme Claire Fita qui fait référence aux instruments d’anti-coercition « qui s’adaptent tout à fait au cas de figure qui pourrait être le nôtre ». « Nous avons la capacité de mettre en œuvre tout de suite l’augmentation des tarifs douaniers, mais aussi la restriction, voire l’interdiction de l’accès à des produits de notre marché intérieur ou encore l’exclusion du marché public européen », informe l’élue avant de préciser que le but « n’est pas de les mettre en place, mais d’obtenir un effet dissuasif ».
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