L’Ehpad des Trois fontaines à Muret propose à ses résidents atteints d’Alzheimer d’effectuer des “voyages thérapeutiques” à bord d’une réplique de wagon de train installée dans l’espace de vie commune, afin de les aider à calmer leur anxiété et à se remémorer leurs souvenirs du passé.
« Contrôle des billets ». À Muret, l’unité protégée de l’établissement d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes (Ehpad) des Trois fontaines propose à ses 14 résidents atteints d’Alzheimer une expérience pour le moins originale. En totale immersion dans une réplique de wagon de train, les patients ont la possibilité de choisir leur destination : la Suisse, les Pyrénées, Toulouse… Sans toutefois parcourir un seul kilomètre, puisque les paysages surplombants les chemins de fer sont en réalité projetés sur un écran géant, semblable à une fenêtre de train. « Nous appelons ça la thérapie par le voyage. C’est un traitement non médicamenteux qui permet de répondre aux troubles du comportement que peuvent avoir les résidents atteints de pathologies neurodégénératives », explique Elsa Esteyrie, directrice de la maison de retraite appartenant au groupe Enedis.
Concrètement, ce train thérapeutique aide les résidents à calmer leur anxiété. « Parfois, les personnes atteintes d’Alzheimer ont le désir de partir, de s’occuper de leurs parents, d’aller chercher leurs enfants à école. Certains font même leurs valises. À ce moment-là, les aides-soignants du service leur proposent calmement de monter dans le train et de faire un voyage, ce qui permet de les apaiser », observe Elsa Esteyrie. Selon une étude réalisée par la maison de retraite, ces épisodes nerveux interviennent principalement en fin de journée, entre 16h30 et 21h. Horaires durant lesquelles les patients sont davantage en demande de voyage. À la sortie, tous se disent « ravis » de l’expérience, affirme Elsa Esteyrie : « Les soignants, aussi, sont heureux de constater les effets positifs de la thérapie sur les résidents ».
À terme, l’objectif de l’unité protégée des Trois fontaines est de diminuer les doses médicamenteuses de ses patients. « Il est encore trop tôt pour dire que les voyages thérapeutiques ont une influence sur la prise d’anxiolytiques chez les personnes atteintes d’Alzheimer. Mais il est certain que nous effectuerons bientôt une étude pour le déterminer », confie la directrice de l’établissement.
« Ces personnes âgées utilisaient davantage le train comme moyen de locomotion lorsqu’ils étaient plus jeunes », constate Elsa Esteyrie. Monter à bord leur permet donc de se remémorer leurs souvenirs d’enfance ou de voyages réalisés avec leurs familles. Et pour accentuer l’illusion, les aides-soignants du service se prêtent au jeu. Casquette d’agent de service ferroviaire vissée sur la tête, ils contrôlent les billets des passagers, proposent un rafraîchissement ou demandent si le voyage se passe bien. « Cette immersion totale aide les résidents à communiquer plus facilement. Car les discussions sont souvent difficiles avec les patients atteints d’Alzheimer. Mais dans le train, les conversations se fluidifient, que ce soit entre eux, avec les membres de leurs familles ou avec le personnel soignant », assure la directrice de l’établissement.
« La cadre de santé Marion Balducci et moi-même avons découvert l’existence des voyages thérapeutiques grâce à un reportage diffusé il y a quelques années à la télévision », raconte Elsa Esteyrie, qui a directement adhéré au concept. Alors, la directrice de l’établissement et son associée ont profité du déménagement de l’Ehpad du Barry vers celui des Trois fontaines l’année dernière pour développer le dispositif à grande échelle. Le train, imaginé grâce à une collaboration entre le personnel médical et l’architecte de la résidence, est donc installé depuis mi-juillet dans l’espace de vie de l’unité protégée.
Au total, les 14 résidents du service ont déjà effectué plus de 140 voyages, d’une durée moyenne de 45 minutes à une heure. À terme, l’objectif de l’Ehpad est de pouvoir proposer la thérapie par le voyage à l’ensemble de ses résidents. Comme pour les patients atteints d’Alzheimer mais dans une moindre mesure, le traitement non médicamenteux pourrait en effet aider les personnes âgées à calmer certains troubles du comportement, comme les déambulations.
Commentaires