Face aux défis économiques et climatiques, l’Ariège réorganise la gestion de ses huit stations de montagne. Un syndicat mixte départemental va voir le jour pour mutualiser les ressources, moderniser les équipements et développer un tourisme durable, bien au-delà du seul modèle hivernal.
Le Conseil départemental de l’Ariège a franchi une étape décisive pour l’avenir de ses domaines skiables. Réunis en séance plénière le 19 mai dernier, les élus ont voté la saisine du préfet en vue de créer un syndicat mixte départemental qui regroupera les trois syndicats existants – Haute-Ariège, Pays d’Olmes et Couserans – ainsi que la commune d’Ax-les-Thermes. Objectif : mutualiser la gestion, les investissements et les subventions des huit stations, dans un contexte où la viabilité économique et climatique du “tout ski” est de plus en plus interrogée.
Fruit d’un an de travail associant les trois communautés de communes, la commune d’Ax-les-Thermes et le Département, cette structure ouverte disposera d’un comité de 25 délégués. Chaque membre comptera une voix, à l’exception d’Ax-les-Thermes qui en aura deux lorsqu’il s’agira d’investissements. Le mode de financement prévoit, d’une part, une contribution fixe pour solder les déficits passés et, d’autre part, une contribution variable destinée à équilibrer chaque exercice budgétaire. Les statuts retiennent une subvention d’équilibre globale d’environ 3 millions d’euros par an, à rajouter aux 12 millions espérés des remontées mécaniques.
Cette rationalisation répond à une double pression : les observations de la Cour régionale des comptes, qui exige un retour à l’équilibre, et la raréfaction de l’enneigement. « Dans un contexte de changement climatique le modèle “Tout ski” est à revoir », rappelle le Conseil départemental de l’Ariège. La future entité devra donc accélérer la diversification engagée ces dernières années : VTT, trail, thermalisme, mais aussi rénovation de l’immobilier de loisirs et amélioration du marketing.
Une étude pilotée depuis 2021 par la Compagnie des Pyrénées, la Compagnie des Alpes, la Région Occitanie et la Banque des Territoires propose « de définir une feuille de route des investissements à 15 ans d’un montant global de 78 millions d’euros ». Ces dépenses permettront aussi bien de sécuriser les infrastructures (normes, grandes visites) que de financer des équipements quatre-saisons.
Le nouveau syndicat ambitionne de hisser les stations de l’Ariège au rang de locomotive économique départementale – elles génèrent déjà quelque 70 millions d’euros de retombées annuelles – tout en assurant la cohésion des vallées. « Le syndicat a pour objet d’assurer la réalisation d’un projet d’aménagement du territoire, de développer harmonieusement le tourisme à l’échelle départementale, et la gestion durable de ses stations de montagne », précise encore le Conseil départemental.
Si le préfet valide rapidement les statuts, la structure pourrait voir le jour dès le second semestre 2025, ouvrant la voie à un modèle de gouvernance unifié présenté comme plus résilient et plus attractif pour les partenaires publics et privés.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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