L’enquête sur le crash d’un avion de voltige d’Aura Aero sur la commune de Prat-Bonrepaux en Ariège en avril 2022 est terminée. L’accident qui a fait deux morts est dû à des facteurs techniques, organisationnels et humains.
Le Bureau d’enquêtes et d’analyses d’État (BEA-E) a dévoilé lundi 27 mars son rapport d’enquête sur l’accident d’un prototype d’avion de l’avionneur toulousain Aura Aero. Le 12 avril 2022, le biplace Intégral R s’est écrasé sur la commune de Prat-Bonrepaux, près de l’aérodrome de Saint-Girons, en Ariège.
L’aéronef a été détruit et les deux membres d’équipages sont décédés. Il s’agit de deux champions du monde de voltige aérienne : Simon de la Bretèche et Baptiste Vignes.
Le jour de l’accident, l’appareil effectue son 146e vol d’essai dans le cadre du processus de certification. Il est surveillé pas un ingénieur au sol. Tout se déroule bien, jusqu’à la réalisation d’un virage serré à 7g, soit sept fois le poids du corps.
« Alors qu’il franchit une altitude de 7 000 pieds en descente à 330 km/h, la palette droite (une pièce sous l’aile droite, ndlr) est arrachée et l’appareil subit probablement une entrée en flottement symétrique au niveau des ailerons », selon le rapport. Les pilotes perdent le contrôle de l’avion qui part en roulis. La structure est soumise à des forces anormalement élevées et s’abîme à plusieurs endroits.
« Durant les 16 premières secondes de la chute, l’un des pilotes tente de maîtriser la trajectoire en réduisant les gaz et en contrant au manche et au palonnier », racontent les enquêteurs. « Alors que l’appareil franchit 1 000 pieds en piqué à 420 km/h, un membre d’équipage déclenche tardivement le parachute. Son déploiement provoque la destruction de l’arrière de l’appareil (…). Le reste de l’appareil s’écrase à la verticale quatre secondes plus tard à 130 km/h alors que sa vitesse était en forte diminution sous l’effet du parachute. »
Dans leurs conclusions, les enquêteurs relèvent plusieurs causes ayant entraîné l’accident. Elles relèvent du domaine technique et des facteurs organisationnels et humains. « La perte de contrôle de l’Intégral R est consécutive à une destruction majeure de l’aile droite et à l’entrave partielle des commandes de gauchissement. Ces dommages sont probablement consécutifs à une entrée en flottement symétrique d’ailerons. »
Un retard dans la prise de décision d’actionner les moyens de survie est également noté. Il pourrait s’expliquer par :
– une procédure d’utilisation des moyens de survie qui ne couvre pas toutes les situations ;
– un altimètre principal en mètres alors que les consignes d’urgence sont en pieds ;
– une manette de déclenchement difficilement atteignable sous facteur de charge évolutif ;
– une altération ou une perte de conscience d’un ou plusieurs membre(s) d’équipage ;
– une incapacité médicale du commandant ;
– une désorientation spatiale du pilote ;
– la persévération des pilotes ou de l’un des pilotes à vouloir reprendre le contrôle de la trajectoire et à préserver l’appareil.
À la fin du rapport d’enquête, le BEA-E émet une série de recommandations. Il suggère notamment à Aura Aero de revoir l’emplacement de la manette de déclenchement du parachute.
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