Depuis 10 ans, Toulouse commémore les attentats perpétrés par Mohamed Merah en mars 2012. Le 11 mars, le terroriste assassinait un militaire dans la Ville rose, puis deux autres à Montauban quatre jours plus tard. Avant de pénétrer dans l’école juive Ozar Hatorah et d’y tuer quatre personnes, dont trois enfants.
Le 19 mars 2012, les Toulousains sont sous le choc, en apprenant qu’un homme vient d’abattre un enseignant et trois enfants à l’école juive Ozar Hatorah. Jonathan, Arié et Gabriel Sandler, ainsi que Myriam Monsonego sont les dernières victimes de Mohamed Merah. Quatre jours plus tôt, le terroriste assassinait Mohamed Legouaf et Abel Chennouf, deux militaires, à Montauban. Après avoir abattu Imad Ben Ziaten dans le quartier Montaudran à Toulouse.
Les portraits des victimes du jihadiste Mohamed Merah, lors d’une cérémonie commémorative organisée à Toulouse en mars 2014 par le Conseil Représentatif des Institutions juives de France. Photo: Remy Gabalda/AFP pic.twitter.com/xczqhCUaxA
— Rémy Gabalda (@GabaldaRemy) November 6, 2019
Ce dimanche 11 mars, en milieu d’après-midi, Imad Ben Ziaten se rend dans le quartier de Montaudran pour y rencontrer la personne intéressée par sa moto pour laquelle il a passé une annonce sur le Bon Coin afin de la vendre. Le potentiel acquéreur arrive en scooter et commence par vérifier que son interlocuteur est bien militaire, comme il l’a indiqué sur Internet. A sa réponse positive, le jeune homme dégaine une arme et abat Imad Ben Ziaten d’une balle dans la tête, à bout portant. Il s’agit de la première victime de Mohamed Merah.
Car, quatre jours plus tard, le 15 mars, le même scooter et la même arme, servent au meurtre de deux autres militaires devant un guichet automatique à Montauban. A seulement quelques mètres de leur caserne, Mohamed Legouad et Abel Chennouf tombent sous les balles de celui que l’on appellera “le tueur au scooter”. Quant à Loïc Liber, également présent lors de l’attaque, il est vivant mais dans un état grave. Il restera tétraplégique.
En ce 15 mars, rendons hommage aux caporaux Mohamed Legouad et Abel Chennouf du 17e Régiment du génie parachutiste de Montauban, morts pour le service de la Nation.
— Latifa Ibn Ziaten (@LatifaIbnZ) March 15, 2022
Mes pensées émues vont à leurs familles et proches. N’oublions jamais. pic.twitter.com/CvBbo0J1xt
Et le 19 mars, c’est dans une école juive de Toulouse que Mohamed Merah fait irruption aux alentours de huit heures le matin. Toujours juché sur son scooter, le tueur passe devant l’établissement Ozar Hatorah, situé rue Dalou, et lâche une première salve de mitraillette sur les familles en train de déposer leurs enfants. Parmi ces dernières, Jonathan Sandler et ses deux fils, Arié (5 ans) et Gabriel (4 ans), tous les trois mortellement atteints par l’assaut du terroriste.
Mohamed Merah, armé d’un pistolet, pénètre ensuite dans la cour de l’établissement et abat Myriam Monsonego (7 ans), la fille du directeur de l’école, d’une balle dans la tête. A l’intérieur, c’est la panique et chacun tente de se mettre à l’abri tout en protégeant les autres. Les personnels enseignants comme les élèves sont profondément choqués. Ils le resteront à vie, comme l’explique Jonathan Chetrit, l’un des rescapés, dans son livre “Toulouse, 19 mars 2012” (Ed. Albin Michel).
A peine le temps pour eux de comprendre ce qu’il se passe, que Mohamed Merah est déjà parti. La nouvelle circule rapidement et toute la ville est en alerte. Le quartier est bouclé. Le plan Vigipirate écarlate est déclenché. Et les établissements scolaires sont sommés de maintenir les élèves à l’intérieur, portes closes.
La police judiciaire, dépêchée sur place, sécurise les lieux et entame son travail, interrogeant toutes les personnes présentes et traquant les indices, qui mèneront les enquêteurs jusqu’au “tueur au scooter”. Une vaste chasse à l’homme débute alors.
Les journalistes commencent également à arriver sur les lieux, de même que Pierre Cohen, alors maire de Toulouse. “Touché”, à l’image de sa ville, et sonné par de tels événements, il commente : «Je suis horrifié par cet acte abominable…»
Avec lui, tous les élus locaux se retrouvent sur les lieux du drame, cernés par les journalistes venus recueillir leurs premières réactions. Parmi lesquels Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées à l’époque des faits.
Et Pierre Izard, alors président du Conseil général de Haute-Garonne.
Ne tarde pas à arriver Nicolas Sarkozy, président de la République, accompagné de son ministre de l’Intérieur Claude Guéant. Celui-ci s’assurant que la parquet de Paris a bien ouvert une enquête. Ce sont mêmes trois procédures judiciaires qui sont lancées pour “assassinats et tentatives d’assassinat en lien avec une entreprise terroriste“.
Puis, c’est au tour de toute la communauté juive de la région de se recueillir en ce moment où elle est atteinte dans sa chair. Nicole Yardeni, alors présidente du Crif Midi-Pyrénées et Arié Bensemhoun, président de la communauté juive locale, organisent une conférence de presse pour lancer un appel au calme, tout en ne cachant pas leur effroi.
Quant aux Toulousains, abasourdis par un tel drame, ils commencent à manifester leurs premières marques de soutien aux familles et aux proches des victimes. Des fleurs sont déposées sur la boîte aux lettres de l’école Ozar Hatorah, en signe de compassion.
Les trois jours qui suivent ne sont qu’une succession d’hommages aux victimes et de rassemblements pour la paix. Car pour répondre à la violence et l’horreur, les Toulousains ont choisi de s’unir et de prôner le vivre ensemble. Place du Capitole, des milliers de personnes se retrouvent quotidiennement pour faire bloc face au terrorisme.
Parallèlement, les policiers ont localisé Mohamed Merah, identifié comme étant l’auteur de la tuerie de l’école Ozar Hatorah. Il est repéré, rue du Sergent-Vigné à Toulouse, dans son appartement. Rapidement, le Raid est envoyé sur place et encercle l’immeuble. Et après trente heures de négociations et d’échanges de tirs, de part et d’autre, Mohamed Merah met fin à tout contact. L’assaut est alors lancé, le jeudi 22 mars à 11h30, le terroriste réplique avant de se jeter par la fenêtre en continuant de tirer. Les policiers l’abattent. Epilogue attendu et sans surprise. Les familles des victimes peuvent maintenant commencer à faire leur deuil, et les Toulousains à commémorer cette tragédie pour leur rendre hommage et ne pas oublier.
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