Dans son dernier livre “Comme une chanson”, publié le 17 novembre dernier aux éditions Arcane 17, le romancier et journaliste Brice Torrecillas raconte l’histoire d’un jeune Toulousain qui rêve de devenir un chanteur célèbre. Un ouvrage inspiré de sa propre vie, mêlant ambition et déception dans le monde, parfois cruel, du show business des années 80.
“J’irai au bout de mes rêves”, chantait Jean-Jacques Goldman. Tel est le leitmotiv de Boris Beaumont, le personnage principal de “Comme une chanson“, le dernier livre de l’auteur, professeur et journaliste toulousain Brice Torrecillas. L’écrivain dévoile les souvenirs passés du jeune artiste qui, dans les années 80, travaille corps et âme pour devenir une célébrité de la chanson. Grâce à une petite annonce publiée dans un journal local, il rencontre Paul Maraval, le directeur artistique d’une maison de production de la Ville rose, qui a la fâcheuse habitude d’arnaquer ses clients un peu trop rêveurs.
Mais ce dernier n’abuse pas de la crédulité de Boris Beaumont. Le producteur, qui se révèle aussi être un grand utopiste, croit véritablement au talent du jeune homme et se lie rapidement d’amitié avec lui. Malgré les échecs, dissipés par quelques réussites, les deux compères vont tenter ensemble de faire décoller la carrière du chanteur toulousain, dans le monde – il faut le dire, plutôt épineux – du show business. Si Brice Torrecillas a choisi d’évoquer le monde de la musique dans son dernier roman, ce n’est pas un hasard. Il connaît très bien le milieu.
En effet, Brice Torrecillas s’est inspiré de sa propre histoire pour écrire son roman. Dès l’âge de 10 ans, il se surprend à rêver de devenir un grand artiste. Ambition qu’il continue de poursuivre pendant les deux décennies suivantes en devenant auteur, chanteur et interprète. Le romancier touche alors du doigt le monde du “showbiz”, rencontre des « professionnels très compétents », comme des « gens qui promettent monts et merveilles et ne donnent plus de signe de vie », raconte-t-il, comme s’il narrait l’histoire de Boris Beaumont.
“Comme une chanson” possède donc une part de récit autobiographique. Toutefois, « ce roman reste en grande partie une fiction », prévient Brice Torrecillas. « J’ai inventé beaucoup de passages, imaginé de nouveaux protagonistes, grossi les traits de caractère de certaines personnes qui ont vraiment joué un rôle dans ma vie… », énumère-t-il avant d’ajouter : « J’ai par exemple connu un “Paul Maraval”, mais il était complètement différent de celui que je présente dans mon livre ».
D’ailleurs, le “Paul Maraval” de Brice Torrecillas n’est pas décédé, contrairement à celui du livre. Le roman débute justement par la mort de l’ancien producteur de Boris Beaumont qui « représente tout ce qu’était le show business des années 80 », selon l’auteur. Cet événement pousse le personnage principal à se replonger dans son passé, et se remémorer ses souvenirs de jeunesse. « La perte de cet ami qui a toujours cru en lui le renvoie à tout ce qu’ils ont vécu ensemble. Et il doit faire, à la fois le deuil de cet être cher, à la fois le deuil de son rêve de devenir chanteur, qu’il a abandonné depuis longtemps, mais qu’il enterre pour de bon avec le corps de son ami », analyse Brice Torrecillas.
L’enterrement de Paul Maraval est donc une allégorie. Il représente pour Boris Beaumont ce que représente le roman “Comme une chanson” pour Brice Torrecillas. « J’ai commencé à écrire ce livre il y a plus de vingt ans, lorsque j’ai moi-même baissé le rideau. Sa rédaction m’a aidé à faire le deuil de mon propre rêve. D’être enfin en paix avec moi-même par rapport à cette expérience-là, que je percevais encore il y a quelques années comme un échec. Mais ce n’est plus le cas. Pour preuve, cette histoire m’a permis de publier un livre », sourit-il.
“Comme une chanson” rend donc hommage aux débuts de carrière de son auteur, mais aussi à sa jeunesse passée dans sa région natale. En effet, le roman est truffé de détails permettant de replonger les lecteurs dans leurs propres souvenirs : personnages qui se grillent une cigarette en intérieur, élection de François Mitterrand, cassettes qui se rembobinent, mort de Joe Dassin, émissions de Michel Denisot, témoin lumineux sur le répondeur du téléphone fixe, chansons de Michel Sardou…
« La toile de fond géographique et temporelle du roman correspond parfaitement aux années 80, et plus particulièrement au “Toulouse des années 80” », poursuit Brice Torrecillas. Il y évoque en effet le Stade Toulousain, la rue du Taur, le quartier Saint-Michel, le lac de Saint-Ferréol, mais aussi les communes de Pibrac, Pamiers, Saint-Orens-de-Gameville ou encore Mazamet, ville natale de l’auteur…
Même si le livre fait écho aux années 80, il s’adresse à tous les publics. Particulièrement à tous ceux qui ont ou ont eu « des rêves de gosse », complète l’auteur. « J’espère qu’après avoir lu “Comme une chanson”, les lecteurs ne retiendront pas uniquement les mauvais côtés de la carrière de Boris Beaumont. Je veux qu’ils se souviennent de l’enthousiasme, de la passion, de l’amour, de la sincérité et de la spontanéité de ce personnage tant naïf que rationnel. Parce qu’ils réaliseront que Boris Beaumont poursuit un rêve un peu utopique, mais reste quand même assez réaliste dans tout ce qu’il entreprend, et ne fait pas que des erreurs », affirme l’auteur.
Selon lui, la leçon à tirer de ce livre est que, même si les rêves d’enfants peuvent paraître puérils, il faut toujours les prendre au sérieux. Et se battre pour qu’ils se réalisent, d’une façon ou d’une autre. « Je pense que Boris Beaumont aurait vécu un plus grand échec encore s’il n’avait rien fait pour tenter de réaliser ses envies. Il n’a rien à regretter. Tout au long du récit, il parcours une sorte de rite initiatique de passage à l’âge adulte, dans lequel il se rêve chanteur, mais se révèle en tant qu’écrivain », termine Brice Torrecillas, comme un écho à sa propre carrière dans le monde littéraire, qui a désormais à son actif six ouvrages.
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