La majorité écologiste du conseil municipal de Grenoble a mis fin à la limite de longueur des maillots de bain dans les piscines. Il n’en fallait pas plus pour relancer la polémique relative au burkini. À Toulouse, les avis sont partagés sur la question.
Lundi 16 mai, le conseil municipal de Grenoble a voté la fin de la limite de longueur du maillot de bain. Un nouveau règlement des piscines municipales qui autorise, entre autres, le port du burkini et la baignade seins nus. Une démarche qui n’est pas prête d’être suivie à Toulouse, comme le précise Laurence Arribagé, adjointe au maire en charge de la coordination des politiques sportives : « Je ne suis ni pour ni contre. Il existe un règlement intérieur pour les piscines toulousaines. Celui-ci étant parfaitement équilibré, il n’évoluera pas ».
Celui-ci autorise uniquement les maillots de bain, une ou deux pièces pour les femmes, un slip de bain pour les hommes et un bonnet de bain, et ce, pour des raisons d’hygiène. Il existe cependant une tolérance pour les enfants de moins de 10 ans qui peuvent se baigner en combishort. Pour des raisons de sécurité toute les autres tenues ne sont pas autorisées. Celles-ci pourraient créer une « entrave » au sauvetage des baigneurs et empêcheraient de prodiguer les premiers soins de façon optimale. Enfin, selon le “Conseil des sages de la laïcité”, « les personnes qui fréquentent les piscines sont des usagers du service public. Le principe de laïcité ne leur est donc pas directement applicable », admet-elle. Toutefois, les sages précisent que le port de ces tenues ne doit pas nuire à la vie en commun ni à l’ordre public.
À Grenoble, l’opposition fait savoir son mécontentement. D’autre part, pour Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, l’autorisation du port du burkini « acte définitivement [la] rupture [du maire de Grenoble] avec la laïcité et les valeurs de notre République », dénonce-t-il sur Twitter. Selon Antoine Maurice élu EELV à la mairie de Toulouse, la question n’est pas d’autoriser ou non le port du Burkini, mais seulement de savoir si l’on a le droit de porter un maillot couvrant ou non. Car, selon lui, la modification de ce règlement ne va pas uniquement bénéficier à un profil de personnes : « Cela veut dire que ceux qui souhaitent avoir des maillots couvrants pour des raisons qui leur sont propres, pour des raisons de santé comme par exemple les personnes qui ne peuvent pas mettre leur peau au soleil ou encore les personnes transsexuelles, pourront profiter de ce service public. »
La question de la laïcité est au cœur de la polémique. Si, pour certains, l’autorisation du burkini va à l’encontre du principe de laïcité, pour l’élu toulousain, « il n’y a pas à interdire des vêtements à la piscine pour des raisons de laïcité mais uniquement pour des raisons de sécurité et d’hygiène ». En effet, « la laïcité se définit selon quatre principes. Un principe de liberté de croire ou de ne pas croire, d’égalité de toutes et tous face aux services publics, de séparation stricte de l’Église et de l’État et de neutralité absolue de l’État et des agents publics dans leurs fonctions. La laïcité n’est en aucun cas la neutralité des citoyens et des usagers du service public », résume-t-il.
Kézia Poudou
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