L’Occitanie compte 108 quartiers prioritaires, dans lesquels vivent près 395 000 personnes. La moitié d’entre eux se trouvent en situation de pauvreté, faisant de l’Occitanie « la région de France métropolitaine où la pauvreté monétaire est la plus répandue dans les QPV », selon l’Insee. Décryptage.
Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) ont été créés il y a 10 ans, par la loi Lamy. Depuis, leur nombre ne cesse de croître. En Occitanie, la dernière mise à jour (janvier 2024) de ces zones où interviennent l’État et les collectivités pour réduire les écarts de développement, fait état de 108 quartiers identifiés. « Dix nouveaux quartiers intègrent la géographie prioritaire en 2024. La moitié sont situés dans des départements ruraux : trois dans l’Aveyron, un dans le Tarn-et-Garonne et un en Lozère. Depuis la création du QPV “Fontanilles” à Mende en Lozère, la politique de la ville est présente désormais dans tous les départements d’Occitanie », précise l’Institut national de statistiques (Insee) dans une étude concernant les caractéristiques des quartiers prioritaires.
Ces quartiers d’Occitanie, où vivent 393 100 personnes, concentrent la pauvreté monétaire des villes dans lesquelles ils se situent. La situation de leurs habitants est même particulièrement préoccupante dans la région, au regard de celle des autres QPV de l’Hexagone. En effet, la moitié d’entre eux évolue dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Selon Pierre-Julien Andrieux et Marine Soleilhavoup, auteurs de la publication, « l’Occitanie est ainsi la région de France métropolitaine où le taux de pauvreté dans ces quartiers est le plus élevé (+6,7 points par rapport au niveau national) ».
Précisément, 51% de la population des quartiers prioritaires de la région vit avec moins de 890 euros par mois, pour une personne seule, alors que le seuil de pauvreté est fixé à 1 150€ mensuels, ou avec moins de 1 590€ par mois pour un foyer composé d’un couple et d’un enfant, soit près de 500€ en dessous du seuil critique. Dans certains secteurs, c’est même pire ! En effet, dans les quartiers Bas-Vernet Ancien Zus, Rois De Majorque et Champs De Mars à Perpignan, celui de Pissevin-Valdegour à Nîmes et Iranget Grangette à Béziers, la pauvreté concerne plus de sept habitants sur dix.
Une situation qui s’explique par les difficultés des habitants à intégrer le marché du travail, ou à s’y maintenir. D’après les derniers chiffres dont dispose l’Insee, 40% des personnes âgées de 15 à 64 ans vivant dans un QPV n’ont pas d’emploi et n’en cherchent pas. Et si le phénomène est particulièrement observable chez les femmes et les étrangers dont le taux d’emploi n’est que de 35%, les jeunes restent les plus impactés. Seuls 23% d’entre eux déclarent un travail, et « 30% ne sont ni en emploi ni en formation », note l’Insee.
Et lorsqu’ils occupent un poste, les habitants des QPV d’Occitanie semblent encore fragiles. Pour cause, un quart de ceux qui ont décroché un emploi ont signé un contrat à durée déterminée (CDD), sont en intérim, en apprentissage, en stage ou en contrat aidé. Sans compter que 25% travaillent à temps partiel.
Selon l’Institut national de statistiques, la faible insertion sur le marché du travail des actifs résidant dans un quartier prioritaire est en partie due au manque de diplôme. En effet, quatre sur dix n’en ont pas du tout quand deux sur dix n’ont pas atteint le Baccalauréat. En Occitanie, 42% des jeunes (15-24 ans) issus des QPV ont d’ailleurs quitté le système scolaire. Cependant, la région est la 2e dans laquelle les habitants de ces quartiers ont le plus souvent en poche un diplôme de l’enseignement supérieur…
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