Confronté à une baisse de dons et donc de revenus, le diocèse de Toulouse multiplie les initiatives pour toucher les jeunes générations. Il s’ouvre au numérique et aux nouveaux modes de paiement.
« C’est une machine à carte bleue ? C’est chrétien de faire ça ? » s’emporte Paulette, 83 ans, lorsqu’elle aperçoit la photo d’une installation électronique dans un panier en osier. Son mari André, 91 ans, rigole à gorge déployée en tenant la main de sa femme, toujours offusquée : « C’est n’importe quoi, ils ne savent plus quoi inventer de nos jours. »
« Beaucoup de portefeuilles sont vides de pièces car tout le monde paie par carte bancaire. Nous avons donc pris la décision de créer des paniers connectés pour la quête », explique Arnaud Chabert, économe du diocèse de Toulouse. Lors de la quête, ce sont donc deux paniers qui passent à travers les rangs de l’église. Le premier, le classique, l’authentique. Le second, identique mais avec un terminal de carte bleue. « C’est la même forme. Les donateurs inscrivent le montant sur le terminal. Tout est payé sans contact », reprend Arnaud Chabert.
Baisse des dons depuis plusieurs années, crise du coronavirus, rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église. Autant d’éléments qui ont fortement impacté les revenus du diocèse de Toulouse. Fin mars 2022, il estimait avoir récolté seulement 15% des revenus nécessaires à son bon fonctionnement. Des revenus qui dépendent en majorité des deniers et des quêtes. En ce mois de mai, le diocèse de Toulouse relance donc sa campagne d’appel aux dons, et compte aussi s’appuyer sur ces moyens de paiement numériques.
Le panier de quête connecté, déjà présent dans plusieurs établissements religieux de la Ville rose, se propage. La Basilique Saint-Sernin a été la première à l’instaurer il y a deux ans. « C’était le test », précise l’économe. Aujourd’hui plusieurs l’utilisent, comme l’église Saint-François-d’Assise ou la cathédrale Saint-Étienne.
Logiquement, c’est du côté des plus jeunes que la situation paraît logique. Anna, 23 ans, est chrétienne et pratiquante. Elle estime que cette innovation est une bonne idée pour inciter les jeunes à donner. « Je n’ai jamais d’espèce sur moi et encore moins de pièces. C’est le grand dilemme de notre génération, on paie tout par carte », explique t-elle. « Ici, j’ai juste à saisir le montant et je paie, rien de plus simple. »
Depuis plusieurs années aussi, les cierges de la Basilique Saint-Sernin peuvent être achetés via un terminal électronique. Des machines qui servent également à recueillir les simples dons au diocèse. « Pour les jeunes, le principe de monnaie est à la limite de l’archaïque », sourit Arnaud Chabert. Pour les étudiants, le diocèse de Toulouse a également mis en place un QRcode Lydia pour faire des dons par téléphone. Cette cagnotte a été mise en place il y a un an, même si les plus anciens n’en comprennent pas l’utilité…
Roda Caroline
Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse
Cet article a été écrit par des élèves de l'Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse dans le cadre d'un partenariat avec le Journal Toulousain.
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