La filière aérospatiale en Occitanie enregistre une belle croissance en 2022, principalement portée par l’aéronautique. Mais elle ne retrouve toujours pas son niveau d’avant-crise.
Après avoir été durement touchée par la crise sanitaire, la filière aérospatiale du Grand Sud-Ouest, qui regroupe l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine, se porte de mieux en mieux. Preuve en est, son chiffre d’affaires a augmenté de 18,1% en 2022 comparé à 2021, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Une croissance portée par l’aéronautique. Le chiffre d’affaires de la filière spatiale marque en effet le pas. Il n’a augmenté que de 1,5% en 2022. Pire encore, si l’on regarde par secteurs d’activités, le chiffre d’affaires de l’industrielle spatiale recule (-2,2%). D’après l’Insee, cela s’explique par « des retards dans le développement d’Ariane 6 tout au long d’une année difficile, ponctuée par l’échec du premier vol commercial de la nouvelle fusée Vega-C en décembre ».
De son côté, la filière aéronautique voit son activité s’accélérer fortement. Elle a effectivement enregistré un chiffre d’affaires de +19,7% par rapport à 2021. Presque tous les secteurs d’activités de la filière, que ce soit tertiaires ou industriels, bénéficient de cette forte croissance. Mais c’est la métallurgie qui enregistre la plus belle reprise d’activité (+31,5%). Et ce, après deux années consécutives de forte baisse. Avec une hausse de 20,8% de son chiffre d’affaires, la construction aéronautique progresse aussi, notamment « chez les motoristes dont l’activité est dopée par l’augmentation du carnet de commandes des avionneurs et par le remplacement de pièces de moteurs de la flotte d’avions en service suite à la reprise du trafic aérien », note l’Institut.
Malgré tout, le chiffre d’affaires de la filière aérospatiale n’atteint toujours pas son niveau d’avant-crise. En cause : la hausse du coût des matières premières et le manque de main-d’œuvre. « La flambée des prix des matières premières touche de plein fouet les entreprises de l’industrie aéronautique et spatiale : pour plus de la moitié d’entre elles, ces surcoûts constituent un des principaux obstacles à leur activité. L’autre défi majeur pour la filière porte sur les recrutements », souligne l’Insee. En effet, trois entreprises sur cinq font face à un manque de main-d’œuvre. « Cette difficulté touche toutes les catégories d’entreprises aussi bien dans le tertiaire que dans l’industrie », précise l’Institut. En plus de cela, la filière est confrontée à des problèmes d’approvisionnement.
Dans le détail, certains secteurs peinent plus que d’autres à retrouver un chiffre d’affaires comparable à l’avant Covid. C’est le cas de la construction aéronautique et de la métallurgie (respectivement -21% et -16% en 2022 par rapport à 2019). « La construction aéronautique est pénalisée par des tensions sur la chaîne d’approvisionnement suite à la remontée en cadence. Ces tensions ont notamment contraint Airbus à revoir à la baisse son ambition de livrer 700 appareils sur l’année 2022. La métallurgie pâtit d’une reprise plus tardive que les autres secteurs de la filière, en raison notamment des difficultés de Boeing », détaille l’Insee. Côté spatial, tous les secteurs dépassent leur niveau de chiffre d’affaires de 2019, à l’exception de la construction où l’activité est en repli.
Si l’activité aérospatiale est encore en dessous de son niveau d’avant-crise, l’emploi dans la filière s’en rapproche nettement (environ 2% en dessous du niveau de fin 2019). Ainsi, en 2022, les effectifs ont, après avoir stagné, augmenté de 4,5% en 2022, soit 4 900 emplois supplémentaires. C’est la construction aéronautique et spatiale qui contribue principalement à cette hausse. Elle totalise en effet 44% des postes créés. Au niveau des territoires, les effectifs progressent de 4,3% dans la zone d’emploi de Toulouse. Ce qui représente 2900 postes en plus. Les effectifs augmentent par ailleurs fortement dans la zone de Tarbes-Lourdes (+9%), mais également celle de Foix-Pamiers (+7%) et de Figeac (+4%). En revanche, ils diminuent quelque peu dans la zone d’emploi d’Auch.
Cette hausse de l’emploi est partie pour continuer. D’après l’Insee, les entreprises de la filière devraient en effet « poursuivre les embauches avec un besoin de recrutement qui reste élevé ». « Interrogés sur leurs perspectives, les chefs d’entreprise anticipent une hausse de l’effectif salarié dédié aux activités aérospatiales en 2023 au même rythme qu’en 2022 », annonce l’Institut qui a réalisé une enquête auprès de 2480 entreprises de l’aérospatial courant 2023. Mais comme en 2022, ces dernières se sont heurtées à des difficultés d’embauche. « Ces difficultés croissantes de recrutement sont liées à l’absence de candidats pour 90% des entreprises. Les entreprises évoquent ensuite la forte concurrence avec d’autres entreprises du même bassin d’emploi », révèle l’Insee.
Malgré toutes ces difficultés de recrutement, les chefs d’entreprise de la filière aéronautique du Grand Sud-Ouest prévoient une augmentation de l’activité, surtout dans les secteurs de la construction et de la métallurgie, au premier semestre 2023 par rapport au second semestre 2022. Tout l’inverse de ceux du spatial. Ils ne sont effectivement pas très enthousiastes quant à une hausse de l’activité dans leur filière au premier semestre, notamment dans la construction. Concernant le second semestre 2023, les chefs d’entreprise de l’aéronautique restent optimistes, principalement pour l’industrie, tandis que ceux du spatial le deviennent. En effet, ils anticipent une activité qui repartirait à la hausse dans leur filière sur cette deuxième partie de l’année.
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