Après une chute de 33% de son chiffre d’affaires en 2020, la filière aérospatiale (aéronautique et spatial) retrouve des couleurs en affichant en 2021, une hausse de 6%. Augmentation relative certes, mais qui marque une inversion de la courbe économique que les professionnels du secteur attendaient depuis longtemps. Plus de détails.
33%. C’est la perte de chiffre d’affaires qu’avaient enregistrée les entreprises de la filière aérospatiale en 2020. Airbus, Thalès, Safran, ArianeGroup, Dassault et tous leurs sous-traitants attendaient depuis un rebond de leurs activités. Selon l’Institut national de statistiques (Insee), celui-ci a eu lieu en 2021 avec une hausse de 6% du chiffre d’affaires du secteur. Une augmentation relative, qui reste en deçà de son niveau d’avant-crise, mais qui laisse présager aux acteurs de la filière un regain d’activité en 2022. Une nouvelle qui rassure les 143 700 salariés qui travaillent dans le secteur.
Toute la filière aérospatiale amorce donc une reprise économique… ou presque. Dans l’aéronautique, certains secteurs d’activité ont plus de difficultés que d’autres à négocier cette remontée, à l’image de la construction aéronautique dont le chiffre d’affaires de 2021 n’augmente que de 4,8% par rapport à 2020. « Une reprise freinée par les difficultés rencontrées par Boeing, qui touchent essentiellement les motoristes et les spécialistes en aérostructures », précise l’Insee. En revanche, les équipementiers électroniques et électriques enregistrent une hausse de 22,3% de leur chiffre d’affaires. Les entreprises de l’aéronautique évoluant dans le tertiaire, comme dans l’informatique ou l’ingénierie, affichent elles, une augmentation de 11,5%.
Seul le secteur de la métallurgie est encore à la peine. « Son chiffre d’affaires diminue pour la deuxième année consécutive, passant de -24% en 2020 à -16% en 2021 », constate Lionel Doisneau, responsable de la division “Économie” de l’Insee Occitanie. « Cela étant dû à un problème de carnet de commandes, à une diminution des demandes et à une difficulté d’approvisionnement en matière première comme le titane, l’aluminium, l’acier ou l’inox », poursuit-il. « Sans oublier que ces entreprises vont être maintenant fortement confrontées à la crise de l’énergie », rajoute Caroline Jamet, directrice de l’Insee Occitanie.
Du côté du spatial, la dynamique est plus homogène, le secteur de la construction ayant amorcé une remontée plus forte que dans l’aéronautique. En effet, les entreprises y évoluant affichent une augmentation de leur chiffre d’affaires de 9,9%. Tout le spatial, de manière générale, repart à la hausse… Excepté celui de l’ingénierie. Non pas à cause d’une baisse de l’activité, mais « parce qu’en 2020, le Centre national d’études spatiales (Cnes) avait bénéficié d’une dotation exceptionnelle de l’Etat pour épurer sa dette vis-à-vis de l’agence spatiale européenne », explique l’Insee.
Si les voyants sont globalement au vert pour la filière aérospatiale, il n’en reste pas moins que les entreprises de l’aéronautique et du spatial se trouvent encore bien en dessous de leur niveau d’avant-crise. « Leur chiffre d’affaires est 30% inférieur à celui de 2019 », indique l’Insee. Toutefois, si aujourd’hui aucune structure n’a totalement redressé sa courbe, certaines s’en rapprochent, comme la fabrication d’équipements qui n’est plus qu’à 4% et les activités informatiques à 2%, de leur CA de référence.
Car, même si la crise de la Covid-19 est derrière elles, les entreprises de l’aérospatial disent avoir encore subi les effets des contraintes sanitaires en 2021. Mais, si leur activité est loin d’être celle de 2019, c’est essentiellement par manque de commandes. Par ailleurs, elles ont commencé, déjà l’année dernière, à ressentir des difficultés d’approvisionnement en matière première. C’est le cas dans la métallurgie mais également dans la fabrication d’équipements électriques et électroniques qui connaissent une pénurie de semi-conducteurs.
Une situation qui engendre, essentiellement pour les PME, des problèmes de trésorerie. « C’est le principal facteur qui pèse sur l’évolution financière des entreprises de la filière en 2021 pour 32% d’entre elles », note l’Insee. Une trésorerie également impactée par le niveau important des stocks.
L’Insee fait état d’un effectif stable en 2021 dans la filière aérospatiale (+0,3%), malgré une reprise de l’activité. Pour l’institut, si les emplois n’augmentent pas proportionnellement à la reprise d’activité c’est en raison des aides aux entreprises comme le chômage partiel qui avait permis de les maintenir en 2020.
De plus, l’emploi est très disparate selon les secteurs d’activité. En effet, s’il augmente de 7,7% dans les entreprises aérospatiale du tertiaire, il diminue de 3,3% dans l’industrie. Mais c’est encore la métallurgie, dont l’activité est fortement ralentie, qui enregistre les plus fortes destruction d’emplois avec un recul des effectifs de 8,6%.
Ainsi, si l’emploi retrouve un niveau d’avant-crise dans le tertiaire, ce n’est pas le cas des autres secteurs de la filière. Et logiquement, c’est à Toulouse que le phénomène est le plus prégnant, la Ville rose concentrant 61% des emplois de l’aérospatial. Au total, 1 000 emplois ont été créés dans la commune : 7% dans l’ingénierie, 12% dans l’informatique. Dans le même temps, 12% des postes dans la métallurgie et 2% dans la construction ont été perdus à Toulouse.
Tous les chefs d’entreprises de la filière sont optimistes quant à leur résultat de 2022. Et l’augmentation de la production leur donne raison. « Au début de l’année 2022, le taux d’utilisation des capacités de production augmente de 12 points pour s’établir à 87% », constate l’Insee. Les plus fortes hausses étant relevées dans les grandes entreprises de la construction aéronautique. Un dynamisme qui devrait permettre d’augmenter les effectifs dans la filière. Les chefs d’entreprise étaient 72% à confier vouloir embaucher en 2022. Au final, 76% l’ont fait, dans les domaines de l’ingénierie, de la production et du commerce.
Commentaires