Le Stade Toulousain Tennis Club organise les Internationaux de tennis sur les terres battues des Sept Deniers à Toulouse du 28 août au 4 septembre prochain. Pour la première fois, les joueurs disputeront le tournoi en tant qu’épreuve de la catégorie Challenger 80 (voir encadré). Une montée en grade notable sur le circuit international de tennis professionnel. De quoi rendre fier Marc Tiersonnier, président du club historique depuis plus de cinq ans, qui a vu cette compétition éclore ces dernières années. Interview.
Pourquoi le Stade Toulousain a-t-il décidé de créer, lui aussi, une grande compétition de tennis dès 2018 en organisant les Internationaux de tennis de Toulouse ?
L’histoire est partie des meilleurs joueurs du club. Ils étaient classés, à l’époque, au-delà de la 300e place mondiale. Malgré leur très bon niveau, ce classement ne leur permettait pas de disputer de grandes compétitions, notamment en France, avec des sommes élevées de prize-money (gains empochés en fonction des résultats, ndlr). Avec les installations dont bénéficie le Stade Toulousain Tennis Club, nous nous sommes dit que nous devions tout de même essayer de créer une compétition où ces joueurs locaux, régionaux et nationaux puissent s’exprimer, sans avoir à voyager à l’étranger.
Aussi, il existait autrefois un Grand Prix mondial qui était organisé au Palais des sports de Toulouse. La compétition s’est arrêtée après l’explosion d’AZF. Par le biais des Internationaux de Toulouse, nous avons voulu organiser à nouveau un tournoi international dans la ville. Et ceci en commençant à moindre échelle, dans la troisième division du tennis professionnel (la catégorie des Futures, ndlr).
Pour la première fois cette année, le tournoi est rentré dans la catégorie des ATP Challenger 80, correspondant à la deuxième division du circuit mondial (voir encadré). Une fierté ?
Les deux premières éditions (2018, 2019) des Internationaux de Toulouse étaient en effet organisées dans le plus haut niveau de la troisième division, avec un prize-money de 25 000 euros pour l’ensemble des joueurs. Ce niveau correspondait à celui de nos joueurs à l’époque, qui ont d’ailleurs remporté les deux finales. Mais ces derniers ont évolué plus vite que le tournoi !
Alors, comme eux, nous avons voulu monter de catégorie. Pour cela, dès 2020, nous avons candidaté auprès de l’Association des Tennismen Professionnels (ATP) pour que la compétition toulousaine devienne une épreuve du tournoi Challenger 80. Et ainsi, intégrer la deuxième division de tennis professionnel. Le cahier des charges est plus lourd mais nous disposons de toutes les installations nécessaires à l’organisation de ce genre d’événement.
L’ATP a donc accepté notre dossier il y a deux ans. Mais avec la crise de la Covid-19, les deux dernières éditions des Internationaux de Toulouse ont été annulées. Cette année, ce sera donc effectivement la première fois que la compétition est organisée en tant qu’épreuve de l’ATP Challenger. Et nous en sommes très fiers. Mais c’est avant tout une grande responsabilité, il faut que tout roule.
Les Internationaux de Toulouse ont donc vu passer des joueurs locaux devenus des grands noms du tennis, comme Benjamin Bonzi et Hugo Gaston. L’ambition de ce tournoi est, aussi, de faire émerger les espoirs ?
Nous appelons ce genre de tournois les “Futures”. Cela signifie qu’ils ont pour objectif de mettre en lumière les jeunes joueurs qui s’entraînent encore avec la Fédération française de tennis. Mais le passage des Internationaux en circuit Challenger change un peu la donne. Les sportifs présents à Toulouse à partir de dimanche sont en effet classés entre la 100ème et la 250ème place mondiale. Soit à un niveau très élevé. L’ambition reste toutefois de laisser un terrain d’expression aux jeunes joueurs français.
Il existe d’ailleurs les “wild cards”. Autrement dit, des invitations que le club et la Fédération française de tennis distribuent à des jeunes joueurs qui ne correspondent pas aux critères communs de sélection, mais que nous estimons être capable de jouer à un tel niveau de compétition. Personnellement, je vais les accorder à des licenciés du Stade Toulousain, c’est normal. Arthur Raymond, Maxence Brovillé, Axel Garcian et Théo Arribagé devraient ainsi en bénéficier. La fédération privilégie aussi des joueurs français, donc peut-être qu’ils en feront partie. La liste n’est pas encore officielle, je ne peux rien dire de plus dessus.
Même si Benjamin Bonzi (50ème mondial), Hugo Gaston (71ème mondial) en simple, puis Hugo Nys (61ème mondial), Fabien Reboul (71ème mondial), Sadio Doumbia (76ème mondial), en double seront absents, étant à New York pour l’US Open, nos espoirs locaux ont les moyens de faire de bons résultats. Il va y avoir du grand spectacle.
Est-ce que vous comptez sur ce genre d’événement pour faire parler du Stade Toulousain Tennis ?
Oui, il est également question de communication. Le tournoi permet de faire connaître Toulouse et le Stade Toulousain à l’international. C’est un club historique qui fêtera ses 100 ans l’année prochaine, pour ce qui est de la section tennis. Car il faut savoir que le Stade Toulousain est un club omnisports, avec plus d’une dizaine de disciplines. Il y a de l’athlétisme, de la natation, de l’escrime… Toutefois, il est certain que 99 % de la renommée du club est assurée par le Stade Toulousain rugby. Maintenant, la section tennis est moins connue du grand public, mais très connue dans le monde tennistique. Elle a vu passer de grands noms du sport français, comme Walter Spanghero, figure du rugby international qui a occupé la présidence (1985) ou encore le pilote automobile Xavier Lapeyre (1993).
Le tennis a eu du succès auprès du grand public jusqu’aux années 70. Puis, comme partout en France, il y a eu une période de désamour pour la discipline, par effet de mode. Aujourd’hui, la renommée s’est stabilisée. Pour preuve, l’effectif du Stade Toulousain Tennis augmente d’à peu près 10 % chaque année. Le club compte désormais 1 300 membres et nous ne souhaitons pas en accueillir davantage, pour une question de confort.
Depuis quelques années, vous faites confiance à des joueurs locaux pour monter une équipe professionnelle. Pourquoi ?
Je considère le club comme une rampe de lancement pour les joueurs locaux, afin qu’ils atteignent le niveau international. Nous les aidons financièrement, nous sommes très attachés à eux. Mais l’objectif final reste qu’un jour, ils n’aient plus besoin de nous. La Pro Team s’est formée dans cet esprit il y a près de trois ans. Elle est composée de jeunes joueurs français (Hugo Gaston, Benjamin Bonzi, Sadio Doumbia, Hugo Nys, Arthur Cazaux, Fabien Reboul, Arthur Reymond, Paul Cayre, Maxence Brovillé, Axel Garcian, Théo Arribagé, pour ce qui est de l’équipe masculine), à 90 % originaire de la région.
La plupart des équipes françaises recrutent des joueurs internationaux, qui viennent une quinzaine de jours en France pour disputer des tournois, prendre leur chèque, puis rentrer dans leurs pays. La fédération française de tennis essaie d’ailleurs de lutter contre ce phénomène en imposant des quotas de Jeunes Issus de la Formation Française (JIFF) dans les compétitions. Le Stade Toulousain n’est pas du tout dans cette optique-là. Notre ambition n’est pas de recruter des joueurs étrangers pour remporter des compétitions interclubs. Bien au contraire, nous souhaitons faire décoller les joueurs locaux vers le haut niveau international. Et ils nous le rendent bien, ils sont très attachés au club et viennent souvent taper la balle avec les plus jeunes.
Le Stade Toulousain n’est peut-être pas dans l’optique de remporter des tournois interclubs, mais la Pro Team a remporté le championnat de France l’année dernière. Qu’avez-vous ressenti ?
C’est la première fois dans l’histoire du club que l’équipe professionnelle remporte le championnat de France. Étant donné que l’ensemble des joueurs sont issus de la formation toulousaine, leur victoire a donné un bel éclairage sur la politique du club de faire jouer des adhérents “locaux”. L’impact était très positif. Pourtant, nous ne nous attendions pas tellement à cette victoire. Les compétitions interclubs se disputent à un niveau très élevé. Pendant le tournoi, les joueurs de la Pro Team ont joué contre des personnalités mieux classées qu’eux à l’international. Mais leur implication et leur solidarité ont fait la différence.
Cela ne veut toutefois rien dire pour la saison prochaine. Déjà, parce que les joueurs de haut niveau du circuit français conservent leur haut niveau. Mais aussi parce que cette année, les interclubs tombent en même temps que les phases finales de la Coupe Davis. Si l’équipe de France les dispute, Benjamin Bonzi ne sera pas présent aux interclubs. Et il se peut qu’Hugo Gaston non plus. De plus, j’espère qu’Arthur Cazaux sera entièrement remis de sa pubalgie. Donc nous verrons bien, nous ne sommes pas à l’abri de belles surprises…
Les joueurs de tennis professionnels s’affrontent toute l’année sur un circuit international. C’est à dire qu’ils peuvent disputer des tournois dans le monde entier au cours de la saison. L’accès aux différents tournois dépend de leur classement mondial puisque les tournois limitent les inscriptions à un certain nombre de joueurs. S’ils ne sont pas assez bien classés dans la hiérarchie mondiale, ils ont parfois le droit d’accéder aux qualifications. Dans ce cas, ils doivent disputer plusieurs tours avant de gagner leur place dans le tableau principal.
Pour schématiser, les joueurs qui sont dans le Top 100 s’affrontent sur le circuit principal, l’ATP Tour. C’est le circuit que l’on voit le plus dans les médias avec les Grand Chelems, les Masters 1000, ATP 500 et ATP 250. Ceux qui sont moins bien classés se battent sur le circuit ATP Challenge Tour, sorte de 2ème division. Puis, il existe une 3ème division, l’ITF Men’s World Tennis Tour avec les tournois appelés Futures.
À l’intérieur de chaque division, les tournois sont eux aussi répartis en différentes catégories selon les gains et les points ATP (qui servent pour le classement) qui sont à remporter. Les Internationaux de Toulouse sont donc passés cette année de Future à Challenger donc plus attrayants pour les joueurs. Faisant partie de la catégorie Challenger 80, le vainqueur récupèrera 80 points ATP pour son classement mondial.
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