Une Aire de grand passage (AGP) pour les gens du voyage devrait s’installer à Bruguières au mois de mai prochain. Un projet qui rencontre l’opposition de plusieurs habitants qui dénoncent une absence de consultation.
« Qui sème le mépris, récolte la colère », lance l’association “Unis pour préserver notre environnement et nos terres agricoles” dans un communiqué. Cette dernière, constituée d’habitants de Bruguières et de Saint-Sauveur, a été créée en opposition à l’installation d’une Aire de grand passage (AGP) de 200 emplacements pour les gens du voyage à Bruguières. Projet qui devrait voir le jour en mai prochain et dont les riverains ont été informés « par prospectus type “publicitaire” distribués dans certaines boites aux lettres » début janvier. Ils dénoncent donc « une décision unilatérale du maire de Bruguières et de ses élus, prise sans consultation publique », mais également le projet en lui-même.
L’aire de grand passage, qui sera ouverte tous les ans, de mai à septembre, à l’exception du mois d’août, devrait prendre place sur un terrain agricole, situé chemin de l’Hobit à Bruguières et jouxtant la commune de Saint-Sauveur, « dont la qualité de la terre est reconnue et réputée, et qui est exploité depuis trois générations », soulignent les membres de l’association. Ils demandent à ce que soient préservés « l’exploitation de cette terre cultivée et mère nourricière coûte que coûte pour protéger notre agriculture déjà fragilisée », mais également « notre environnement et sa biodiversité, garantissant l’équilibre écologique et la pérennité des écosystèmes ».
L’association, compte tenu du fait que la ville de Bruguières est « déjà saturée en raison de l’ultra urbanisation de son territoire, totalement congestionnée aux heures de pointe et n’ayant fait l’objet d’aucun aménagement pour éviter ces engorgements » ne veut par ailleurs « pas absorber en plus, 200 familles véhiculées supplémentaires ». Enfin, “Unis pour préserver notre environnement et nos terres agricoles” estime que « la mise en œuvre de cette décision entrainera forcément une dévalorisation des biens immobiliers de l’ensemble des résidents de la commune de Bruguières et de Saint-Sauveur ». Et pour se faire entendre, ses membres ont multiplié les actions.
Ils avaient en effet lancé une pétition en ligne qui compte près de 2 300 signatures à l’heure où sont écrites ces lignes, distribué des tracts, mais également posé des panneaux en bordure de la parcelle agricole et sur un rond-point de la commune. Le maire de Bruguières, Philippe Plantade, avait finalement annoncé, dans une publication sur Facebook, qu’il avait « choisi de temporiser le projet d’aire des gens du voyage ». « Nous allons constituer un groupe de travail et communiquer et dialoguer avec tous les intervenants pour trouver des solutions acceptables », indiquait-il. L’élu avait ainsi reçu des membres de l’association le 29 janvier dernier. « La réunion s’est ouverte sur les excuses du maire de Bruguières qui a reconnu une erreur sur la méthode tout en continuant à plaider pour une aire de grand passage », rapportent-ils.
Eux, s’opposent à toute installation d’une AGP « quel que soit le terrain trouvé », mais ne sont pas contre une aire d’accueil de 20 personnes, à condition que ne soient pas utilisées de terres agricoles cultivées ou cultivables et que le projet se fasse en concertation avec la population. Problème, le maire de Bruguières leur a révélé qu’il « avait l’obligation de proposer avant le 9 février un choix de terrain auprès des autorités concernées ». « S’il a précisé que dès demain il entamerait avec ses équipes un recensement des terrains susceptibles de pouvoir accueillir de tels projets, il n’a pas indiqué que le projet d’AGP sur la parcelle agricole du chemin de l’Hobit était annulé, ni même qu’il renonçait totalement à une AGP sur notre territoire », déplorent-ils.
Les opposants au projet ont donc décidé de poursuivre leur mobilisation, notamment de peur que « leurs voix ne soient pas clairement entendues ». Ils ont d’ailleurs organisé une action ce dimanche 4 février. L’association a en effet déployé des banderoles sur le terrain devant accueillir le projet et scotché sa pétition sur les portes vitrées de l’hôtel de ville. Et ce, après que le maire ait annoncé repousser leur nouvelle rencontre qui devait avoir lieu en début de semaine au jeudi 8 février, soit la « veille de la date butoir du 9 février à laquelle le terrain devant accueillir une aire de grand passage des gens du voyage doit être inscrit dans le PLUIH », dénoncent les membres de l’association.
Mécontents, ces derniers ont prévu d’autres opérations contre le projet cette semaine. « Nous comptons bien peser dans le débat. Nous voulons être associés à toutes décisions sur le sujet d’une AGP sur le territoire de Bruguières et/ou sur celui d’une aire d’accueil des gens du voyage », appuient-ils dans un communiqué avant d’ajouter : « Nous n’avons pas l’intention d’attendre gentiment que les choses se fassent dans notre dos sans être consulté sur ce sujet pour le moins clivant et dont les Bruguiérois estiment qu’il doit être débattu de manière démocratique ». Contactée par nos soins, la Mairie de Bruguières n’a pas donné suite à nos sollicitations.
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