Le mercredi 23 mars s’est ouverte la consultation publique sur le plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) de l’aéroport de Toulouse Blagnac. Les habitants de la Ville rose peuvent y présenter leurs observations en ligne. L’occasion pour les membres du Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAAT) de rappeler que le bruit aérien a augmenté et d’inciter les riverains à demander l’observation d’une période de repos nocturne sans avions de 23h30 à 6h du matin. Le Journal Toulousain leur donne la parole.
Depuis des années, la croissance du secteur aérien semble sans limites, les progrès technologiques présents ou futurs sont vantés comme les solutions au problème sanitaire que constituent les niveaux de bruit, la pollution atmosphérique et la contribution au réchauffement climatique (CO2 et traînées de condensation) des avions. A Toulouse, “ville d’Airbus”, où toute décision est soupesée en fonction de l’impact négatif possible ou totalement imaginaire sur l’activité des constructeurs (Airbus et ATR) la vérité est difficile à obtenir.
Tout d’abord quelques faits :
Donc oui, le bruit aérien a augmenté sur l’agglomération toulousaine dans les 10 dernières années et cette augmentation a été forte de jour comme de nuit. Nombreux sont les habitants de notre agglomération qui ont constaté la dégradation de leurs conditions de vie et l’atteinte à leur santé par ces pics de bruit si caractéristiques du passage d’un avion. Ce ne sont pas, n’en déplaise aux esprits simplistes, ces « râleurs permanents » qui « se sont installés » sous les avions, mais bien des citoyens ordinaires pour bon nombre d’entre eux implantés depuis longtemps qui veulent comprendre pourquoi et pour qui ils se voient « sacrifiés ». Le constat est si clair que même la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) le reconnaît en fixant pour objectif du prochain Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement (PPBE) de réduire le bruit nocturne et de revenir à la situation de 2010.
La DGAC prétend atteindre rapidement et de façon certaine un objectif de santé publique, difficile et ambitieux, avec des mesures qui relèvent uniquement de l’autorégulation et de la bonne volonté des opérateurs ; par ailleurs, ces mesures sont strictement identiques à celles mises en place en 2010 (avec les mêmes promesses de réduction du bruit) et elles ont été un échec.
Pour le Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAAT) et les associations de riverains, les mesurettes proposées par la DGAC ne peuvent en aucun cas garantir l’atteinte de l’objectif de réduction des populations soumises à un niveau de bruit nocturne excessif pour la simple et bonne raison qu’elles ne limitent pas le nombre de vols nocturnes (22h-06h). Seule la mise en place d’une période “sans avions” entre 23h30 et 6h ainsi que des engagements de limitation du bruit pour les heures avant et après cette période donnerait un signal suffisamment clair et efficace pour rétablir la confiance perdue entre l’aéroport de Toulouse-Blagnac et ses riverains.
Une mesure “anti-économique”, prétendent les tenants d’une croissance du secteur aérien sans limites. Nous affirmons qu’au contraire, la mise en place d’une période “sans avions” entre 23h30 et 06h est la mesure de plus faible impact économique pour le plus fort impact sanitaire car aucune compagnie majeure ne programme de vol sur cette période, Airbus n’y programme ni vols d’essai ni livraisons par Beluga (heureusement).
L’absence de la mesure pour l’étude d’une période “sans avions” (couvre-feu) dans le projet de PPBE proposé au vote de la Commission consultative de l’environnement (CCE) le 1er mars 2022n et mis en consultation la semaine dernière, relève de la manipulation car la demande d’étude a été soumise à la DGAC depuis 2019 et une pétition écrite des membres de la Commission consultative de l’environnement a été adressée à la préfecture pendant la rédaction du document. Ce procédé est significatif des manœuvres d’un secteur d’activité bloqué dans ses certitudes et qui ne respecte les résultats d’un vote que lorsque celui-ci lui est favorable. Les crises de la Covid-19 et du réchauffement climatique imposent des changements de méthode et la fin d’une forme d’omerta toulousaine sur l’aérien.
Une étude d’impact par approche équilibrée doit avoir lieu en 2022, pour évaluer les mesures proposées au PPBE et leur capacité à atteindre les objectifs de réduction de bruit, et même si la DGAC sera de nouveau à la manœuvre (choix du sous-traitant, rédaction du cahier des charges), nous demandons aux Toulousains d’utiliser la consultation publique qui démarre pour exprimer leurs doutes sur l’efficacité des mesures du PPBE proposé et la nécessité que soient étudiées des mesures de suppression totale des vols (hors vols sanitaires, de sûreté) entre 23h30 et 6h du matin.
Chantal Beer-Demander,
présidente du Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAAT)
Le Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAAT) regroupe des particuliers et associations de plusieurs quartiers de Toulouse et communes de l’agglomération, des fédérations locales qui s’opposent à l’augmentation du trafic aérien de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, source de pollution sonore et atmosphérique
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