Depuis le 13 avril, la Haute-Garonne est en situation de vigilance sécheresse. Plusieurs entités dont l’État et le Conseil départemental alertent sur le niveau des cours d’eau et les nappes phréatiques, et appuient sur la nécessité et les modalités d’économie de l’eau pour les étés à venir.
La Haute-Garonne est dans le top 10 des départements les plus touchés par la sécheresse selon Serge Jacob, secrétaire général de la préfecture haut-garonnaise. Et si la météo du mois de mai a été pluvieuse, l’été 2023 démarrera avec un stock en eau dégradé par rapport à 2022 à la même période. Cette situation est due en grande partie au manque de pluie durant la période hivernale, à savoir de novembre à mars, avec un déficit de 30%. La préfecture de Haute-Garonne et le Conseil départemental lancent une campagne de communication auprès des usagers pour réduire la consommation d’eau de tout un chacun.
En ce mois de mai, débute donc une campagne de communication pour réduire la consommation d’eau, à l’approche de l’été, période durant laquelle les niveaux d’eau des nappes phréatiques et des cours d’eau sont au plus bas, soit de juin à novembre. Après l’été caniculaire de 2022, les autorités vont investir 3 700 panneaux d’affichage et fournir des kits de communication (affichettes, dépliants, fichiers numériques) aux élus locaux. « L’objectif étant de mener des actions concrètes et d’y faire adhérer les Haut-Garonnais afin qu’ils deviennent acteurs », explique Serge Jacob. Cinq actions, à travers cinq visuels différents, sont au cœur de cette campagne qui aura coûté 40 000 euros.
Le premier : privilégier des douches rapides plutôt que des bains, ce qui permettrait d’économiser 100 litres d’eau par jour selon le Conseil Départemental. Pour cela, « il faudrait commencer par arrêter d’installer des baignoires dans les appartements », ajoute Jean-Michel Fabre. Le second : utiliser des chasses d’eau à double commandes, qui économiserait cette fois 30 litres quotidiennement. Ensuite, réduire la fréquence des nettoyages des voitures, dont la consommation d’eau est estimé à environ 200 litres par véhicule. Pour finir : encourager l’installation d’un collecteur d’eau pour les usagers disposant d’un jardin (environ 70 000 litres d’économisés par an) et réparer les fuites, de robinet par exemple (environ 120 litres sauvés par jour).
Des flyers devraient également être distribués dans les écoles et les collèges pour sensibiliser le jeune public. Selon le secrétaire général de la préfecture, un Haut-Garonnais consomme 120 à 150 litres d’eau par jour ; l’objectif de cette campagne serait de réduire de minimum 10% cette consommation. « Par cette campagne, nous souhaitons rappeler certains principes de base », confie Jean-Michel Fabre.
Depuis le début de l’année, ce dernier s’est entretenu, mois après mois avec les différents acteurs et secteurs qui sont en lien direct ou indirect avec la gestion de l’eau. En janvier, c’est avec EDF que des décisions ont été prises : « Nous avons travaillé avec eux, afin qu’ils gardent davantage d’eau disponible pour les usages (40% de plus que l’année dernière) au lieu de l’utiliser pour turbiner (fabriquer de l’électricité, NDLR) ». En février, c’est l’agriculture qui s’est adaptée, en semant moins de maïs, culture qui nécessite beaucoup d’eau, et en privilégiant le tournesol par exemple. L’agriculture consommerait 82% de l’eau dans le département selon Serge Jacob. Pour le mois d’avril, les autorités compétentes se sont entretenues avec la Chambre de commerce et et les acteurs économiques. En avril, c’était au tour des élus locaux de recevoir consignes et informations afin de prendre des mesures à court et long terme pour l’économie de l’or bleu.
« Des actions concrètes ont été menées. Nous misons également beaucoup sur l’information, la communication et la responsabilité des acteurs et des particuliers. Des contrôles vont aussi être mis en place, avec la possibilité d’adresser des mises en demeure, voire d’appliquer des sanctions », alerte Serge Jacob. La graduation des arrêtés préfectoraux pourra également être un des leviers d’action en cas de détérioration de la situation. Le Comité eau a d’ailleurs prévu de se réunir toutes les deux semaines afin d’optimiser leur stratégie.
Florian LEFEBVRE
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