Officiellement investi par la Nupes sur la 8e circonscription de Haute-Garonne, le candidat socialiste Joël Aviragnet affiche des soutiens clairement opposés aux accords d’union de la gauche. Au point qu’Europe Écologie-Les Verts et La France Insoumise ont engagé une candidature dissidente.
Entre un candidat officiellement investi qui prend un peu trop ouvertement ses distances et une dissidente qui revendique son adhésion au projet d’union de la gauche, la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) ne sait plus à quel candidat se vouer. Au point qu’en fin de semaine dernière, le site officiel de la Nupes a purement et simplement supprimé la 8e circonscription de sa liste de candidatures. Une manière de ne pas trancher entre le candidat socialiste Joël Aviragnet, officiellement investi, et la dissidente Anabelle Fauvernier (EELV) pourtant soutenue par Génération.s, la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon en personne.
« C’est bien la preuve que la coordination nationale est divisée sur la question », concède Fred Borras, le coordinateur départemental de la Nupes. En effet, malgré une investiture obtenue dans le cadre des accords nationaux signés par le Parti socialiste et les autres partis membres de l’union, la candidature de Joël Aviragnet ne satisfait pas au niveau local. Celui-ci est notamment accusé par les représentants des autres composantes de l’union de la gauche de ne pas défendre les couleurs de la Nupes, voire de faire une campagne dissidente au sein de l’union.
« À part sur sa profession de foi et son bulletin de vote, Joël Aviragnet n’utilise pas le logo Nupes dans son matériel de campagne (tracts et affiches, NDLR). Il fait seulement apparaître le logo du Parti socialiste et affiche des soutiens émanant de formations politiques qui ne font pas partie de la Nupes et sont même concurrentes dans les autres circonscriptions, comme le Parti radical de gauche (PRG). En outre, il ne respecte pas le programme commun et a choisi Carole Delga comme directrice de campagne. Or celle-ci, et c’est son droit, a critiqué très vertement la Nupes. Il est contradictoire qu’elle critique cet accord pour ensuite s’en réclamer », énumère Fred Borras.
Un procès pour manque de loyauté que ne comprend pas le principal intéressé qui préfère se présenter comme « le candidat unique de la gauche et des écologistes ». Le député sortant ne se considérant pas comme un candidat de la Nupes, ou investi par celle-ci, mais comme un candidat socialiste investi dans le cadre de ces accords. « La Nupes n’existe pas en tant que telle, c’est un accord électoral. Or, la 8e circonscription est réservée aux socialistes dans le cadre de ces accords. Je suis donc le candidat logique. D’ailleurs, je me suis inscrit à la préfecture avec mon étiquette PS », explique Joël Aviragnet qui insiste également sur l’absence d’un véritable programme commun.
« La Nupes n’existe pas en tant que telle »
Joël Aviragnet, candidat socialiste sur la 8e circonscription de la Haute-Garonne
« II n’y a pas de programme abouti, seulement une ébauche qui a été réalisée en quelques jours mais qui fait l’impasse sur des divergences fondamentales comme le nucléaire, le respect des traités européens, la non-assistance à l’Ukraine, le rapport à l’Otan ou la laïcité. Il faut retravailler tout ça », ajoute le député sortant. Autant de points d’achoppement que l’ancien secrétaire fédéral du Parti socialiste de Haute-Garonne, Sébastien Vincini, avait pourtant tenté de relativiser lors de la présentation des candidats de la Nupes.
Considérant ces positions comme incompatibles avec la défense de la Nupes et de ses accords, Europe Écologie-Les Verts et La France Insoumise ont fait le choix de présenter une contre-candidature sur cette circonscription. « Nous avons demandé des clarifications à Joël Aviragnet, que nous n’avons pas obtenues. Quand elle a été proposée par le parti socialiste cette candidature ne posait aucun problème. Mais, aujourd’hui, elle n’est plus compréhensible. On ne peut pas être un pied dehors et un pied dedans », assure Fred Borras qui, comme son parti, préfère soutenir Anabelle Fauvernier, la candidate EELV. Même si cette dernière ne pourra faire valoir l’étiquette Nupes qui reste officiellement acquise au député sortant.
« On ne peut pas être un pied dehors et un pied dedans »
Fred Borras, coordinateur Nupes en Haute-Garonne
Une situation déroutante pour les électeurs de la 8e circonscription de Haute-Garonne qui devront choisir entre deux candidats pouvant se revendiquer officiellement ou officieusement de la Nupes. « C’est ennuyeux et regrettable. Mais c’est l’un des deux seuls cas de figure en France », tempère le coordinateur départemental de la Nupes qui compte sur les électeurs pour trancher la question. Et, pour lui, c’est Anabelle Fauvernier qui incarne le mieux le projet de la Nupes : « Elle reprend toutes les propositions du programme commun. D’un côté les signaux sont clairs, de l’autre non ».
« La cohabitation, on n’y est pas encore »
Joël Aviragnet, candidat socialiste sur la 8e circonscription de la Haute-Garonne
De son côté, Joël Avirganet refuse de s’engager sur un programme qu’il juge trop peu défini et, surtout, de se projeter dans une éventuelle majorité de cohabitation. « On n’y est pas encore et ça va être difficile. Je ne peux pas me prononcer sur un programme de gouvernement que je ne connais pas. Et il ne faut pas oublier que c’est le président de la République qui nommera le chef du gouvernement. Si l’on a une majorité de gauche, ce sera le moment de travailler à un projet qui puisse être accepté à l’unanimité », explique Joël Aviragnet.
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