Suite à la mise en examen et à la démission de l’ancien maire de Saint-Jory Thierry Fourcassier, des élections anticipées ont été organisées ; scrutin que la liste de Victor Denouvion a remporté avec 80% des voix. Il devient ainsi le plus jeune maire de la métropole toulousaine, dans une ville marquée par des affaires de corruptions et dont les caisses sont vides. Une situation qui, loin de l’effrayer, décuple la motivation de cet amoureux de l’action publique locale. Un défi qu’il relève, muni d’une expérience d’élu désormais solide. Portrait.
Avec 80% des voix, la liste de Victor Denouvion a remporté, haut la main, les élections municipales anticipées de Saint-Jory. A 32 ans, l’homme devient ainsi le plus jeune maire de la métropole toulousaine. Ce qui ne signifie pas en revanche qu’il n’a pas d’expérience, car le trentenaire n’en est pas à son premier mandat. En effet, en 2013, il devenait le plus jeune élu de Haute-Garonne en intégrant le conseil municipal de Saint-Jory, avant de devenir le plus jeune conseiller départemental de France en 2015. S’il a pu ressentir des difficultés à s’imposer au début de sa carrière, ce n’est plus le cas aujourd’hui : « J’avais 21 ans quand j’ai été élu à la mairie de ma ville. Et sans dire que j’ai souffert d’un syndrome de l’imposteur, j’ai parfois rencontré des problèmes de légitimité et de manque de crédit », se souvient-il. Deux ans plus tard, le jeune homme, qui se présentait en binôme avec la socialiste Sandrine Floureusses aux élections départementales, avait encore du mal à se faire reconnaître : « Il arrivait souvent que l’on me prenne pour son fils ! » rappelle-t-il en riant. Mais cette époque est révolue, « je ne suis plus novice et je ne me pose plus la question de mon âge, ni mes collègues non plus ».
D’autant que Victor Denouvion a la politique chevillée au corps, et depuis longtemps. « A la maison, mon père parlait beaucoup de politique, sans être engagé ou encarté. J’ai baigné dedans dès mon plus jeune âge, et ça m’a toujours beaucoup intéressé », confie l’élu. D’ailleurs, à côté de ses cartes Pokémon, que tous les petits garçons de 10 ans étalaient, lui disposait d’une collection plus singulière : « Je rassemblais et gardais les professions de foi des élections présidentielles ! » Une passion pour la politique qui ne l’a plus quitté. « Plus que la politique, c’est l’action publique locale qui me plaît », précise-t-il. Appétence qu’il suivra jusque dans ses études et son parcours professionnel.
Car, même si sa première idée le menait tout droit vers des études de journalisme, il obtient finalement un Master 2 en droit public à l’université Toulouse 1 Capitole. Alors, en 2016, fort de son diplôme et de son expérience nouvelle d’élu municipal (de 2013 à 2014) et départemental (depuis 2015), il passe les concours de la fonction publique territoriale et intègre le service urbanisme de la mairie de Pechbonnieu, dont il est responsable aujourd’hui. « Ce que j’adore, tant dans mon travail que dans mes mandats, c’est de pouvoir agir pour les autres grâce à un projet. Changer le quotidien des gens pour qu’ils vivent mieux, c’est génial ! » s’enthousiasme le maire de Saint-Jory, pour qui penser qu’en être à l’origine est gratifiant et galvanisant.
Mais aujourd’hui, il doit faire un choix : son nouveau statut de premier magistrat de Saint-Jory ne lui permet plus d’honorer tous ses engagements. Il cumule en effet, un poste de conseiller départemental, de président du syndicat mixte Haute-Garonne Numérique (depuis 2021), d’intervenant régulier à l’Institut supérieur de journalisme de Toulouse (ISJT) et travaille à temps partiel à Pechbonnieu. Des journées bien remplies, qui peuvent commencer tôt et s’étirer tard le soir. Ces derniers jours, l’une d’entre elles a été particulièrement éprouvante : « J’avais une première réunion au Département, à 9h, sur le passage de la flamme olympique. J’ai enchaîné avec une commission éducation et sport. J’ai mangé sur le pouce pour me rendre à une commission numérique avant de passer à la mairie de Saint-Jory ; pour enfin terminer par le conseil d’administration d’un collège », énumère Victor Denouvion.
Son secret ? L’organisation. Mais encore ? « Mon téléphone ! » En véritable addict, il ne le lâche jamais. Tous ses rendez-vous, ses contacts, ses notes, ses discours… sont à l’intérieur. Et si, un jour, il venait à ne plus fonctionner, à ne plus avoir de batterie, ou pire, à être perdu, « ce serait une catastrophe ! Toute ma vie est dans mon téléphone ! » Malgré tout, plus aucun créneau disponible dans l’agenda. « Je vais devoir me mettre en disponibilité et arrêter mon activité de fonctionnaire territorial », concède-t-il, ne voulant pas abandonner son fauteuil au Conseil départemental : « Au vu de la situation délicate de Saint-Jory, il sera utile d’y garder un pied. Sans compter que mon planning y est plus flexible que celui de mon emploi. » Planning qui ne devrait donc pas se désemplir.
Toutefois, Victor Denouvion s’oblige à faire des pauses, « c’est une question d’équilibre. Je ne veux pas me retourner un jour pour m’apercevoir que je me suis investi pour les autres sans jamais avoir pensé à moi ». Il lui arrive ainsi de solliciter ses suppléants pour le représenter lors d’un événement, même s’il admet que « c’est plutôt rare », au grand dam de ses proches. S’ils peuvent lui glisser quelques remarques quant à son indisponibilité, ses parents et ses deux sœurs comprennent et respectent son engagement chronophage. « Et pour l’instant, je ne suis pas marié et je n’ai pas d’enfants… D’ailleurs, c’est peut-être ça le secret, quand j’y pense », lance-t-il souriant.
Pour s’octroyer des moments de répit, il éteint son téléphone – « Oui, ça m’arrive ! » – et part en week-end. Naturellement, il passe rendre visite à ses parents de temps en temps et pratique le tennis tous les lundis soirs : « Pendant une heure et demie, je ne suis là pour personne ! » Mais il faut bien être honnête, quand il est fatigué, une seule chose lui fait envie : « Mon canapé, un café et Netflix ! » Voire une petite sieste si les conditions s’y prêtent. Campagne électorale oblige, « j’ai accumulé deux mois de retard sur les séries que je regarde », compte l’édile de Saint-Jory. Dans sa liste, “The Crown”, “Sex education”, “Stranger Things” ou encore “Family Business”. Et sur sa table de chevet “Ma vie sans gravité” de Thomas Pesquet. « Je suis un grand fan ! » Un livre inspirant, écrit par le plus jeune Français à bord de la station spatiale internationale. Il n’y a pas de hasard…
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