Alors que le premier tour de la présidentielle vient d’avoir lieu ce dimanche 10 avril 2022, et que Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouvent au second, les porte-paroles de Haute-Garonne des mouvements engagés dans ce scrutin font le bilan et dévoilent leur consigne de vote.
Avec 27.8% des voix, Emmanuel Macron est qualifié pour le second tour de la présidentielle 2022. Avec lui, Marine Le Pen, qui a obtenu 23.1% des suffrages, poursuit la course à l’Élysée. L’entre-deux tour est maintenant l’occasion pour tous les mouvements engagés dans le scrutin de dresser un bilan de campagne et de divulguer leurs consignes de vote à leurs électeurs. En Haute-Garonne, les premières réactions tombent et les appels au front républicain se multiplient.
Au quartier général de la République en Marche de Haute-Garonne, les adhérents sont plutôt satisfaits, à l’image d’Alice Dausse, la référente départementale: “En Haute-Garonne, Emmanuel Macron fait 26.90%, ce qui reste un score stable par rapport à 2017.” Mais rien n’est encore gagné et les militants ont déjà repris le travail de terrain pour convaincre les électeurs qui ont voté pour un autre candidat au premier tour de glisser dans l’urne le bulletin “Macron” au second. Une réserve de voix qui se trouve notamment chez les mélenchonistes. “À Toulouse, où Jean-Luc Mélenchon a, sans surprise, fait le meilleur score, l’objectif est d’expliquer notre programme à ceux qui ont voté pour lui. D’autant que le leader La France Insoumise a appelé à ne pas donner de voix au RN…”
Quant au Rassemblement National, arrivé deuxième, il est également l’heure de déclencher l’opération séduction en tentant de glaner les voix des électeurs qui n’ont pas voté Emmanuel Macron au premier tour. Julien Leonardelli, conseiller régional d’Occitanie et délégué départemental du parti de Marine Le Pen, lance l’appel: “Ce scrutin a, une nouvelle fois démontré que le clivage gauche-droite est dépassé. Il n’existe plus en France. Nous proposons de rassembler les Français qui croient en la France, y compris ceux dont le premier choix s’est porté sur une autre candidature. Le second tour est une nouvelle campagne et nous souhaitons unir ceux qui veulent apporter un nouvel élan et un nouvel avenir à notre pays.”
Et ce sont majoritairement vers les électeurs ayant plébiscité Jean-Luc Mélenchon (22%, score national) au premier tour que les regards vont maintenant se tourner. En Haute-Garonne où la France Insoumise réalise 25.87%, les responsables politiques sont à la fois déçus au vu des résultats nationaux, tout en étant “fiers” du score local:
Merci pour vos très nombreuses voix pour le programme de l’#AvenirEnCommun porté par #Melenchon.
— François Lepineux (@FLepineux) April 12, 2022
Notre déception est grande de ne pas pouvoir soutenir les classes populaires au 2nd tour.
Néanmoins nous sommes fiers d’avoir eu le soutien de 26% de la population de #HauteGaronne. pic.twitter.com/CkDFDAJ9wy
Toutefois, comme leur chef de file, ils appellent à faire barrage au Rassemblement National, comme le souligne François Piquemal, conseiller municipal à Toulouse : “Désormais, il va de soi qu’aucune voix ne doit aller à l’extrême droite de Mme Le Pen pour le second tour, et que surtout nous devons préparer le troisième tour social et électoral.” Le message est clair, ce sont les législatives qui occupent maintenant les militants insoumis.
Dans le camp des Républicains, dont la candidate Valérie Pécresse a essuyé un véritable camouflet en ne totalisant que 4.8% des voix des Français, le constat est amer. “Nous devrons dans les prochains jours tirer les conclusions de cet échec et construire une famille politique sur des bases solides qui nous permettront d’offrir aux Français un projet sérieux à l’occasion des élections législatives du mois de juin”, précise Laurence Arribagé, patronne de la fédération LR de Haute-Garonne. En attendant ces prochaines échéances électorales, elle révèle son vote au second tour de la présidentielle : “À titre personnel je voterai en conscience et en responsabilité pour Emmanuel Macron le 24 avril prochain. Ce choix ne témoigne pas d’un blanc-seing accordé au président de la République qui devra prendre en compte les revendications de ceux qui n’ont pas choisi de lui accorder leurs suffrages et tirer les leçons de la montée sans précédent des extrêmes ces 5 dernières années.”
Chez Europe Ecologie-Les Verts, qui affiche un score national de 4.6%, c’est la gueule de bois. “Malgré un projet solide, nous n’avons pas su le rendre enthousiasmant”, déplore Antoine Maurice, conseiller municipal à Toulouse. “Une cruelle déception pour tous les écologistes” renchérit Régis Godec, co-secrétaire régional EELV, désormais dans une optique de reconstruction :
Dès demain, il nous faudra reconstruire une force politique capable de refonder la démocratie et de bâtir la république écologique que nous portons en notre sein.
— Régis Godec (@RegisGodec) April 10, 2022
Pour l’heure, il lance un appel aux votes pour le second tour de la présidentielle : “Pour le second tour, nos suffrages doivent servir pour éviter le pire et empêcher l’élection de Marine Le Pen. La situation politique ne nous laisse pas d’option et nous devons avoir le courage de voter Emmanuel Macron.”
Le Parti socialiste aussi est sonné, comme en témoigne la réaction de Sébastien Vincini, porte-parole d’Anne Hidalgo en Haute-Garonne, qui totalise 1.8% des voix des Français. “Malgré un projet ambitieux, nous connaissons la plus lourde défaite de l’histoire du Parti socialiste sous la Ve République. Ce 10 avril marque, également, l’échec incontestable de la gauche. Elle a été sanctionnée car incapable de se rassembler et d’unir ses forces pour proposer une alternative crédible”, constate-t-il. Et de poursuivre : “Sans attendre, nous devons tirer les leçons du scrutin. Nous ne pouvons rester la gauche la plus bête du monde. Nous savons que la victoire dans nos territoires, comme ici en Haute-Garonne, n’a été possible que par l’union des forces de gauche et des écologistes et la mobilisation des forces vives se reconnaissant dans nos valeurs.” A bon entendeur! Dans l’attente d’une hypothétique union des gauches, Sébastien Vincini en appelle au front républicain : “Je refuse que Marine Le Pen, candidate de l’extrême droite, devienne présidente de la République. Fidèle aux valeurs républicaines, à mon histoire, je n’ai aucune hésitation : j’appelle à voter Emmanuel Macron pour faire barrage à l’extrême droite.”
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