Face à la baisse des constructions, Toulouse Métropole a décidé de lancer un plan de soutien au logement social. D’une enveloppe de 32 millions d’euros, il doit permettre un rebond de la production.
La crise du logement n’épargne aucune métropole, pas même celle de Toulouse. À voir les importants projets de construction menés à Empalot ou encore au Mirail, l’on pourrait croire l’inverse. Et pourtant, la production de logements, notamment sociaux, est en baisse dans la métropole. « Nous avons plusieurs facteurs qui créent un contexte défavorable : l’augmentation du coût de construction, l’inflation sur le foncier, les nouvelles normes énergétiques, qui se traduisent par une hausse du coût de construction. Et puis, le livret A a été fortement valorisé. Ce qui est une mauvaise nouvelle pour les bailleurs sociaux qui se financent à travers lui. Voilà les contraintes auxquelles nous avons affaire », détaille Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole.
Mais alors, comment relancer la construction de logements, et plus particulièrement de logements sociaux dans la métropole ? Une question qui se fait de plus en plus pressante à mesure que les demandes de logements sociaux s’empilent. « Nous avons 42 000 dossiers de logement social en instance à Toulouse. De plus en plus d’habitants de la métropole demandent à accéder au logement social. En 10 ans, l’augmentation des dossiers est de 70%. C’est un chiffre faramineux », note Jean-Luc Moudenc. Et l’inflation est notamment en cause. « Des ménages qui, autrefois, n’envisageaient pas de se tourner vers le parc social ou n’y habitent pas, déposent aujourd’hui un dossier », constate le président de la Métropole.
Face à cette crise du logement, la Métropole de Toulouse a décidé de lancer « un plan de soutien en faveur du logement social et intermédiaire ». « Ce n’est pas un plan comme les autres. Il doit avoir un effet immédiat. Il doit être un levier puissant pour réenclencher une dynamique et permettre de réimpulser la construction en faveur des ménages les plus défavorisés », souligne Karine Traval-Michelet, vice-présidente de Toulouse Métropole en charge de l’habitat et du logement, et maire de Colomiers. D’autant que le pacte métropolitain pour le logement, approuvé en 2021, prévoit la production de 7 000 logements par an, dont 2 450 logements sociaux. La Métropole va ainsi mobiliser 32 millions d’euros pour ce plan qui se déploiera dès 2024 et jusqu’en 2026.
« Cela revient à multiplier par deux notre investissement en la matière sur la période 2024-2026 par rapport à 2020-2023. Quand je regarde ce que d’autres métropoles ont pu annoncer ces derniers mois sur cette problématiques du logement social, c’est deux à trois fois plus, en terme de volume d’effort, que ce que font nos collègues », relève Jean-Luc Moudenc. Dans le détail, 25 des 32 millions d’euros seront consacrés à la production et à la réhabilitation de logements sociaux et les 7 millions restants à la rénovation énergétique. « Nous devons en effet répondre à deux défis ; produire davantage de logements et réhabiliter le parc des logements sociaux existants, notamment les mettre à niveau du point de vue énergétique », précise Jean-Luc Moudenc.
Et sur les 25 millions d’euros, 20 reviendront aux aides à la pierre. « Seront ciblés les logements financés par le Prêt locatif aidé d’intégration (PLAI), destinés aux locataires en grande précarité, et ceux financés par le Prêt locatif à usage social (PLUS), en faveur des familles modestes, pour lesquels une nouvelle aide sera créé. Tout cela va permettre d’abaisser de manière assez significative les charges d’emprunt aujourd’hui supportées par les organismes HLM », assure le maire. En effet, elles pourraient être réduites jusqu’à 2 000 euros par logement. Enfin, une aide de 5 millions d’euros est prévue pour abonder le “fonds de concours SRU (solidarité et renouvellement urbains)”. « Nous allons donc passer de 3 millions d’euros à 8 millions. Cela va permettre aux bailleurs sociaux d’acquérir du foncier », annonce l’élu.
Par ailleurs, le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUiH), annulé en mars 2021, et actuellement en cours d’élaboration devra permettre « d’accentuer la production de logements sociaux » dès 2025. L’objectif est en effet que 35% des logements nouvellement construits soient des logements sociaux dans la métropole de Toulouse. « Le PLUiH va nous donner l’opportunité d’intégrer des outils réglementaires puissants pour permettre d’accompagner nos objectifs et notre ambition de logements sociaux », annonce Karine Traval-Michelet. Dans ce nouveau plan local d’urbanisme, sera donc notamment introduite l’instauration d’une part sociale dans les résidences étudiantes, séniors et jeunes actifs. « Ce qui n’était pas le cas sur ces résidences », note l’élue qui estime que ce « dispositif devrait être efficace ».
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