Mutualiser les moyens pour élaborer et mettre en place des projets RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) concrets ; c’est la mission de l’association Umane. Le but étant de faciliter l’accès des petites entreprises à des actions porteuses de sens et de valeurs environnementales, sociales ou sociétales.
« Le déclin climatique et environnemental terrestre n’est plus à constater ni à philosopher, il faut agir ! » Un constat sans équivoque qui fait à la fois état d’une situation urgente, et qui pose le besoin, concret, de faire bouger les lignes. Ce constat est celui de Virginie Delepoulle, cofondatrice de l’association Umane (Union pour la mutualisation d’actions en faveur de la nature et de l’environnement), basée à Saint-Jean, au Nord-Est de Toulouse. Cette ingénieure en agroalimentaire, mère de deux enfants, qui a toujours été sensible aux questions environnementales, souhaite s’inscrire dans une démarche proactive, et ouvrir cette opportunité aux entreprises. À toutes les entreprises. Surtout aux plus petites.
« Je travaillais dans une TPE, qui rencontrait des difficultés à fidéliser ses collaborateurs et à recruter. Permettre aux salariés de s’investir dans un projet qui a du sens, qui prolonge les valeurs de l’entreprise en l’inscrivant dans une démarche RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) est un des leviers identifiés pour remédier à ces problèmes », se souvient Virginie Delepoulle. Encore faut-il que la société en ait les capacités financières et les moyens humains de le mettre en place. Loin d’être évident pour une petite structure. Alors est née l’idée de mutualiser les forces pour donner vie à des projets concrets.
Après une maturation de trois années, la jeune femme crée l’association Umane en janvier 2025, aux côtés de son mari et de deux autres bénévoles. Ils proposent à des TPE et PME d’investir dans des projets tangibles, que les quatre cofondateurs gèrent pour elles. De la faisabilité à l’administratif, en passant par le suivi technique, tout est régi par l’organisme à but non lucratif. « C’est d’autant plus important que le principal frein à la mise en place d’initiative RSE est le manque de temps à y consacrer », témoigne Virginie Delepoulle. Un projet clé en main, moyennant une participation financière au programme et une adhésion annuelle (150€).
Ensuite, chaque entreprise investit dans le projet de son choix : un rucher sur une parcelle située à Saint-Jean, mise à disposition par la Ville, qui accueillera des abeilles sauvages et domestiques, ou la végétalisation d’un terrain dans la même commune. Les deux propositions nécessitent la participation de 10 entreprises pour voir le jour, à raison de 50€ par an pour la première et 900€ pour la seconde (le prix sera moins important les années suivantes). « Nous avons d’ores et déjà des adhérents intéressés, mais il nous en manque », confie la présidente d’Umane, qui lance un appel à contributions. Car, pour être concrétisés en 2025, ces programmes devront être financés rapidement : « La ruche doit être installée à la fin des dernières gelées, soit en mai-juin, quand la plantation des arbres doit avoir lieu en automne », explique Virginie Delepoulle.
Une autre opération est en cours de construction, celle d’une oliveraie dans le Gers. Il s’agira de réhabiliter un pressoir pour exploiter les fruits des oliviers. De même, une nouvelle proposition, émanant d’une entreprise adhérente, viserait à customiser une ancienne ambulance en transport kid-friendly pour amener les enfants malades jusqu’à leur lieu de traitement à l’hôpital. Un projet pour l’instant en phase d’étude de faisabilité.
Des projets dont Virginie Delepoulle souhaite que les entreprises s’emparent pour concrétiser leurs valeurs et sensibiliser leurs collaborateurs. Donner du sens et s’engager via le milieu professionnel. Une démarche qu’elle-même a mise en pratique au cours de sa carrière. « J’ai porté un projet, unique en Europe, de développement de trackers pour suivre la migration d’espèces sauvages dans le monde entier en lien avec la communauté scientifique. A l’heure actuelle, plus de 700 animaux sont ainsi suivis », précise-t-elle.
Pour ses initiatives RSE, elle a été nommée “Femme inspirante – femme remarquable“ par Toulouse Métropole. « L’environnement professionnel dans lequel j’évolue est très masculin, et j’ai dû m’imposer en tant que femme. On m’a souvent prise pour une stagiaire, voire on ne m’adresse même pas la parole ! Mais il faut oser, ne pas succomber au syndrome de l’imposteur et montrer ses compétences afin que ces dernières soient la seule valeur de jugement, au-delà du genre », lance Virginie Delepoulle.
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